Nonahere transmettra son "mana" sur la scène de To'atā


Plus de 140 artistes évolueront sur la scène jeudi soir.
PAPEETE, le 10 juillet 2018 - Après 5 ans d'absence, la troupe de Matani Kainuku revient sur les planches de To'atā. Pour son grand retour, Nonahere racontera la légende de Tehohotauniua et Rūanu'u, qui raconte la naissance de la baie de Matavai.

Nonahere revient sur le devant de la scène avec plus de 140 artistes. Pour son grand retour, la troupe racontera la légende de Tehohotauniua et Rūanu'u, qui est à l'origine de l'existence de la baie de Matavai.

"C'est l'histoire d'une reine qui va avoir un compagnon, et comme il a une longue tête, eh bien, il est différent. Elle va donc le voir le soir, et elle ne parle à personne de sa différence. À un moment donné, les frères de la reine vont le voir et ils le menacent de dévoiler son identité à tout le monde. Enervé, Rūanu'u leur coupe la langue, causant ainsi la colère de Tehohotauniua. Elle va donc demander à son cochon sauvage de chasser Rūanu'u dans le tunnel qui mène à Hawaii. Entre-temps, Rūanu'u a tout mis en œuvre pour se faire beau, mais Tehohotauniua n'a pas vu la beauté intérieure de ce monsieur. Elle va le chasser, et elle va se rendre compte de son erreur, plus tard. Et c'est à partir de ce moment-là, qu'elle va pleurer. Voilà ce qui explique la baie de Matavai : Mata (yeux) vai (eau)", raconte Matani Kainuku, chef de Nonahere.

LE MANA DE NONAHERE

À travers cette légende, la troupe traite d'un sujet "qui nous tient à cœur". "C'est cette idée de mana. On n'a peut-être pas tout abordé dans le spectacle. Mais, il parle de certains éléments du mana essentiellement, c'est-à-dire le "topara'a i'oa", quand on a ce pouvoir de donner un nom à quelque chose. Quand on est "ari'i vahine", on inflige un pouvoir le "tapu" (interdiction) aussi. La grande tête par exemple, il faut savoir que nos héros étaient tous moches, mais ils avaient du pouvoir. Rūanu'u est une autre représentation du mana..."

Et pour représenter ce mana sur la scène jeudi soir, Matani s'est entouré de personnes qui aiment leur fenua avant tout. "Cette année, mes danseurs n'ont jamais fait le Heiva, pour la plupart. Le seul critère que j'ai dit aux gens est d'aimer leur fenua. Je ne cherche pas des minces, des canons ou des stars de la danse, pas du tout. Je cherche des gens qui sont prêts à travailler ensemble et qui aiment leur fenua. Je crois que lorsqu'on aime son fenua, on est prêt à tout. Après c'est une expérience gratuite et populaire."

COULEURS ET ACTEURS

Côté spectacle, la troupe présentera "trois grands tableaux" et les couleurs qui seront mises en valeur représenteront le mana. "Il y aura du rouge parce que c'est ce qui représente le pouvoir. Il y a notamment du marron, c'est la couleur de Rūanu'u qui est plutôt proche de la terre. Le "'ōrero" sera en blanc, c'est la couleur du messager. La couleur de la maman fa'a'amu de Rūanu'u qui arrive à le temporiser, sera la couleur de la sagesse, le jaune…", explique Matani Kainuku.

Pour les acteurs, "notre ra'atira est une fille, Mahilani Teuira, c'est elle qui va porter le groupe sur la scène. Notre "'ōrero", c'est Tamatoa, un jeune de Pirae qui aime sa langue… On a Denise, celle qui a joué le rôle de Nona, eh bien, là, elle représentera la maman fa'a'amu. Tehohotauniua sera jouée par Tevaite Rota, la professionnelle maquilleuse, et puis Rūanu'u sera joué par le responsable des garçons, Teremu Teuira. Les textes sont de Noël Faahu Vaki."

LES PARENTS N'ONT PAS ÉTÉ OUBLIÉS

La troupe a répété pendant six mois, une période durant laquelle les parents ont été associés. "C'est important", indique le chef de la troupe. "Ils s'y retrouvent et ils sont contents que leur enfant soit là. C'est une nouvelle histoire de famille avec de nouvelles personnes que je ne connaissais pas. Nous sommes ensemble toutes les semaines et nous vivons au même rythme. Les parents sont une des clés de la réussite de ce groupe."

Après 5 ans d'absence, Nonahere vous présentera son mana jeudi soir, sur la scène de To'atā.




LA PAROLE À

Matani Kainuku
Chef de la troupe Nonahere

"Saisissons notre mana qui fait notre propre identité"


"Le mana c'est quelque chose qui est omniprésent. C'est à nous de saisir l'opportunité, et pour le faire vivre, on a le pouvoir de parler, il faut saisir cette occasion de parler le reo tahiti. On a ce pouvoir de danser, il faut se saisir de cette occasion pour s'exprimer. Donc, ça, c'est le mana que nous avons. On a le pouvoir de vivre de notre culture, eh bien, il faut qu'on se saisisse de ça. N'attendons pas d'être à des milliers de kilomètres pour se dire, je vais retourner à Tahiti pour reprendre le mana de mon pays et repartir. Non, le mana n'est pas une carte de recharge, c'est quelque chose qui est là. Mais, c'est juste nous, qui nous posons trop de questions. Alors, mon message, c'est bien saisissons notre mana qui fait notre propre identité et vivons-le pleinement.
Côté spectacle, on sait que le jury va affiner d'avantage son regard sur la notation de toutes les danses, ça c'est une nouveauté, parce qu'on était sur des aspects très généraux auparavant. Donc aujourd'hui et avec les notations qu'on a donné pendant des années, c'est bien que le jury prenne en compte cela. Un exemple tout simple, une fiche de notation a été mise en place pour le pā'ō'ā et pour le hivināu. Il n'y en avait pas avant, et on attribuait un prix spécial. Donc, le prix spécial était plutôt à l'appréciation. Aujourd'hui, cette fiche de notation va mettre des favoris et l'ensemble du jury délibèrera. Ça permet d'affiner la sélection. L'année dernière, on a mis en place avec Steve Chailloux, la fiche pour le "'ōrero", il n'y en avait pas avant, c'était à l'appréciation du jury.
"


Pour une bonne cohésion dans le groupe, les parents ont été associés aux activités.

Rédigé par Corinne Tehetia le Mardi 10 Juillet 2018 à 16:31 | Lu 241 fois