Nodules et terres rares: La ruée vers les fonds marins du Pacifique


Rovdrill system by Nautilus INC ( simulation)
TORONTO, mardi 24 avril 2012 (Flash d’Océanie) – Les premiers nodules polymétalliques qui devraient être produits par la société canadienne Nautilus Inc au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée seront achetés par une société chinoise, qui vient de signer un contrat pour acheter 1,1 million de tonnes par an pendant une période initiale de trois ans, a annoncé lundi Nautilus depuis son siège de Toronto.
C’est la société chinoise Tongling Nonferrous Metals Group Co, spécialisée dans l’exploitation du cuivre, qui a franchi le pas, devenant ainsi la première société à s’engager pour l’achat des produits de cette exploitation sous-marine, dont Nautilus est considéré comme étant un pionnier.
Tongling procèdera ensuite au traitement dans ses installations, non loin du fleuve Yang-Tsé.
Le site d’exploitation, baptisé « Solwata 1 », est situé à une cinquantaine de kilomètres au large de l’île principale de Nouvelle-Guinée, dans la Mer de Bismarck.
La première livraison est prévue pour le dernier trimestre 2013.
La qualité des matières exploitée concerne notamment une teneur en cuivre, en or et en argent.
Le reste est prévu pour être vendu aux industries du bâtiment.
L’exploitation aura lieu dans les fonds marins de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans la Mer de Bismarck, tout près des côtes de l’île de Nouvelle-Bretagne (Nord-est de l’île principale de Nouvelle-Guinée) et de sa capitale Rabaul, où se trouvent aussi deux volcans en activité.
Ce projet baptisé « Solwara 1 » (« eau de mer » en pidgin mélanésien) couvre une superficie maritime relativement réduite (une petite soixantaine de kilomètres carrés), mais se situe à une profondeur extrême (mille six cent mètres).
Nautilus a ainsi annoncé son intention d’y trouver des gisements d’or et de cuivre « de haute qualité » et pour une quantité estimée par la société à « 2,2 millions de tonnes de minerai, y compris une ressource de 870.000 tonnes à des taux de 6,8 pour cent en cuivre et 4,8 pour cent en or ».
La société prévoit un début d’exploitation et de production, dans les conditions actuelles, à l’horizon mi-2013, avec une capacité optimale estimée à « 1,3 millions de tonnes par an pour 80.000 tonnes de cuivre et de 150 à 200.000 onces d’or ».
Le 11 février 2011, par ailleurs, Nautilus Minerals Inc. a annonçait la découverte d’un second gisement sous-marin haute teneur en cuivre, toujours dans la Mer de Bismarck.

Nautilus a aussi obtenu les droits d’exploration pour une surface totalisant quelque six cent mille kilomètres carrés, dans le Pacifique Sud-ouest (Papouasie-Nouvelle-Guinée, îles Salomon, Fidji, Vanuatu et Tonga).
Cette société a aussi scellé, fin juillet 2011, un accord pour prospecter des eaux (sur une superficie de 75.000 kilomètres carrés) situées plus à l’Est dans l’Océan Pacifique, dans la zone connue sous le nom de Clarion-Clipperton, entre les côtes mexicaines, Hawaii et la Polynésie.
Pour cette zone orientale du Pacifique, la société canadienne a formé une filiale, Tonga Offshore Mining Ltd (« TOML ») qui a signé un accord sur 15 ans avec l’Autorité Internationale des Fonds Marins (ISA, International Seabed Authority).
Les nodules situées dans les fonds de Clipperton sont réputées être riches en cuivre, en nickel, en manganèse et en cobalt, à des profondeurs de l’ordre de 4.500 à 6.000 mètres.
Carte de la zone à l’adresse suivante :
http://www.nautilusminerals.com/i/pdf/TOMLJuly2011.pdf

Pour l’exploration de cette même zone, une autre licence a été octroyée par l’ISA à Nauru, où une autre filiale a été formée, sous le nom de Nauru Ocean Resources Incorporation (NORI), pour des opérations de prospection (sur une superficie de 25.000 kilomètres carrés) qui devraient démarrer courant second semestre 2012.


La France aussi dans la course

Ces « terres rares » (qui entrent dans la composition de produits aussi variés que les téléphones portables, les éoliennes, les écrans de télévision plats ou encore les voitures hybrides) suscitent un intérêt de plus en plus vif de la part de plusieurs nations industrialisées de la planète.
Mi-2011, la France, par la voix de son Premier minstre François Fillon, annonçait son intention d’entamer la procédure en vue d’obtenir des permis d’exploitation des ressources minérales des fonds océaniques internationaux.
L’annonce avait été faite par M. Fillon à l’occasion d’un Comité interministériel de la mer décentralisé à Guérande (Loire-Atlantique).
D’autres pays, comme la Chine et la Russie, ont engagé les mêmes procédures, rappelait-il alors.
Dans le cadre de cette même démarche, et à la même occasion, M. Fillon avait aussi annoncé que dans le Pacifique Sud-ouest, les premières opérations de prospection se dérouleraient courant 2012 au large d’une des trois collectivités françaises de cet Océan : Wallis-et-Futuna.
Le gouvernement français estimait à l’époque à cinq millions d’euros le coût de cette campagne de prospection
« En matière de ressources marines, les espoirs sont grands, et les enjeux économiques considérables (…) La France, qui dispose du deuxième domaine maritime mondial (11 millions de kilomètres carrés), doit être un des acteurs majeurs de cette recherche », avait alors déclaré le chef de l’exécutif français.

À partir de la Polynésie française, des bâtiments de la marine nationale effectuent régulièrement, dans le cadre de missions de souveraineté et/ou de représentation régionale, des passages dans la zone de Clipperton.

Une conférence internationale consacrée à l’exploitation minière dans le Pacifique s’est tenue fin 2011, du 21 au 25 novembre, à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), sous l’égide de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et en partenariat notamment avec le Secrétariat général de la communauté du Pacifique (CPS).
En présence de spécialistes, scientifiques et chercheurs français métropolitains, océaniens (îles Cook, Tonga, Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Australie, Nouvelle-Zélande et Nouvelle-Calédonie), américains, ce colloque s’est entre autres thèmes penché sur les problématiques de gouvernance minière, d’enjeux, d’impacts et de perspectives pour cette exploitation minière terrestre, mais aussi désormais sous-marine dans le Pacifique.
Un des aspects abordés concernait l’élaboration d’un cadre juridique approprié et adapté à ce nouveau type d’exploitation.
La nécessité de mettre en place de nouvelles règlementation a aussi été évoquée, ces derniers mois, par la CPS et sa division dédiée aux sciences de la terre, la SOPAC.


La ruée vers les fonds marins du Pacifique

Les opérateurs miniers se multiplient ces dernières années pour participer à une nouvelle ruée vers des métaux plus précieux que jamais, comme l’or ou encore le cuivre, au fonds de l’Océan Pacifique.
Outre ses projets papous, la société Nautilus Minerals Inc a aussi engagé des projets plus récemment à Fidji, prenant ainsi plusieurs longueurs d’avance dans ce secteur à haut risque mais potentiellement très lucratif.
Outre cette société canadienne, plusieurs autres acteurs, asiatiques cette fois-ci, semblent aussi lancés dans cette course aux minerais extraits des fonds sous-marins : une société japonaise, Japan Oil Gas and Metals Corporation, a récemment annoncé une accélération de son programme de prospection, notamment dans les fonds situés dans le Pacifique Nord-ouest, non loin du territoire américain des Marianne du Nord.
Les métaux recherchés sont dits « rares », utilisés dans la fabrication d’objets électroniques de haute technologie.
Cet effort est appuyé par le gouvernement japonais, qui a réservé quelque 84 millions de dollars US dans son budget 2011 pour soutenir cette exploration stratégique.
Dans les pays voisins, la Chine ou encore la Corée du Sud, ces avancées sont suivies avec le plus grand intérêt, en particulier lorsque les fonds marins visés sont situés à proximité des limites des eaux territoriales du Japon avec ses voisins.
À Fidji, le gouvernement a entériné fin octobre 2010 un feu vert pour trois sociétés (dont Nautilus) qui ont reçu un permis d’activité en hauts fonds dans les eaux de cet archipel.
Les deux autres acteurs sont pour l’un sud-coréen (Korean Ocean Reasearch Development Institute, KORDI, qui a commencé ses travaux de prospection sous-marine le 20 avril 2012 avec son navire l’Onnuri) et pour l’autre australien (Blue Water Metal).

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Rédigé par PAD le Mardi 24 Avril 2012 à 05:09 | Lu 6333 fois