NOUMEA, 21 octobre 2011 (AFP) - Protestations et soupçons de "pressions politiques" se multiplient en Nouvelle-Calédonie après la décision du seul exploitant (bien exploitant) cinématographique de l'archipel de ne pas y mettre à l'affiche "L'Ordre et la Morale", film de Mathieu Kassovitz sur les événements d'Ouvéa.
"Les cinémas Hickson ont le monopole et je m'y attendais. Il y a eu des pressions politiques, bien évidemment", a déclaré à l'AFP Macky Wéa, un des acteurs du film, originaire d'Ouvéa, une des îles Loyauté, théâtre des événements sanglants de 1988 relatés par le cinéaste.
"On organisera des projections ailleurs, dans les mairies. Il y a déjà eu des projections avec des gens de bords différents et à 99%, le film a été perçu positivement", a-t-il ajouté.
Jeudi, le producteur Nord-Ouest Films et M. Kassovitz ont annoncé que "l'unique exploitant de salles de cinéma en Nouvelle-Calédonie ne souhaite plus à ce jour diffuser le film, estimant que celui-ci "attise les rancoeurs" et "affaiblit les forces du consensus".
Le film devait sortir en salles à Nouméa le 16 novembre, comme partout en France.
Justifiant son choix, Douglas Hickson, patron de Cinécity, a qualifié le film de "très caricatural, qui rouvre des plaies qui s'étaient cicatrisées".
"Nous sommes une entreprise de divertissement, alors que ce film est un film polémique. Nos salles ne sont pas le lieu approprié pour le présenter", a-t-il déclaré.
"L'Ordre et la Morale" relate les événements d'avril 1988 lorsque quatre gendarmes sont tués à la brigade de l'île d'Ouvéa et qu'une trentaine d'autres sont ensuite retenus en otages dans la grotte de Gossanah, par un commando d'indépendantistes kanaks.
Inspiré du livre "La Morale et l'action" de Philippe Legorjus, alors capitaine des gendarmes d'élite, le film retrace sa tentative de médiation avortée.
Juste avant le second tour de la présidentielle, l'assaut donné le 5 mai 1988 par l'armée fait deux morts chez les militaires et 19 parmi les Kanaks, dont cinq au moins sont décédés après l'assaut.
Ce drame avait provoqué un électrochoc en Nouvelle-Calédonie. Quelques semaines plus tard, le 26 juin 1988, Jacques Lafleur, leader de la droite anti-indépendantiste, et Jean-Marie Tjibaou, chef charismatique du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste), enterraient la hache de guerre et signaient les Accords de Matignon.
Ces épisodes avaient engendré des tensions au sein du mouvement indépendantiste. Un an plus tard, le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou et son lieutenant Yeweiné Yéweiné étaient assassinés à Ouvéa par un Kanak radical.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont dénoncé la "censure au pays du non-dit" ou "cette atteinte à la liberté d'expression", la qualifiant de "consternante", "scandaleuse", "atterrante" ou "dictatoriale".
Les avant-premières, qui devaient être organisées le 30 octobre au Centre culturel Tjibaou, sont reportées sine die.
"On était en train de faire les invitations, mais tout est arrêté pour le moment. Je crois qu'il y a eu des pressions", a déclaré à l'AFP un employé du Centre.
En proie à des divisions internes, le FLNKS n'a pas officiellement réagi vendredi.
"On souhaite que le film soit vu, même si c'est douloureux. Bien sûr, on peut craindre la réaction de jeunes, qui se sentent marginalisés, il faut expliquer", a déclaré à l'AFP un responsable de l'Union calédonienne (FLNKS).
En août 2010, "L'Ordre et la Morale" avait déjà soulevé la polémique. Le député UMP Pierre Frogier avait écrit au président de Polynésie française, où le film a été tourné, pour protester contre l'aide financière octroyée au projet par la collectivité.
"Les cinémas Hickson ont le monopole et je m'y attendais. Il y a eu des pressions politiques, bien évidemment", a déclaré à l'AFP Macky Wéa, un des acteurs du film, originaire d'Ouvéa, une des îles Loyauté, théâtre des événements sanglants de 1988 relatés par le cinéaste.
"On organisera des projections ailleurs, dans les mairies. Il y a déjà eu des projections avec des gens de bords différents et à 99%, le film a été perçu positivement", a-t-il ajouté.
Jeudi, le producteur Nord-Ouest Films et M. Kassovitz ont annoncé que "l'unique exploitant de salles de cinéma en Nouvelle-Calédonie ne souhaite plus à ce jour diffuser le film, estimant que celui-ci "attise les rancoeurs" et "affaiblit les forces du consensus".
Le film devait sortir en salles à Nouméa le 16 novembre, comme partout en France.
Justifiant son choix, Douglas Hickson, patron de Cinécity, a qualifié le film de "très caricatural, qui rouvre des plaies qui s'étaient cicatrisées".
"Nous sommes une entreprise de divertissement, alors que ce film est un film polémique. Nos salles ne sont pas le lieu approprié pour le présenter", a-t-il déclaré.
"L'Ordre et la Morale" relate les événements d'avril 1988 lorsque quatre gendarmes sont tués à la brigade de l'île d'Ouvéa et qu'une trentaine d'autres sont ensuite retenus en otages dans la grotte de Gossanah, par un commando d'indépendantistes kanaks.
Inspiré du livre "La Morale et l'action" de Philippe Legorjus, alors capitaine des gendarmes d'élite, le film retrace sa tentative de médiation avortée.
Juste avant le second tour de la présidentielle, l'assaut donné le 5 mai 1988 par l'armée fait deux morts chez les militaires et 19 parmi les Kanaks, dont cinq au moins sont décédés après l'assaut.
Ce drame avait provoqué un électrochoc en Nouvelle-Calédonie. Quelques semaines plus tard, le 26 juin 1988, Jacques Lafleur, leader de la droite anti-indépendantiste, et Jean-Marie Tjibaou, chef charismatique du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste), enterraient la hache de guerre et signaient les Accords de Matignon.
Ces épisodes avaient engendré des tensions au sein du mouvement indépendantiste. Un an plus tard, le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou et son lieutenant Yeweiné Yéweiné étaient assassinés à Ouvéa par un Kanak radical.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont dénoncé la "censure au pays du non-dit" ou "cette atteinte à la liberté d'expression", la qualifiant de "consternante", "scandaleuse", "atterrante" ou "dictatoriale".
Les avant-premières, qui devaient être organisées le 30 octobre au Centre culturel Tjibaou, sont reportées sine die.
"On était en train de faire les invitations, mais tout est arrêté pour le moment. Je crois qu'il y a eu des pressions", a déclaré à l'AFP un employé du Centre.
En proie à des divisions internes, le FLNKS n'a pas officiellement réagi vendredi.
"On souhaite que le film soit vu, même si c'est douloureux. Bien sûr, on peut craindre la réaction de jeunes, qui se sentent marginalisés, il faut expliquer", a déclaré à l'AFP un responsable de l'Union calédonienne (FLNKS).
En août 2010, "L'Ordre et la Morale" avait déjà soulevé la polémique. Le député UMP Pierre Frogier avait écrit au président de Polynésie française, où le film a été tourné, pour protester contre l'aide financière octroyée au projet par la collectivité.