Crédit photo : FB Niucar.
Tahiti, le 14 septembre 2023 – Déjà lors de son lancement en mars dernier, l'application NiuCar (à l'époque Ucar) était qualifiée d'illégale par la Direction des transports terrestres. Six mois après, la plateforme fonctionne toujours et une requête de référé a été déposée par la Coordination des syndicats des taxis de Tahiti et de Moorea (CSTTM) auprès du tribunal civil de Papeete tandis que le Pays a saisi le procureur de la République. Jessy Salmon, le fondateur de NiuCar, continue quant à lui à affirmer que son application fonctionne sur un “principe de covoiturage” tout en déplorant qu'aucune réforme quant à l'ouverture de l'activité de transport routier particulier de personnes ne soit dans les tuyaux, alors que dans le monde entier, des chauffeurs VTC comme ceux d'Uber coexistent avec les taxis.
“La règlementation n'a pas changé. De ce fait, NiuCar est toujours dans une situation illégale”, a affirmé à Tahiti Infos le directeur des transports terrestres, Lucien Pommiez. En effet, depuis son lancement en mars dernier, l'application NiuCar (nommée Ucar jusqu'en juin dernier avant de changer de nom) se trouve au cœur d'une polémique. Proclamée à ses débuts comme le “Uber polynésien”, elle propose à ses clients des services de covoiturage par des particuliers, qui sont assimilés par la direction des transports terrestres (DTT) comme une prestation de chauffeur VTC. Une prestation qui, en Polynésie, ne peut être assurée uniquement qu'en possession d'une licence de taxi en bonne et due forme.
Depuis la date de son lancement, l'application fonctionne avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. En effet, les chauffeurs de taxi, irrités par cette initiative et y voyant une concurrence déloyale directe vis-à-vis de leur activité, ont décidé de monter au créneau en déposant, il y a quelques semaines, via la Coordination des syndicats des taxis de Tahiti et de Moorea (CSTTM), un référé auprès du tribunal civil de Papeete, afin que des mesures, certes provisoires, soient prises à l'encontre de NiuCar. Contacté par Tahiti Infos, le président de la CSTTM n'a pas souhaité faire de commentaires supplémentaires sur l'affaire, si ce n'est réitérer son “opposition” aux services déployés par NiuCar. Par ailleurs, la Polynésie a, elle, saisi le procureur de la République. “On leur a toujours rappelé que ce n'était pas autorisé. Mais ils ont tout de même souhaité faire un holdup en lançant l'application sans les autorisations. Alors, la Polynésie leur a envoyé une mise en demeure pour leur demander de cesser leur activité. Ce qu'ils n'ont toujours pas fait”, nous explique Lucien Pommiez. En attendant, la plateforme fonctionne parfaitement et a enregistré, depuis sa mise en ligne, pas moins de 8 000 téléchargements. Aucune information sur le nombre de conducteurs inscrits n'a par contre été dévoilée.
Covoiturage ou pas covoiturage
Mais s’agit-il vraiment de covoiturage ? C'est là toute la question. “Le covoiturage, c'est une prestation qui ne va pas permettre au conducteur de gagner de l'argent, il partage simplement ses frais avec un ou plusieurs passagers. Là, il est clairement annoncé que le conducteur va gagner de l'argent. Quand bien même il (Jessy Salmon, le fondateur de NiuCar, NDLR) se réfugie là-dessous, ça ne répond pas du tout aux critères qu'on estime être du covoiturage. Il détourne ces éléments de langage.” De son côté, Jessy Salmon, assure que son application est parfaitement légale. “Ce sont des conducteurs et pas des chauffeurs, qui quand ils vont quelque part, passent simplement prendre une autre personne sur la route”, dit-il.
Pourtant, malgré les actuelles discordances, lorsque Jessy Salmon avait imaginé NiuCar, les premières discussions avec la DTT étaient pour le moins prometteuses. NiuCar souhaitant au départ partager son activité avec les chauffeurs de taxi, une application avec deux catégories, taxis et particuliers, avait alors été présentée. En effet, dans un compte rendu de réunion datant du 14 septembre 2022, la DTT se disait “favorable à accueillir et soutenir ce type de projet” tout en soulignant déjà “l'illégalité” de la “mise en relation de clients avec des chauffeurs privés”. Pour Jessy Salmon, c'est l'inactivité de l'organisme à la suite de cet entretien, qui a abouti aux conflits avec les taxis et qui l'a forcé à sortir son application sans autorisation et sans accord avec la CSTTM. “Je ne suis pas schizophrène, je ne vais pas homologuer la partie taxi de NiuCar pour ensuite fermer les yeux sur l'autre partie en état d'irrégularité. C'est pour ça que je n'ai pas donné suite. De plus, il y avait une vraie dissonance entre son discours auprès de nous et du grand public, où il promettait sur les réseaux un travail pour n'importe qui”, se défend, quant à lui, Lucien Pommiez.
Quoi qu'il en soit, c'est désormais à la justice de trancher quant au sort de ce “Uber polynésien”, qui pourrait, s'il vient à être autorisé, apporter de la concurrence dans un milieu du transport de particuliers bien fermé. “Cette bataille a été menée partout dans le monde. Et Uber est, malgré tout, présent dans le monde entier. Pourquoi pas ici”, a également souhaité rappeler Jessy Salmon, bien conscient que taxis et VTC particuliers peuvent cohabiter.
“La règlementation n'a pas changé. De ce fait, NiuCar est toujours dans une situation illégale”, a affirmé à Tahiti Infos le directeur des transports terrestres, Lucien Pommiez. En effet, depuis son lancement en mars dernier, l'application NiuCar (nommée Ucar jusqu'en juin dernier avant de changer de nom) se trouve au cœur d'une polémique. Proclamée à ses débuts comme le “Uber polynésien”, elle propose à ses clients des services de covoiturage par des particuliers, qui sont assimilés par la direction des transports terrestres (DTT) comme une prestation de chauffeur VTC. Une prestation qui, en Polynésie, ne peut être assurée uniquement qu'en possession d'une licence de taxi en bonne et due forme.
Depuis la date de son lancement, l'application fonctionne avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. En effet, les chauffeurs de taxi, irrités par cette initiative et y voyant une concurrence déloyale directe vis-à-vis de leur activité, ont décidé de monter au créneau en déposant, il y a quelques semaines, via la Coordination des syndicats des taxis de Tahiti et de Moorea (CSTTM), un référé auprès du tribunal civil de Papeete, afin que des mesures, certes provisoires, soient prises à l'encontre de NiuCar. Contacté par Tahiti Infos, le président de la CSTTM n'a pas souhaité faire de commentaires supplémentaires sur l'affaire, si ce n'est réitérer son “opposition” aux services déployés par NiuCar. Par ailleurs, la Polynésie a, elle, saisi le procureur de la République. “On leur a toujours rappelé que ce n'était pas autorisé. Mais ils ont tout de même souhaité faire un holdup en lançant l'application sans les autorisations. Alors, la Polynésie leur a envoyé une mise en demeure pour leur demander de cesser leur activité. Ce qu'ils n'ont toujours pas fait”, nous explique Lucien Pommiez. En attendant, la plateforme fonctionne parfaitement et a enregistré, depuis sa mise en ligne, pas moins de 8 000 téléchargements. Aucune information sur le nombre de conducteurs inscrits n'a par contre été dévoilée.
Covoiturage ou pas covoiturage
Mais s’agit-il vraiment de covoiturage ? C'est là toute la question. “Le covoiturage, c'est une prestation qui ne va pas permettre au conducteur de gagner de l'argent, il partage simplement ses frais avec un ou plusieurs passagers. Là, il est clairement annoncé que le conducteur va gagner de l'argent. Quand bien même il (Jessy Salmon, le fondateur de NiuCar, NDLR) se réfugie là-dessous, ça ne répond pas du tout aux critères qu'on estime être du covoiturage. Il détourne ces éléments de langage.” De son côté, Jessy Salmon, assure que son application est parfaitement légale. “Ce sont des conducteurs et pas des chauffeurs, qui quand ils vont quelque part, passent simplement prendre une autre personne sur la route”, dit-il.
Pourtant, malgré les actuelles discordances, lorsque Jessy Salmon avait imaginé NiuCar, les premières discussions avec la DTT étaient pour le moins prometteuses. NiuCar souhaitant au départ partager son activité avec les chauffeurs de taxi, une application avec deux catégories, taxis et particuliers, avait alors été présentée. En effet, dans un compte rendu de réunion datant du 14 septembre 2022, la DTT se disait “favorable à accueillir et soutenir ce type de projet” tout en soulignant déjà “l'illégalité” de la “mise en relation de clients avec des chauffeurs privés”. Pour Jessy Salmon, c'est l'inactivité de l'organisme à la suite de cet entretien, qui a abouti aux conflits avec les taxis et qui l'a forcé à sortir son application sans autorisation et sans accord avec la CSTTM. “Je ne suis pas schizophrène, je ne vais pas homologuer la partie taxi de NiuCar pour ensuite fermer les yeux sur l'autre partie en état d'irrégularité. C'est pour ça que je n'ai pas donné suite. De plus, il y avait une vraie dissonance entre son discours auprès de nous et du grand public, où il promettait sur les réseaux un travail pour n'importe qui”, se défend, quant à lui, Lucien Pommiez.
Quoi qu'il en soit, c'est désormais à la justice de trancher quant au sort de ce “Uber polynésien”, qui pourrait, s'il vient à être autorisé, apporter de la concurrence dans un milieu du transport de particuliers bien fermé. “Cette bataille a été menée partout dans le monde. Et Uber est, malgré tout, présent dans le monde entier. Pourquoi pas ici”, a également souhaité rappeler Jessy Salmon, bien conscient que taxis et VTC particuliers peuvent cohabiter.
Les taxis, un monopole réglementaire
Crédit photo : Archive TI.
Si aucune étude n'a été effectuée sur ce sujet, il n'est pas cavalier d'assurer que les taxis possèdent un monopole règlementaire sur les transports routiers particuliers de personnes (de moins de dix places assises). En effet, le texte de loi du 13 janvier 2000 stipule que cette activité ne peut être “réalisée qu'au moyen de véhicules de taxi, de véhicules de remise ou de véhicules multi-transports” et que l'autorisation délivrée aux exploitants ne peut être attribuée que “par le président de la Polynésie française”. Un monopole, institué par la loi en vigueur, qui ne laisse pas le choix aux consommateurs. D'autant plus que la semaine passée, les tarifs, déjà élevés des taxis, ont augmenté, pour atteindre 160 francs le kilomètre de jour et 260 francs la nuit, auxquels s'ajoutent fréquemment des frais supplémentaires pour des courses en hauteur ou des bagages “trop lourds”. C'est donc ce monopole, que Jessy Salmon souhaite, à demi-mot, voir s'effondrer. “Si pour l'instant, mon activité se concentre sur le covoiturage, il serait opportun pour les consommateurs d'ouvrir l'accès à l'activité de chauffeur VTC. Il faut des précurseurs pour ouvrir la voie, comme Vodaphonr, Viti ou encore Air Moana. Sinon rien ne va avancer et on va stagner. Je ne suis qu'un humble suiveur inspiré par leurs combats (...) Déjà que la Polynésie a 20 ans de retard en matière de transport...”
Une semaine pour discuter mobilité
Du 16 au 22 septembre prochain, une semaine de la mobilité va être organisée au fenua dans le cadre d'un événement européen sur la mobilité. Pendant ces sept jours, des potentielles solutions contre la congestion routière et pour l'amélioration des transports publics seront au cœur des discussions. “C'est un événement qu'on organise chaque année. Pour cette édition, on fait un focus sur le covoiturage, le vrai (en allusion à NiuCar, NDLR). Il y aura également un appel à projets pour trouver des éléments de solutions concernant le covoiturage. Comme une application mobile, mais qui respecte le cadre légal. Chaque jour pendant cette période, il y aura des quiz et des jeux concours pour faire participer les gens”, explique le directeur des transports terrestres, Lucien Pommiez.
NiuCar salué par le Tavini en mars dernier
L’initiative NiuCar a été saluée par le Tavini avant les élections. En effet, sur sa page Facebook officielle, le parti indépendantiste avait déclaré : “Ucar (l'ancien nom de NiuCar, NDLR), c'est la nouvelle plateforme mise en place pour faciliter la vie de ceux qui souhaitent se déplacer d'un point A à un point B dans un pays où les transports en commun sont défaillants.” Toujours d'après ses écrits, le Tavini affirmait que les dirigeants de l'époque n'anticipaient pas les évolutions de la société en se projetant sur le long terme et qu'au contraire, ils s'appuyaient sur “une administration qui tourne à plein régime, en attachant à tropicaliser des dispositions légales prises de l'autre côté de la planète”.