Nicole Sanquer critique la gestion de l'Education de son prédécesseur


A gauche, Michel Leboucher ancien ministre de l'Education; à droite Nicole Sanquer qui a en charge désormais ce portefeuille.
PAPEETE, le 16 octobre 2014. Drôle d'ambiance au sein de l'hémicycle territorial où s'est ouverte ce jeudi matin la 3e séance plénière de la session budgétaire. A l'ouverture des débats, la question orale du représentant Tahoeraa, Michel Leboucher à la ministre de l'Education Nicole Sanquer a été l'occasion d'un véritable bras de fer entre les ex et nouveau ministre de ce portefeuille de l'Education polynésienne. Le tout accompagné de murmures d'approbation ou de désapprobation venant des rangs de la majorité Tahoeraa ou d'applaudissements, alors que les débats à l'assemblée polynésienne étaient jusqu'à présent très policés et en tout cas, sans manifestation particulière en provenance des 38 sièges de la majorité orange.
Dans sa question orale, Michel Leboucher interrogeait celle qui lui a succédé, des éventuels résultats concrets après sa série d'entretiens à Paris la semaine dernière, rappelant que les problématiques abordées avaient été initiées par lui-même durant les 15 mois où il était ministre de l'Education. Michel Leboucher a interrogé Nicole Sanquer sur le dispositif d'éducation prioritaire Rep + et sur les moyens financiers que l'Etat allait s'engager à mettre pour la construction des nouveaux établissements scolaires prévus.

Prenant la parole, Nicole Sanquer rappelait en introduction mener une politique de l'Education qui s'inscrit "dans la continuité et en cohésion avec notre majorité". Mais la ministre envoyait dans la foulée deux scuds virulents sur l'ancien ministre le prenant à défaut sur la politique qu'il a menée durant les 15 mois de son ministère. Concernant la construction des établissements scolaires : à savoir les collèges de Bora-Bora, de Teva i Uta et le lycée de Moorea, elle rappelait ainsi que le Pays ayant décidé de s'engager dans la construction de ces établissements sur fonds propres, ne pouvait plus demander désormais l'accompagnement financier de l'Etat. Pire, elle indiquait "qu'aucune demande de financement n'a été formulée par nos services auprès du ministère" pendant que Michel Leboucher avait en charge ce portefeuille. Depuis 2011 effectivement, l'Etat n'a plus reçu de demande de financement pour la construction d'établissements scolaires du second degré en Polynésie française. Il a néanmoins participé au paiement des études pour les collèges de Bora Bora (54,5 millions de Fcfp) puis de Teva i Uta (95,2 millions de Fcfp).

Quant au dispositif Rep+ "initié l'an dernier par vous-même" d'abord sur la commune de Faa'a et qui devait s'étendre à 11 autres communes, Nicole Sanquer indiquait que dans un arrêté ministériel français en date du 24 août dernier listant les écoles et collèges éligibles à ce dispositif, "la Polynésie française n'y figurait pas". Elle poursuivait : "le dossier de la Polynésie française n'a pas été validé par Paris". En clair, le dispositif Rep + qu'envisageait Michel Leboucher pour la Polynésie française a été rejeté par le ministère de l'Education nationale. Ses prétentions étaient trop importantes et concentraient près de 10% de l'enveloppe nationale de ce dispositif doté de 80 millions d'euros (9,5 milliards de Fcfp). De plus, l'arbitrage national n'a pas été favorable car le dispositif Rep + programmé par l'ancien ministre polynésien n'intégrait pas suffisamment d'accompagnement pédagogique envers ces publics en difficulté. Aussi, Nicole Sanquer a-t-elle défini une nouvelle proposition, pour la création de trois nouveaux secteurs Rep + "Faa'a, Papara et l'ensemble des Tuamotu". Selon la ministre de l'Education polynésienne le coût de ce déploiement "représenterait une charge pour l'Etat de plus de 480 millions de Fcfp"

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 16 Octobre 2014 à 10:26 | Lu 3517 fois