Ni condoms, ni smartphones dans les écoles catholiques papoues


PORT-MORESBY, mercredi 16 mai 2012 (Flash d’Océanie) – Les établissements d’enseignement catholique de Papouasie-Nouvelle-Guinée se sont positionnés ces derniers jours fermement contre la distribution gratuite de préservatifs (préconisée par le ministère de l’éducation), mais aussi en tout aussi ferme opposition à l’utilisation des téléphones mobiles pendant les heures de cours.
Selon les dernières consignes données par le ministère de l’éducation, la distribution gratuite de préservatifs dans les établissements scolaires du pays avait pour but de faciliter l’accès des préservatifs à la fois aux élèves et aux enseignants, dans un mouvement de prévention des infections sexuellement transmissibles et en particulier du VIH-SIDA, qui touche plus d’une soixantaine de milliers de personnes dans ce pays.
Motif invoqué par l’archevêque Francesco Panfilo, cité mardi par le quotidien The National : les établissements d’enseignement de l’église catholique ne peuvent pas être forcés de suivre des instructions qui sont en opposition avec la philosophie d’enseignement » de cette église.
L’archevêque a aussi rappelé les positions vaticanes, qui considèrent que la distribution gratuite de préservatifs est une sorte de feu vert, voire d’encouragement à des comportements sexuels « de promiscuité » et « hors mariage ».

Le collège « no phone »

Dans le domaine des nouvelles technologies, la position catholique papoue est là aussi ferme : les téléphones mobiles, de plus en plus sophistiqués et répandus chez les élèves, sont interdits pendant les heures de cours.
En fin de semaine dernière, cette position s’est matérialisée par une sanction exemplaire frappant les 750 élèves (dont 700 pensionnaires) du collège pour jeunes filles de Notre-Dame (dirigé par les sœurs), dans la province des Hauts-Plateaux de l’Ouest.
L’interdiction édictée vaut aussi bien pendant qu’après les heures de cours.
Elle concerne tout aussi bien les simples téléphones mobiles que leur version évoluée comprenant lecteurs mp3, appareils photos et caméras vidéo, ou encore les ordinateurs portables, rapporte le quotidien Post Courier.
Sœur Mary Vivette, proviseure, expliquant ces mesures radicales, a insisté que ces appareils étaient avant tout une « source de distraction » qui « perturbe » les études des jeunes collégiennes.
En matière d’application, difficile, de cette interdiction, l’établissement a opté pour une mise sous clé des appareils pour tout élève ayant pénétré dans l’enceinte du collège, mais consent une restitution temporaire, « au besoin » et « au cas par cas ».
Après quoi, l’appareil doit regagner le placard cadenassé.
Autre recours mis à disposition par le collège : un unique téléphone public payant.
Les collégiennes auraient dans un premier temps fait mine d’obtempérer, mais se seraient depuis indigné que certains de ces précieux objets aient été soit « perdus », soit « abîmés », soit « détruits » par l’administration.
Depuis aussi, de multiples apparitions d’appareils « impies » dans l’enceinte de l’établissement laissent à penser que de nombreuses jeunes filles ont décidé d’« oublier » de déclarer leurs appareils, qui ont ainsi gagné le statut d’objets clandestins.
À la suite d’un premier « coup de filet mené par l’administration dans les dortoirs, plus de cent cinquante appareils clandestins ont ces derniers jours.
Les propriétaires rebelles ont été suspendues, pour l’exemple, et une vingtaine de téléphones mobiles saisis publiquement détruite.
Ces mesures ont provoqué de vives réactions de la part des associations de parents d’élèves.
À l’issue d’une rencontre parents-collège, les jeunes filles ont depuis été réintégrées.

La 3G bouleverse les comportements scolaires

Le développement vertigineux, ces dernières années, de la pénétration de la téléphonie mobile dans le Pacifique et des technologies à haut débit de type 3G commencent à avoir des effets sur l’enseignement public : dans deux pays mélanésiens, Fidji et les îles Salomon, les autorités éducatives, confrontés à ce problème, s’interrogent aussi sur les mesures appropriées afin de réglementer, voire de bannir ces appareils des salles de classe.
Le problème, estiment les enseignants des îles Salomon, pourrait encore s’aggraver très rapidement dans l’enceinte des établissements avec la toute récente arrivée de la 3G, qui offre de nouvelles opportunités de distraction en mode mobile : deux des opérateurs présents sur le marché viennent en effet d’introduire la technologie 3G, qui permet d’accélérer encore la vitesse de transmission de données via un téléphone mobile, permettant ainsi de visionner en ligne des vidéos ou des films, ou encore d’accéder à des réseaux sociaux ou consulter sa boîte de messagerie courriel.
Filipe Bole, ministre fidjien de l’éducation, dès mi-2011, était on ne peut plus clair début mars 2011 en rappelant le principe de sanctuarisation des salles de classe qui implique que tout objet potentiellement distrayant soit laissé à la porte.
En vert de ce principe, les contrevenants se verront systématiquement confisquer leur précieux portable.
« Notre politique d’interdiction de l’usage des téléphones mobiles pendant les heures de cours est toujours en vigueur. Elle a pour objet d’apprendre à nos élèves que l’école est avant un lieu d’apprentissage et non pas un lieu pour passer son temps soit à parler au téléphone, soit à écouter de la musique. Et il est reconnu que les téléphones mobiles sont une source de distraction pendant les heures de cours, ce qui a aussi pour effet d’irriter les enseignants », soulignait-il tout en demandant aussi au passage au parents de faire preuve d’un peu plus d’autorité en apprenant à leurs enfants le « bon » usage de ces appareils.
Aux îles Salomon, les enseignants, tout aussi excédés que leurs collègues fidjiens par la prolifération des téléphones dans les salles de cours, ont demandé fin avril 2011au gouvernement de faire preuve de fermeté et de légiférer pour rendre illégale l’utilisation de ces appareils dans les salles de classe.
Le phénomène est le plus aigu dans les établissements de la capitale Honiara, estiment les enseignants, qui parlent de « problème majeur ».
« Nous respectons la liberté de chaque élève, qui a donc le droit de posséder un téléphone mobile, nous respectons aussi leur vie privée. Mais quand ils commencent à abuser de la situation pendant les heures de cours en bavardant ou en écoutant de la musique, alors là, ça devient un problème », déclarait un enseignant de la capitale.
Heath Oti, proviseur du collège de Burns Creek, avait tenté de prendre les devants en avril 2011 en confisquant les appareils de plusieurs élèves.
Mais il a été très rapidement critiqué à la fois par les élèves et par leurs parents, qui ont jugé cette mesure abusive.
Le milieu enseignant salomonais mentionnait alors très clairement l’exemple fidjien, qui s’appuie sur un amendement des textes existants, comme une source d’inspiration ayant valeur d’exemple.
Une grande majorité des téléphones mobiles, dans cette région, sans pouvoir pour autant être qualifiés de « Smartphones », combinent néanmoins des fonctionnalités comme la réception de radios FM, la lecture de fichiers MP3, ou encore la prise de vue photos et vidéo.

pad

Rédigé par PAD le Mardi 15 Mai 2012 à 22:49 | Lu 780 fois