L'OPH gère actuellement à Tahiti un total de 2680 logements : les deux tiers sont des logements du "parc ancien", construit avant 2000, avec des loyers fixes de 18 310 Fcfp quelle que soit la superficie et les ressources de l'occupant.
PUNAAUIA, le 9 novembre 2015. Les premières Assises de l'habitat des Outre-mer se tiennent depuis ce lundi et jusqu'à mercredi soir inclus au lycée hôtelier de Punaauia. L'occasion d'échanger les expériences en la matière des différents territoires ultramarins. Et, pour la Polynésie, de convaincre l'Etat de mettre en place ici de nouveaux outils pour que la production de logements suive un peu mieux la demande.
Avec environ 30 000 logements à construire au cours des 20 prochaines années en Polynésie française, le Pays est face à un défi. Année après année, les dossiers de demande de logements sociaux de l'OPH atteignent aujourd'hui près de 6000 familles non satisfaites. Dans le même temps, l'Office polynésien de l'habitat ne produit qu'une dizaine ou au mieux quelques dizaines de logements neufs chaque année : le gouffre se creuse. Au point que, depuis des décennies dans la zone urbaine de Tahiti, des familles s'entassent dans des constructions d'habitat insalubre. Le ministre du logement le reconnaît lui-même : "les logements du secteur RHI (résorption de l'habitat insalubre) sont surpeuplés". Avec des conditions de vie particulièrement difficiles pour ce début du 21e siècle. "Dans ces poches de pauvreté" comme les nomme un chargé de mission de l'ISPF : un quart des habitants n'a pas accès à l'eau courante et à l'électricité. Comment cela est possible ? C'est tout simple : en Polynésie française 40% des constructions ont été édifiées sans permis de construire…
Dans les logements sociaux de l'OPH ce n'est pas mieux. On a tous en mémoire les dernières visites des dernières résidences sorties de terre : appartements flambant neufs avec aire de jeux pour les enfants et tout le nécessaire. Mais ces programmes neufs cachent mal la misère des vieux bâtiments de l'OPH qui traînent leurs 30 ans d'âge. "Le parc ancien de l'OPH est dans un état de délabrement tel que nous ne pouvons pas laisser la population louer ces logements encore longtemps. Il y a urgence à réhabiliter" énonce Tearii Alpha devant le parterre d'officiels et d'invités à ces premières Assises de l'habitat. Il en va de même a priori dans les 1000 logements vacants de Papeete dont les conditions actuelles ne sont pas compatibles avec leur mise en location.
PAS D'EQUITE SOCIALE
Pas question de se voiler la face. D'autant que le traitement équitable en matière de logement est un leurre total en Polynésie française. Même, les locataires de l'OPH ne sont pas tous logés à la même enseigne. Dans le parc ancien, on y pratique des loyers bloqués à 18 000 Fcfp par mois, certes pour habiter des logements parfois décrépis. Mais dans les programmes plus récents, il y a l'obligation pour l'opérateur de pratiquer des loyers d'équilibre. Conséquence : l'OPH gère aujourd'hui 1300 logements à "loyer moyen" (environ 50 000 Fcfp/mois) et même un parc "privé" de 700 logements à 80 000 Fcfp de loyer mensuels ! A Papeete le loyer mensuel moyen dans le parc immobilier de l'OPH est à 25 000 Fcfp quand il est à 48 000 Fcfp à Punaauia… Cherchez l'erreur. Certains résidents des nouvelles résidences de l'Office polynésien de l'habitat estiment même qu'ils se sont fait avoir en quittant leurs squatts pour des appartements tout neufs mais dont ils ont du mal à acquitter le loyer.
Ce sont toutes ces problématiques qui ont nourri, ces derniers mois, la réflexion du ministre du logement polynésien et de ses conseillers. Tearii Alpha espère désormais arriver à présenter un plan de l'habitat en Polynésie, car il n'est plus seulement question de constructions de logements mais d'une prise en compte plus large, allant jusqu'à chercher la mixité sociale des quartiers et leur lien avec la commune dans lesquels ils sont implantés. "Il faut prendre à bras-le-corps notre politique du logement qui a été abandonnée pratiquement pendant quelques années, il suffit pour cela de voir les chiffres des logements qui ont été construits : nous sommes tombés très bas. Or, le facteur logement est important pour la stabilité de nos familles. On l'oublie trop souvent, certains de ces logements sont loin de la dignité exigée. Dans le budget 2016 nous avons prévu de mettre 7 à 8 milliards de Fcfp si c'est possible pour la construction de logements, même en dehors du Contrat de projets avec l'Etat, pour de l'aide à l'habitat et la construction de fare MTR" annonçait hier le président Edouard Fritch.
Avec environ 30 000 logements à construire au cours des 20 prochaines années en Polynésie française, le Pays est face à un défi. Année après année, les dossiers de demande de logements sociaux de l'OPH atteignent aujourd'hui près de 6000 familles non satisfaites. Dans le même temps, l'Office polynésien de l'habitat ne produit qu'une dizaine ou au mieux quelques dizaines de logements neufs chaque année : le gouffre se creuse. Au point que, depuis des décennies dans la zone urbaine de Tahiti, des familles s'entassent dans des constructions d'habitat insalubre. Le ministre du logement le reconnaît lui-même : "les logements du secteur RHI (résorption de l'habitat insalubre) sont surpeuplés". Avec des conditions de vie particulièrement difficiles pour ce début du 21e siècle. "Dans ces poches de pauvreté" comme les nomme un chargé de mission de l'ISPF : un quart des habitants n'a pas accès à l'eau courante et à l'électricité. Comment cela est possible ? C'est tout simple : en Polynésie française 40% des constructions ont été édifiées sans permis de construire…
Dans les logements sociaux de l'OPH ce n'est pas mieux. On a tous en mémoire les dernières visites des dernières résidences sorties de terre : appartements flambant neufs avec aire de jeux pour les enfants et tout le nécessaire. Mais ces programmes neufs cachent mal la misère des vieux bâtiments de l'OPH qui traînent leurs 30 ans d'âge. "Le parc ancien de l'OPH est dans un état de délabrement tel que nous ne pouvons pas laisser la population louer ces logements encore longtemps. Il y a urgence à réhabiliter" énonce Tearii Alpha devant le parterre d'officiels et d'invités à ces premières Assises de l'habitat. Il en va de même a priori dans les 1000 logements vacants de Papeete dont les conditions actuelles ne sont pas compatibles avec leur mise en location.
PAS D'EQUITE SOCIALE
Pas question de se voiler la face. D'autant que le traitement équitable en matière de logement est un leurre total en Polynésie française. Même, les locataires de l'OPH ne sont pas tous logés à la même enseigne. Dans le parc ancien, on y pratique des loyers bloqués à 18 000 Fcfp par mois, certes pour habiter des logements parfois décrépis. Mais dans les programmes plus récents, il y a l'obligation pour l'opérateur de pratiquer des loyers d'équilibre. Conséquence : l'OPH gère aujourd'hui 1300 logements à "loyer moyen" (environ 50 000 Fcfp/mois) et même un parc "privé" de 700 logements à 80 000 Fcfp de loyer mensuels ! A Papeete le loyer mensuel moyen dans le parc immobilier de l'OPH est à 25 000 Fcfp quand il est à 48 000 Fcfp à Punaauia… Cherchez l'erreur. Certains résidents des nouvelles résidences de l'Office polynésien de l'habitat estiment même qu'ils se sont fait avoir en quittant leurs squatts pour des appartements tout neufs mais dont ils ont du mal à acquitter le loyer.
Ce sont toutes ces problématiques qui ont nourri, ces derniers mois, la réflexion du ministre du logement polynésien et de ses conseillers. Tearii Alpha espère désormais arriver à présenter un plan de l'habitat en Polynésie, car il n'est plus seulement question de constructions de logements mais d'une prise en compte plus large, allant jusqu'à chercher la mixité sociale des quartiers et leur lien avec la commune dans lesquels ils sont implantés. "Il faut prendre à bras-le-corps notre politique du logement qui a été abandonnée pratiquement pendant quelques années, il suffit pour cela de voir les chiffres des logements qui ont été construits : nous sommes tombés très bas. Or, le facteur logement est important pour la stabilité de nos familles. On l'oublie trop souvent, certains de ces logements sont loin de la dignité exigée. Dans le budget 2016 nous avons prévu de mettre 7 à 8 milliards de Fcfp si c'est possible pour la construction de logements, même en dehors du Contrat de projets avec l'Etat, pour de l'aide à l'habitat et la construction de fare MTR" annonçait hier le président Edouard Fritch.
INTERVIEW
Le ministre du logement aux Assises de l'Habitat des Outre-mer à Punaauia ce lundi matin.
Tearii Alpha, ministre du logement de Polynésie française
Après des années de piétinement, on sent une nouvelle approche de la politique du logement par le Pays, jusqu'où cela va-t-il ?
C'est une refondation qu'il faut à tous les niveaux et on va la mettre en œuvre. Il n'y a pas de service du logement aujourd'hui en Polynésie. Il y a l'OPH qui est un établissement public mais qui n'a pas les missions administratives : il nous faut créer une direction de l'habitat et de la ville (DHV), c'est prévu dès l'année prochaine. Ensuite l'ingénierie financière est à repenser car nous n'avons même pas ici les prêts à taux zéro, les emprunts longue durée pour faire baisser l'amortissement des bâtiments. Et puis il y a l'organisation réglementaire : notre code de l'aménagement doit évoluer.
Mais construire 1000 à 1200 logements par an : comment peut-on y parvenir ?
On ne l'a jamais fait ! Tant que le budget du logement sera le 10e du budget de l'Equipement on ne va pas y arriver. Aujourd'hui, si la politique du logement est évidente pour le Pays pour l'habitat, ce seront plusieurs milliards par an qu'il faudra mettre sur la table.
Le président du Pays annonce 7 à 8 milliards dans le budget 2016, c'est possible ?
C'est inscrit dans le budget et c'est déjà 300% de plus qu'en 2013. On multiplie par trois le budget du secteur logement dans le budget du Pays : ce qui est beaucoup, mais dans nos projections il faudrait 10 à 12 milliards pour être dans une trajectoire avec l'ambition de 400 logements en habitat groupé et de 400 logements en habitat dispersé par an. Tout ne se fera pas qu'avec des fonds propres du Pays, il y a la chance du Contrat de projets et d'autres instruments financiers vont certainement exister demain avec l'Etat.
Après des années de piétinement, on sent une nouvelle approche de la politique du logement par le Pays, jusqu'où cela va-t-il ?
C'est une refondation qu'il faut à tous les niveaux et on va la mettre en œuvre. Il n'y a pas de service du logement aujourd'hui en Polynésie. Il y a l'OPH qui est un établissement public mais qui n'a pas les missions administratives : il nous faut créer une direction de l'habitat et de la ville (DHV), c'est prévu dès l'année prochaine. Ensuite l'ingénierie financière est à repenser car nous n'avons même pas ici les prêts à taux zéro, les emprunts longue durée pour faire baisser l'amortissement des bâtiments. Et puis il y a l'organisation réglementaire : notre code de l'aménagement doit évoluer.
Mais construire 1000 à 1200 logements par an : comment peut-on y parvenir ?
On ne l'a jamais fait ! Tant que le budget du logement sera le 10e du budget de l'Equipement on ne va pas y arriver. Aujourd'hui, si la politique du logement est évidente pour le Pays pour l'habitat, ce seront plusieurs milliards par an qu'il faudra mettre sur la table.
Le président du Pays annonce 7 à 8 milliards dans le budget 2016, c'est possible ?
C'est inscrit dans le budget et c'est déjà 300% de plus qu'en 2013. On multiplie par trois le budget du secteur logement dans le budget du Pays : ce qui est beaucoup, mais dans nos projections il faudrait 10 à 12 milliards pour être dans une trajectoire avec l'ambition de 400 logements en habitat groupé et de 400 logements en habitat dispersé par an. Tout ne se fera pas qu'avec des fonds propres du Pays, il y a la chance du Contrat de projets et d'autres instruments financiers vont certainement exister demain avec l'Etat.