Plusieurs enfants réfugiés sont nés à Nauru dans les camps. Crédit Mike Leyral.
Papeete, le 5 février 2019- Complètement ruinée après avoir été l'un des États les plus riches du monde grâce à l'extraction du phosphate, l'île de Nauru a trouvé une nouvelle "manne" financière pour survivre : "l'accueil" des réfugiés qui veulent immigrer en Australie. Malgré l'interdiction par le gouvernement local de leur parler, deux journalistes tahitiens ont réussi à recueillir leurs témoignages, pour certains poignants.
"Dès qu'on est arrivés, ils nous ont dit de ne pas avoir de contact avec les réfugiés, de ne pas rentrer dans les camps, mais bizarrement ils nous disaient aussi que si on voulait leur parler, on pouvait demander l'autorisation. Autrement dit, cela signifiait : 'on vous surveille'. Pendant plusieurs jours, on a suivi la démarche officielle pour rencontrer des refugiés, mais à chaque fois, on a eu une fin de non-recevoir ou on nous disait : 'attendez'. A quelques jours de la fin, on s'est aperçus que nous n'aurions rien, alors nous y sommes allés", explique d'emblée Mike Leyral.
Rédacteur en chef adjoint pour la chaîne locale TNTV, le journaliste s'est rendu à Nauru en septembre dernier pour couvrir le Forum du Pacifique. Pendant une dizaine de jours, accompagné de Brandy Tevero, les deux hommes ont plongé dans l'univers très particulier de cette petite île de 21 km2, perdue au milieu du Pacifique, qui "sous-traite" pour l'Australie la "gestion" de ses demandeurs d'asile.
Logés dans des camps, environ un millier de réfugiés, venus de Somalie, d'Irak, du Bangladesh… tentent de survivre dans cette île hostile. Très peu médiatisés en raison de la difficulté pour la presse d'obtenir un visa par les autorités locales, les deux Tahitiens ont découvert les destins brisés de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants exilés dans cette petite république insulaire. Vivant parfois depuis quatre ou cinq ans dans ces camps, leur quotidien oscille entre mauvaises conditions de vie, désespoir et racisme.
"Dès qu'on est arrivés, ils nous ont dit de ne pas avoir de contact avec les réfugiés, de ne pas rentrer dans les camps, mais bizarrement ils nous disaient aussi que si on voulait leur parler, on pouvait demander l'autorisation. Autrement dit, cela signifiait : 'on vous surveille'. Pendant plusieurs jours, on a suivi la démarche officielle pour rencontrer des refugiés, mais à chaque fois, on a eu une fin de non-recevoir ou on nous disait : 'attendez'. A quelques jours de la fin, on s'est aperçus que nous n'aurions rien, alors nous y sommes allés", explique d'emblée Mike Leyral.
Rédacteur en chef adjoint pour la chaîne locale TNTV, le journaliste s'est rendu à Nauru en septembre dernier pour couvrir le Forum du Pacifique. Pendant une dizaine de jours, accompagné de Brandy Tevero, les deux hommes ont plongé dans l'univers très particulier de cette petite île de 21 km2, perdue au milieu du Pacifique, qui "sous-traite" pour l'Australie la "gestion" de ses demandeurs d'asile.
Logés dans des camps, environ un millier de réfugiés, venus de Somalie, d'Irak, du Bangladesh… tentent de survivre dans cette île hostile. Très peu médiatisés en raison de la difficulté pour la presse d'obtenir un visa par les autorités locales, les deux Tahitiens ont découvert les destins brisés de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants exilés dans cette petite république insulaire. Vivant parfois depuis quatre ou cinq ans dans ces camps, leur quotidien oscille entre mauvaises conditions de vie, désespoir et racisme.
LE SUICIDE DES ENFANTS
Crédit Mike Leyral.
"On a réussi à rentrer en contact avec plusieurs réfugiés. Ces gens se sentent complètement oubliés, ils manquent de soins (…). Le plus terrible, ce sont les enfants, certains sont même nés dans les camps. Beaucoup d'entre eux sont très mal psychologiquement, ils n'ont aucune perspective pour leur avenir, les suicides sont très nombreux. On a rencontré un jeune garçon très choqué par la tentative de suicide de sa sœur", relate Mike Leyral, qui admet que le tournage de ce reportage fut tendu. Le président de la République de Nauru considérant que la détention offshore des demandeurs d'asile et des réfugiés ne concerne personne d'autre que l'Australie et son gouvernement.
UN RENDEZ-VOUS A L'ECART DANS UNE CLAIRIERE
Certains réfugiés sont exilés sur l'île de Nauru depuis quatre, voire cinq ans. Crédit Mike Leyral.
Face à cette omerta, le journaliste s'est attelé à relayer tout au long de son reportage les paroles, souvent poignantes, de ces réfugiés : "Le dernier jour, j'ai donné un rendez-vous aux migrants qui souhaitaient témoigner. Je leur ai proposé de venir me retrouver dans une clairière, un peu cachée à l'écart. Une vingtaine de personnes sont venues, l'une m'a parlé pendant 20 minutes en farsi (ndlr : persan), elle savait que je ne comprenais pas, mais on sentait qu'elle avait besoin de parler, de témoigner. Une mère m'a raconté la mort de son fils et qu'elle ne voulait pas l'enterrer sur cette île. D'autres se sont mis à pleurer sans même que je ne leur pose la moindre question. Ces réfugiés sont à bout, désespérés !".
Du faste à la misère
La petite république de Nauru, située à une quarantaine de kilomètres de l'équateur, compte environ 10 000 habitants. Son histoire est marquée à jamais par l'extraction du phosphate exploité à partir de 1906. Pendant une centaine d'années, Nauru a vécu grâce à cette manne puisée dans son sous-sol. Avec l'explosion du cours du phosphate, le pays, qui accède à son indépendance en 1968, est devenu l'un des Etats les plus riches du monde.
Mais l'épuisement des gisements de phosphate à partir des années 90, le manque d'anticipation, la mauvaise gestion économique et la corruption, ont fait sombrer le pays dans une crise économique sans précédent au début des années 2000. Le pays est devenu depuis lors, l'un des plus pauvres du monde, détenant l'un des taux d'obésité le plus élevé de la planète. La surexploitation du phosphate de Nauru pendant des dizaines d'années a totalement laminé le sol, rendant impossible l'agriculture.
La petite république de Nauru, située à une quarantaine de kilomètres de l'équateur, compte environ 10 000 habitants. Son histoire est marquée à jamais par l'extraction du phosphate exploité à partir de 1906. Pendant une centaine d'années, Nauru a vécu grâce à cette manne puisée dans son sous-sol. Avec l'explosion du cours du phosphate, le pays, qui accède à son indépendance en 1968, est devenu l'un des Etats les plus riches du monde.
Mais l'épuisement des gisements de phosphate à partir des années 90, le manque d'anticipation, la mauvaise gestion économique et la corruption, ont fait sombrer le pays dans une crise économique sans précédent au début des années 2000. Le pays est devenu depuis lors, l'un des plus pauvres du monde, détenant l'un des taux d'obésité le plus élevé de la planète. La surexploitation du phosphate de Nauru pendant des dizaines d'années a totalement laminé le sol, rendant impossible l'agriculture.
Les enfants réfugiés ont quitté Nauru
Dimanche 3 février, le Premier ministre, Scott Morrison, a assuré que l'Australie est sur le point de régler le cas des derniers enfants demandeurs d'asile qu'elle avait relégués sur l'île de Nauru. "Tous les enfants demandeurs d'asile ont maintenant quitté Nauru, ou ont vu leur demande traitée et ont une porte de sortie qui leur est ouverte", a indiqué M. Morrison.
Dimanche 3 février, le Premier ministre, Scott Morrison, a assuré que l'Australie est sur le point de régler le cas des derniers enfants demandeurs d'asile qu'elle avait relégués sur l'île de Nauru. "Tous les enfants demandeurs d'asile ont maintenant quitté Nauru, ou ont vu leur demande traitée et ont une porte de sortie qui leur est ouverte", a indiqué M. Morrison.
Infos pratiques
Nauru, la prison australienne
Documentaire de Mike Leyral (28 minutes), diffusé sur TNTV le 6 février à 20h30.
Nauru, la prison australienne
Documentaire de Mike Leyral (28 minutes), diffusé sur TNTV le 6 février à 20h30.