L'Île de Batz est le câblier qui va enfin relier les Tuamotu et les Marquises au très haut débit.
PAPEETE, le 11 juillet 2018 - L'Île de Batz, un bateau-câblier d'Alcatel Submarine Networks, a été accueilli ce matin au port de Papeete. Cet énorme navire va tirer le câble sous-marin qui apportera l'internet haut-débit à 20 îles des Tuamotu et des Marquises avant la fin de l'année.
C'est au son des toere et des cris des danseuses que l'équipage de L'Île de Batz a mis pied à terre à Papeete ce matin. Ce câblier restera dans nos eaux jusqu'à la fin de l'année pour tirer les 2800 kilomètres de notre futur câble sous-marin domestique, Natitua. Une infrastructure très attendue par les îliens puisqu'elle devrait leur apporter le haut-débit, ou même le très haut débit pour certains, avant Noël (voir interview).
Après cet accueil traditionnel, l'équipage ne va pas chômer. Dès ce jeudi, un cargo arrivera à Papeete avec le câble lui-même, qui a été fabriqué à Calais. Le transborder à bord de L'Île de Batz prendra 15 jours, avec 80 travailleurs locaux qui seront mobilisés 24h sur 24.
Il partira ensuite vers les Tuamotu pour poser la première branche de Natitua, en commençant par l'extrémité Est : Hao, Makemo, Fakarava, Kaukura, Arutua et Rangiroa. L'extrémité du câble sera ensuite "mouillée" sur un plateau sous-marin au sud-est de Rangiroa. L'Île de Batz reviendra alors à Tahiti pour tirer la deuxième branche câble, qui partira de la station d'atterrage toute neuve de Hitia'a O Te Ra. Il raccordera les deux branches à Rangiroa, puis il partira vers le Nord pour relier Manihi, Takaroa, et enfin il fera le long trajet jusqu'aux Marquises pour connecter Hiva Oa et Nuku Hiva.
FIBRER LES ÎLES, DÉPLOYER LA 4G : LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE ARRIVE DANS LES ARCHIPELS
C'est au son des toere et des cris des danseuses que l'équipage de L'Île de Batz a mis pied à terre à Papeete ce matin. Ce câblier restera dans nos eaux jusqu'à la fin de l'année pour tirer les 2800 kilomètres de notre futur câble sous-marin domestique, Natitua. Une infrastructure très attendue par les îliens puisqu'elle devrait leur apporter le haut-débit, ou même le très haut débit pour certains, avant Noël (voir interview).
Après cet accueil traditionnel, l'équipage ne va pas chômer. Dès ce jeudi, un cargo arrivera à Papeete avec le câble lui-même, qui a été fabriqué à Calais. Le transborder à bord de L'Île de Batz prendra 15 jours, avec 80 travailleurs locaux qui seront mobilisés 24h sur 24.
Il partira ensuite vers les Tuamotu pour poser la première branche de Natitua, en commençant par l'extrémité Est : Hao, Makemo, Fakarava, Kaukura, Arutua et Rangiroa. L'extrémité du câble sera ensuite "mouillée" sur un plateau sous-marin au sud-est de Rangiroa. L'Île de Batz reviendra alors à Tahiti pour tirer la deuxième branche câble, qui partira de la station d'atterrage toute neuve de Hitia'a O Te Ra. Il raccordera les deux branches à Rangiroa, puis il partira vers le Nord pour relier Manihi, Takaroa, et enfin il fera le long trajet jusqu'aux Marquises pour connecter Hiva Oa et Nuku Hiva.
FIBRER LES ÎLES, DÉPLOYER LA 4G : LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE ARRIVE DANS LES ARCHIPELS
Thierry Hars, chef de projet technique de Natitua
Thierry Hars, chef de projet technique de Natitua, nous explique que les travaux en cours vont bien plus loin que la simple pose du câble : "Natitua est un projet composite. Il y a 10 îles qui seront raccordées directement par les deux branches du câble, 11 îles en comptant Tahiti. Et à partir de ces îles, 10 îles supplémentaires seront reliées au réseau par des faisceaux hertziens haut débit que nous allons installer nous-même. Il va falloir planter des pilonnes supplémentaires et nous avons une quinzaine de liaisons à construire. Nous avons commencé à recevoir ce matériel, et ce sera installé pour la fin de l'année également. En débit, nous avons déjà prévu d'allumer 10 gigabits par seconde minimum sur chaque île connectée à la fibre, et en hertzien on partira sur 300 mégas dès le départ sur chaque faisceau."
En plus de cette énorme infrastructure numérique, l'OPT doit effectuer de gros travaux dans les îles desservies elles-mêmes afin de permettre à ses clients de profiter de tous ces nouveaux débits. "Nous avons prévu de totalement fibrer quatre villages principaux, qui sont Taiohae à Nuku Hiva, Atuona à Hiva Oa, le village de Fakarava et enfin Avatoru et Tiputa à Rangiroa. Pour le reste des îles, nous allons améliorer le réseau cuivre existant en y insérant des systèmes VDSL, avec des débits qui iront jusqu'à 20 mégas, voire potentiellement plus pour ceux qui seraient collés à nos installations. Il y aura aussi un déploiement de la 4G, mais ça a été séparé du projet Natitua" explique Thierry Hars.
Cet expert nous explique que le projet Natitua se révèle finalement assez complexe, "parce qu'il y a plusieurs branches, il y a beaucoup d'îles à relier, il y aura beaucoup de raccordements en mer pour tous ces petits segments... Ca va prendre du temps et le bateau sera obligé de rester en position un long moment pour chaque raccordement. Même l'itinéraire, que nous avons fini de tracer récemment, s'est révélé compliqué avec tous les volcans sous-marins qu'il y a sur le trajet."
En plus de cette énorme infrastructure numérique, l'OPT doit effectuer de gros travaux dans les îles desservies elles-mêmes afin de permettre à ses clients de profiter de tous ces nouveaux débits. "Nous avons prévu de totalement fibrer quatre villages principaux, qui sont Taiohae à Nuku Hiva, Atuona à Hiva Oa, le village de Fakarava et enfin Avatoru et Tiputa à Rangiroa. Pour le reste des îles, nous allons améliorer le réseau cuivre existant en y insérant des systèmes VDSL, avec des débits qui iront jusqu'à 20 mégas, voire potentiellement plus pour ceux qui seraient collés à nos installations. Il y aura aussi un déploiement de la 4G, mais ça a été séparé du projet Natitua" explique Thierry Hars.
Cet expert nous explique que le projet Natitua se révèle finalement assez complexe, "parce qu'il y a plusieurs branches, il y a beaucoup d'îles à relier, il y aura beaucoup de raccordements en mer pour tous ces petits segments... Ca va prendre du temps et le bateau sera obligé de rester en position un long moment pour chaque raccordement. Même l'itinéraire, que nous avons fini de tracer récemment, s'est révélé compliqué avec tous les volcans sous-marins qu'il y a sur le trajet."
Natitua en chiffres
Le plan original du déploiement de Natitua. L'itinéraire a un peu évolué pour contourner des obstacles sous-marins, et le câble parcourra finalement 2800 kilomètres
2800 kilomètres : la distance totale qui sera finalement parcourue par le câble Natitua
5672 mètres sous la surface de l'océan : la profondeur maximale qu'atteindra le câble
20 îles connectées : 10 îles seront reliées directement au câble, 10 îles supplémentaires seront reliées par un réseau hertzien
6,5 milliards : l'investissement global partagé entre l'OPT, l'État et le Pays
10 Terabits par seconde : la capacité de chaque branche (Pour comparer, le "vieux" Honotua a une capacité de 640 Gigabits par seconde, qui peut être upgradé à 3,5 Terabits par seconde avec du nouveau matériel)
5672 mètres sous la surface de l'océan : la profondeur maximale qu'atteindra le câble
20 îles connectées : 10 îles seront reliées directement au câble, 10 îles supplémentaires seront reliées par un réseau hertzien
6,5 milliards : l'investissement global partagé entre l'OPT, l'État et le Pays
10 Terabits par seconde : la capacité de chaque branche (Pour comparer, le "vieux" Honotua a une capacité de 640 Gigabits par seconde, qui peut être upgradé à 3,5 Terabits par seconde avec du nouveau matériel)
Jean-François Martin, P-dg de l'OPT
Jean-François Martin, président-directeur général de l'OPT
"L'objectif est d'apporter le haut débit à nos amis des îles pour Noël"
À quelle date tous ces travaux seront-ils terminés ?
Alors nos équipes télécoms travaillent déjà d'arrache-pied. Là, L'Île de Batz attend le freighter qui arrive de Calais avec tous les équipements, puis il partira le 31 juillet vers Hao pour commencer la pose. Il finira en octobre aux Marquises après son long itinéraire. On lancera les tests en novembre, pour une mise en service en décembre. L'objectif est d'apporter le haut débit à nos amis des îles pour Noël !
Natitua représente un investissement de 6,5 milliards de francs, comment les financez-vous ?
Le montage final est à peu près conforme au montage initialement envisagé. Nous avons différentes sources de financement venant de l'État et du Pays, et je remercie à nouveau le Haut-Commissaire et le Président du Pays. Nous avons le fonds exceptionnel d'investissement, nous avons une aide de l'Agence du Numérique en métropole qui a été confirmée par le Premier ministre lui-même lors de la visite d'Édouard Fritch à paris, et nous sommes en attente d'un feu vert pour la défiscalisation nationale. Ensuite nous avons des fonds propres de l'OPT, désormais un peu moins de deux milliards de francs grâce à ces nouveaux financements. Et enfin un endettement bancaire limité.
Ces aides devraient aider à limiter les coûts pour les abonnés ?
Effectivement, ce sont des coûts d'investissements très importants, qui vont amener du haut débit pour les 20 îles concernées. Aujourd'hui les abonnés disposent de capacités satellitaires très limitées, qui ne sont pas du tout comparables aux offres de la zone urbaine. Mais grâce à Natitua nous allons pouvoir commercialiser dans les îles des offres à très haut débit comme dans la zone urbaine. Nous n'aurons pas forcément des clients supplémentaires, mais une qualité de service qui n'aura rien à voir avec ce qu'il y a aujourd'hui. Je rappelle à ce titre là les pétitions de certains de nos abonnés de Rangiroa ou des Marquises, et on espère que tout ça sera dernière nous.
On a critiqué ce câble en disant que les nouvelles technologies satellite permettraient bientôt de faire aussi bien. Qu'en pensez-vous ?
Non, ce n'est pas vrai. C'est comme à l'époque du débat sur Honotua, on ne compare jamais un satellite à un câble sous-marin... Voyez aujourd'hui la connexion des îles par satellite. Et avec les nouvelles technologies – pour Manatua qui va aller vers les Samoa, on parle de 30 Terabits par secondes – ça n'a rien à voir avec un satellite, c'est clair. Mais maintenant, avec un câble qui arrive, c'est à nous de nous assurer que nos équipements arrivent aux mêmes capacités.
Avec 10 Terabits par seconde pour les Marquises et autant pour les Tuamotu, ces îles seront équipées pour les 30 ans qui viennent...
Ah oui, c'est clair ! Après il y a la capacité du câble et les équipements que l'on met au bout, comme pour Honotua. Aujourd'hui Honotua est en capacité possible de 3,5 terabits par seconde, mais en réalité nous avons 'allumé' 40 gigabits et nous en utilisons 25.
Sur un autre sujet, quels investissements avez-vous dû réaliser pour contrer les attaques de DK ?
Nous avons engagé des fournisseurs américains, nous avons dû acheter toute une série d'équipements qui détectent certain types de trafic, les nettoient et les isolent. Donc maintenant, ce type d'attaques DDOS, c'est fini.
Ces nouveaux équipements ont-ils participé à augmenter la capacité de Honotua ?
Alors, c'est plutôt la conséquence des remises commerciales, surtout l'upgrade des débits que nous avons consenti à tous nos clients depuis trois mois et jusqu'à fin septembre pour nous excuser. L'impact a été senti clairement avec une augmentation sensible des débits sur Honotua. Nous sommes passés de 20 à plus de 25 gigabits par seconde !
Peut-on espérer que ces débits seront conservés par la suite ?
On va réfléchir à la gamme d'offres et de services, oui.
En parallèle, il y a eu la signature de Manatua. Ce câble va-t-il permettre d'augmenter le trafic sur Honotua ?
Oui, Manatua va desservir Tahiti et les Samoa, avec une desserte locale des Cook et de Niue. À partir du moment où il y aura cette route à l'Ouest, qui continuera jusqu'aux Fiji par le câble Tui, et avec d'autres nouvelles routes possibles comme Hawaiki sur les Samoa Américaines et le Southern Cross Next qui doit se poser dans les mois qui viennent, nous pouvons espérer récupérer des flux de ces opérateurs, en particulier ceux des Samoa, qui voudrait acheter des capacités pour sécuriser leur propre route via Honotua. Ca nous permettrait alors d'investir pour augmenter la capacité de notre câble. Et il y a toujours la possibilité d'un Chine-Chili qui passerait par Tahiti.
Pourtant la fin du câble Natitua à Hao ne sera finalement plus capable de se poursuivre jusqu'au Chili ?
C'est vrai que nous avons dissocié ces projets. C'était trop cher et la capacité de ce câble ne serait pas du tout compatible avec les débits nécessaires pour un Chine-Chili. Nous avions aussi étudié la possibilité d'aller jusqu'aux Gambier, mais il aurait fallu ajouter facilement un milliard pour rejoindre Rikitea !
À quelle date tous ces travaux seront-ils terminés ?
Alors nos équipes télécoms travaillent déjà d'arrache-pied. Là, L'Île de Batz attend le freighter qui arrive de Calais avec tous les équipements, puis il partira le 31 juillet vers Hao pour commencer la pose. Il finira en octobre aux Marquises après son long itinéraire. On lancera les tests en novembre, pour une mise en service en décembre. L'objectif est d'apporter le haut débit à nos amis des îles pour Noël !
Natitua représente un investissement de 6,5 milliards de francs, comment les financez-vous ?
Le montage final est à peu près conforme au montage initialement envisagé. Nous avons différentes sources de financement venant de l'État et du Pays, et je remercie à nouveau le Haut-Commissaire et le Président du Pays. Nous avons le fonds exceptionnel d'investissement, nous avons une aide de l'Agence du Numérique en métropole qui a été confirmée par le Premier ministre lui-même lors de la visite d'Édouard Fritch à paris, et nous sommes en attente d'un feu vert pour la défiscalisation nationale. Ensuite nous avons des fonds propres de l'OPT, désormais un peu moins de deux milliards de francs grâce à ces nouveaux financements. Et enfin un endettement bancaire limité.
Ces aides devraient aider à limiter les coûts pour les abonnés ?
Effectivement, ce sont des coûts d'investissements très importants, qui vont amener du haut débit pour les 20 îles concernées. Aujourd'hui les abonnés disposent de capacités satellitaires très limitées, qui ne sont pas du tout comparables aux offres de la zone urbaine. Mais grâce à Natitua nous allons pouvoir commercialiser dans les îles des offres à très haut débit comme dans la zone urbaine. Nous n'aurons pas forcément des clients supplémentaires, mais une qualité de service qui n'aura rien à voir avec ce qu'il y a aujourd'hui. Je rappelle à ce titre là les pétitions de certains de nos abonnés de Rangiroa ou des Marquises, et on espère que tout ça sera dernière nous.
On a critiqué ce câble en disant que les nouvelles technologies satellite permettraient bientôt de faire aussi bien. Qu'en pensez-vous ?
Non, ce n'est pas vrai. C'est comme à l'époque du débat sur Honotua, on ne compare jamais un satellite à un câble sous-marin... Voyez aujourd'hui la connexion des îles par satellite. Et avec les nouvelles technologies – pour Manatua qui va aller vers les Samoa, on parle de 30 Terabits par secondes – ça n'a rien à voir avec un satellite, c'est clair. Mais maintenant, avec un câble qui arrive, c'est à nous de nous assurer que nos équipements arrivent aux mêmes capacités.
Avec 10 Terabits par seconde pour les Marquises et autant pour les Tuamotu, ces îles seront équipées pour les 30 ans qui viennent...
Ah oui, c'est clair ! Après il y a la capacité du câble et les équipements que l'on met au bout, comme pour Honotua. Aujourd'hui Honotua est en capacité possible de 3,5 terabits par seconde, mais en réalité nous avons 'allumé' 40 gigabits et nous en utilisons 25.
Sur un autre sujet, quels investissements avez-vous dû réaliser pour contrer les attaques de DK ?
Nous avons engagé des fournisseurs américains, nous avons dû acheter toute une série d'équipements qui détectent certain types de trafic, les nettoient et les isolent. Donc maintenant, ce type d'attaques DDOS, c'est fini.
Ces nouveaux équipements ont-ils participé à augmenter la capacité de Honotua ?
Alors, c'est plutôt la conséquence des remises commerciales, surtout l'upgrade des débits que nous avons consenti à tous nos clients depuis trois mois et jusqu'à fin septembre pour nous excuser. L'impact a été senti clairement avec une augmentation sensible des débits sur Honotua. Nous sommes passés de 20 à plus de 25 gigabits par seconde !
Peut-on espérer que ces débits seront conservés par la suite ?
On va réfléchir à la gamme d'offres et de services, oui.
En parallèle, il y a eu la signature de Manatua. Ce câble va-t-il permettre d'augmenter le trafic sur Honotua ?
Oui, Manatua va desservir Tahiti et les Samoa, avec une desserte locale des Cook et de Niue. À partir du moment où il y aura cette route à l'Ouest, qui continuera jusqu'aux Fiji par le câble Tui, et avec d'autres nouvelles routes possibles comme Hawaiki sur les Samoa Américaines et le Southern Cross Next qui doit se poser dans les mois qui viennent, nous pouvons espérer récupérer des flux de ces opérateurs, en particulier ceux des Samoa, qui voudrait acheter des capacités pour sécuriser leur propre route via Honotua. Ca nous permettrait alors d'investir pour augmenter la capacité de notre câble. Et il y a toujours la possibilité d'un Chine-Chili qui passerait par Tahiti.
Pourtant la fin du câble Natitua à Hao ne sera finalement plus capable de se poursuivre jusqu'au Chili ?
C'est vrai que nous avons dissocié ces projets. C'était trop cher et la capacité de ce câble ne serait pas du tout compatible avec les débits nécessaires pour un Chine-Chili. Nous avions aussi étudié la possibilité d'aller jusqu'aux Gambier, mais il aurait fallu ajouter facilement un milliard pour rejoindre Rikitea !