Nathalie Hoang : "La planète brûle, nous ne pouvons pas rester dans l’immobilisme"


PAPEETE, le 16 mars 2019. Environ 200 lycéens et collégiens ont marché pour la défense de l'environnement. Ils ont remis des "propositions" au ministère de l'Environnement. En tête de cortège, il y avait Nathalie Hoang. Elle nous a expliqué pourquoi elle s'est mobilisée ce vendredi. Elle participe aussi à la marche pour le climat de ce samedi après-midi.


Comment vous avez pris la décision d'organiser cette marche des jeunes?
J’aspire à améliorer le monde depuis mes 3 ans et notamment affirmer mon devoir de citoyenne écologiquement responsable. Il m’est donc apparu évident de prendre position face à l'appel de la suédoise Greta Thunberg, une grève internationale pour le climat, le vendredi 15 mars 2019. Par ailleurs, pourquoi devrions-nous continuer à apprendre pour préparer un futur qui n’existera plus, si nous n’agissons pas maintenant?

Ainsi, en tant que citoyenne du monde, face à l’urgence climatique et planétaire, je considère qu’il est de ma responsabilité d’appeler à agir pour la préservation de notre avenir à travers cette grève. Nous sommes en Polynésie française. Nous devons encore plus être concernés par la transition écologique. En France, la démission de Nicolas Hulot et les explications qu’il en donne sont sans appel : le libéralisme est incompatible avec la prise en compte de l’urgence écologique. Répondre à l’urgence climatique c’est pourtant possible, nécessaire et urgent! Nonobstant, force est de constater que certaines actions citoyennes manquent cruellement d’un soutien politique fort, avec des actions de grande ampleur et de long terme.

Faire la grève aujourd’hui n’est pas un appel aux élèves et étudiants à se déscolariser. Mais démontrer que nous n'avons peut-être pas l'âge de voter. Cependant, on a bel et bien une opinion. Nous ne voulons pas d’un capitalisme vert! La planète brûle, nous ne voulons pas et ne pouvons pas rester dans l’immobilisme.

Depuis quand êtes-vous sensibilisée à la nécessité de protéger le climat et l'environnement?
Dans un monde où l’émergence d’une géopolitique est de plus en plus complexe et le constat d’une géo-économie est en plein bouleversement, défendre des valeurs porteuses d’ouverture, de respect et de justice sociale pourrait paraître utopique. Nonobstant, elles n’en demeurent pas moins nécessaires à mes yeux. Depuis mon enfance, j’ai été sensibilisée à la nécessité de protéger le climat grâce à mes parents, avec des livres, des documentaires sur la protection de l’environnement et le développement durable. Je songe à un monde meilleur. Toutefois, ce n’est qu’à l’âge de 12 ans que j’ai réellement pris conscience de la nécessité d’agir avec des actions concrètes pour la cause environnementale.

Dans votre vie quotidienne avez-vous déjà changé des comportements? Comment agissez-vous au quotidien pour l'environnement?
Les scientifiques ont constaté que recycler, éteindre les lumières etc, ne sont plus suffisants. Toutefois, il ne faut pas discréditer ces gestes éco-citoyens, s'ils sont accompagnés d'une réflexion. En effet, avoir un mode de vie en accord avec ses convictions est important. Or, se contenter du même mode de production en la rendant “ plus éco-compatible ” avec le système capitaliste ne va pas rendre les entreprises plus vertueuses.
En 2014, et ce pendant deux années, j’ai utilisé le moteur de recherche Ecosia. Depuis 2016, j’utilise Lilo, qui finance des projets sociaux et environnementaux. Dans cette perspective, j’ai proposé au gouvernement polynésien le projet « Stop Google ! ». Je souhaite mettre en place dans tous les établissements spécialement, une page qui s’ouvrirait automatiquement pour mettre en avant des moteurs de recherche « alternatifs », ayant des objectifs sociaux et/ou environnementaux. Remplacer Google par Lilo, Ecosia, etc.

Etes-vous déçus de ne pas avoir été reçus au ministère de l'Environnement?
Nous avons été reçus au ministère de l’environnement. Toutefois, le ministre de l’Environnement est en déplacement à Paris et aucun autre représentant ne pouvait nous recevoir. Certes, je suis dépitée de ne pas avoir pu débattre avec lui, aujourd’hui. Toutefois, de nombreux projets lui ont été proposés comme le projet « tri sélectif dans tous les établissements, lieux publics : les poubelles de tri ». Chaque flux aura un prestataire spécifique, ce qui permet de favoriser les petites entreprises spécialisées et de s’assurer du tri sélectif en fin de chaîne. La lutte ne fait que commencer et elle ne s’arrêtera plus jamais. Je suis fière de cette jeunesse qui a su se mobiliser, s’unifier. C’est maintenant aux jeunes d’initier le mouvement, de porter les initiatives ou de les créer, de sensibiliser. Nous sommes l’avenir du Fenua, il nous appartient à chacun de construire un monde meilleur!

Quel message souhaiteriez-vous adresser aux générations plus âgées que vous et aux politiques?
Nous devons prendre conscience et faire prendre conscience à chacune et chacun de l'importance de protéger l'environnement, car préserver l'environnement, c'est protéger l'humanité et permettre qu'elle survive. L'humain ne vit pas tout seul et isolé. Il vit dans un environnement dont il est totalement dépendant. Pour assurer la survie et donc l'avenir de l'humanité, il est indispensable de protéger l'environnement aujourd'hui. Le gouvernement nous fait croire qu’ils désirent améliorer notre société. Pourtant, ils refusent d’en modifier les structures sociales! Je vous propose de changer le système et non le climat. A taui te mau fanahao’raa eaha te ‘ahureva!
J’ai pour objectif que nous basculons vers un projet universaliste qui vise à changer les bases de la société. Une idéologie peut-être utopiste et je passe sûrement pour une candide. Nonobstant, elle reflète le plus beau rêve et but, qui puissent exister. Cesser de rêver, serait se condamner à l’immobilisme. Donc, ne craignons pas d’améliorer le monde de la plus belle manière qui soit! Chers citoyen, si vous vous demandez pour quelles raisons il est nécessaire de résister. Alors, demandez-vous tout simplement pourquoi vous vivez si ce n’est guère pour résister!

Rédigé par Mélanie Thomas le Samedi 16 Mars 2019 à 14:03 | Lu 2151 fois