NZ: Défense de la langue Maori : vers la création d’un ministère dédié ?


WELLINGTON, mercredi 13 avril 2011 (Flash d'Océanie) – La défense à venir de la langue indigène Maori de Nouvelle-Zélande pourrait passer par la création d’un ministère dédié à ces questions, ainsi qu’un renforcement des actions d’enseignement en milieu scolaire, mais aussi de la pratique quotidienne de cette langue dans les foyers, a recommandé mercredi une commission dans son rapport final rendu public.
Cette commission, qui avait été formée à la demande de Pita Sharples, chef de file du Maori party et actuel ministre des affaires Maori, avait reçu pour mission de rendre un rapport concernant d’éventuelles modifications du dispositif actuel de promotion et de protection de cette langue.
Ce dispositif dispose actuellement d’un budget annuel de quelque six millions de dollars néo-zélandais (325 millions d’euros) pour financer des actions en milieu scolaire, ainsi que la production d’émissions dans cette langue à la radio et à la télévision.
Applaudissant ces recommandations, M. Sharples a une nouvelle fois estimé que la langue Maori, pour toute la Nouvelle-Zélande, était un « don précieux que nous voulons partager avec la nation tout entière ».
Ces nouvelles recommandations, si elles sont suivies, pourraient, selon lui, permettre de passer d’un statut de langue « en probable voie d’extinction » à un « réel espoir pour l’avenir ».
Selon les dernières études disponibles, environ vingt cinq pour cent de la population Maori actuelle de Nouvelle-Zélande (soit environ 130.000 personnes) déclarent être locuteurs du Maori à des degrés divers.

Le rugby au secours du Maori ?

Mi-juin 2010, à l’approche de la Coupe du Monde IRB de rugby, qui se tiendra à partir de septembre 201 en Nouvelle-Zélande, plusieurs groupes de supporters des All Blacks ont exprimé leur inquiétude concernant le fait que, selon eux, la plupart des citoyens de ce pays sont incapables de chanter les paroles en langue Maori contenue dans l’hymne national.
Roy Nielsen, l’un de ces fans inquiets, d’origine européenne et habitant de la petite ville de Palmerston North, avait alors saisi par courrier les députés du Parlement, mais aussi les médias.
Il suggérait alors que des mesures soient rapidement prises afin de lancer une campagne d’information et de sensibilisation pour qu’en 2011, lors de la Coupe du Monde, le monde entier ne voit pas des images de Néo-zélandais articulant approximativement des mots dont ils ne connaissent pas la signification.
La première suggestion de ce fan citoyen serait que, lors des retransmissions des matches des All Blacks, dès maintenant, le chant de l’hymne maori soit sous-titré à la télévision, en mode karaoké.
Selon l’UNESCO, qui publie notamment chaque année un Atlas des langues en danger dans le monde, le Maori aurait par ailleurs vu augmenter le nombre de locuteurs, « grâce à des politiques linguistiques favorables ».

dictionnaire online et textos

Tous les ans, en Nouvelle-Zélande, est aussi organisée une semaine nationale de la langue Maori (« Te Wiki o te Reo Maori »), et dont les éditions de ces dernières années ont été notamment marquées par le lancement de la version électronique d'un dictionnaire Anglais-Maori, en avant-première de sa version papier.
Selon ses concepteurs, cet ouvrage (« I-Papakupu » en langue Maori), même dans sa version électronique, pourra désormais permettre à tout les « Maoristes » à travers le monde d'avoir accès à cette ressource, qui est le fruit d'un long travail de collaboration d'une équipe de plusieurs linguistes.
Sous forme de clé USB, cette somme de travail a été officiellement portée sur les fonds baptismaux en 2008 par le ministre des affaires Maori, à l'occasion d'une réception au Musée National Te Papa (consacré à la culture indigène).
"Le lancement de ce I-Papakupu participe des efforts afin de faire en sorte que notre Te Reo reste une langue vivante, en des temps numériques (…) C'est aussi un enregistrement de la langue Maori, décrite et définie à travers un regard Maori", avait alors lancé le ministre.
Ce dictionnaire (accessible en ligne sur www.koreromaori.co.nz comprend quelque 25.000 mots et pour chacun, des définitions, mais aussi des synonymes.
Toujours dans le cadre de cet effort, lancé il y a plusieurs années, de revitalisation de la langue indigène, un temps menacée, cette semaine nationale qui lui est consacrée a aussi fait figurer à l'arrière de transports scolaires un message à première vue incompréhensible pour les automobilistes.
« 22RU 4KAMAUA » signifie en fait « tuturu whakamaua », mais sur le mode texto, le plus populaire auprès des jeunes et nombreux usagers de téléphones mobiles.
La signification de ce message, à caractère à la fois ludique et incitatif, est simple : c'est en fait un défi aux lecteurs pour qu'ils restent attachés à cette langue et fassent à leur tour passer le message par leur téléphone mobile.
Pour les besoins de l'exercice, plusieurs chefs de clans Maori ont planché sur le moyen de retranscrire en « langue texto » un Maori censé rester compréhensible pour le plus grand nombre.
Ils sont une nouvelle fois tombés d'accord sur des règles simples, qui privilégient une retranscription essentiellement phonétique.
"En fait, on l'a testé même sur des Pakeha (d'ethnie européenne) et ils ont compris du premier coup", assurait alors Paul Stanley, Président du clan (Iwi) Ngaiterangi.
Les concepteurs de cette opération avaient ainsi mis au point toute une série de messages, qui se veulent autant de « teasers ».
Parmi ceux-là : des expressions ou interpellations comme « E 2 ki te Wro » (E tu ki te wero, « Relève le défi »), « Hiremy kitky » (Haere mai ki te kai, « Viens manger »), et même des noms de lieux emblématiques (Waikato devient ainsi « ?kato »)
Tout au long de cette semaine 2008, le quotidien New Zealand Herald avait pour sa part décidé de se prendre au jeu en publiant chaque jour des articles en Maori.


pad

Rédigé par PaD le Mardi 12 Avril 2011 à 22:29 | Lu 940 fois