N-Calédonie: sortie de crise gouvernementale dans la discorde


Philippe Germain (Calédonie ensemble, centre droit) a été élu à la présidence du gouvernement calédonien, qui compte en tout onze membres, six anti-indépendantistes et cinq indépendantistes.
Nouméa, France | | mercredi 01/04/2015 - La crise au sein du gouvernement collégial de Nouvelle-Calédonie, en cours depuis trois mois et demi, a trouvé une issue mercredi avec l'élection d'un président non-indépendantiste, sur fond de vives polémiques politiques.

Philippe Germain (Calédonie ensemble, centre droit) a été élu à la présidence du gouvernement calédonien, qui compte en tout onze membres, six anti-indépendantistes et cinq indépendantistes.

Seuls huit "ministres" ont cependant participé à ce scrutin, qui a donné à M. Germain six suffrages: trois issus de son parti et trois indépendantistes.

"Après plus de cent jours d'immobilisme, le gouvernement est désormais en ordre de marche. Il faut restaurer la confiance (...) et mettre en oeuvre les réformes économiques et sociales", a-t-il déclaré après son élection. Il a en outre affirmé que le vote de certains indépendantistes en sa faveur "ne résultait pas d'un quelconque troc", mais était "un acte citoyen dans le respect des convictions de chacun".

Jean-Louis d'Anglebermes, indépendantiste de l'Union Calédonienne (UC-FLNKS), a été élu à la vice-présidence du gouvernement de cet archipel autonome, en cours de décolonisation.

Ce dénouement faisait suite à la publication mercredi matin d'un communiqué du FLNKS (Front de libération nationale kanak socialiste) constatant "l'incapacité des non-indépendantistes" à trouver une sortie de crise et jugeant "inacceptable un tel immobilisme".

La coalition indépendantiste exprimait sa décision "de mettre en place un gouvernement opérationnel" pour mettre en oeuvre plusieurs dossiers "fondamentaux" comme la poursuite des transferts de compétences, la stratégie minière et les réformes économiques.

Dans la foulée, le haut-commissaire a convoqué une réunion du gouvernement pour que soit désigné un président, permettant à l'exécutif de n'être plus limité à l'expédition des affaires courantes.

Alors que les non-indépendantistes sont profondément divisés, l'entente entre Calédonie Ensemble et des indépendantistes a suscité un tollé au sein des deux autres formations de droite, le Rassemblement-UMP et l'Union pour la Calédonie dans la France (UCF).

Ils ont accusé Calédonie Ensemble de "trahison avec la complicité de l'Etat socialiste" et "de magouilles politiciennes dans le dos des Calédoniens".

"L'indépendance est en marche", a assuré Cynthia Ligeard (UMP), présidente sortante du gouvernement.

Dans les rangs indépendantistes, le scrutin suscite également des tensions, un "ministre" de l'UC n'a pas participé à la réunion du gouvernement pour montrer son désaccord et un autre n'a pas voté pour M.Germain.

Le gouvernement calédonien était tombé le 16 décembre suite à la rupture d'un accord à droite pour stabiliser les institutions, au lendemain des provinciales de mai 2014. Un autre gouvernement a été élu mais était paralysé faute de président.

L'élection d'un président en Nouvelle-Calédonie est "positif pour le travail à conduire"

L'élection d'un président de l'exécutif en Nouvelle-Calédonie, après trois mois et demi de blocage, est "positif pour le travail à accomplir", a déclaré mercredi la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin.

Prenant "acte" de l'élection de Philippe Germain (Calédonie ensemble, centre droit), Mme Pau-Langevin "considère", dans une déclaration écrite à l'AFP, que "c'est positif pour le travail commun que nous avons à conduire et les dossiers importants que nous devons faire avancer".

L'archipel, engagé dans un processus de décolonisation en vertu de l'accord de Nouméa (1998), doit continuer d'absorber les transferts de compétences prévus, faire face à des difficultés économiques et sociales, et définir une stratégie pour l'exploitation du nickel, ressource stratégique mais que chaque province mène de son côté.

"Je rappelle que ce gouvernement est une instance collégiale et l'ensemble des forces calédoniennes demeurent des partenaires légitimes pour l'Etat", a souligné la ministre, alors que deux partis de la droite non indépendantiste ont crié à la "trahison avec la complicité de l'Etat socialiste" après l'élection de M. Germain grâce à des voix indépendantistes.

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Rédigé par () le Mercredi 1 Avril 2015 à 00:13 | Lu 628 fois