“En deux semaines, c’est comme si on avait gagné deux ans !”, se réjouit Manaarii Sham Koua, zootechnicien à l’Ifremer (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 16 avril 2024 - La première phase du projet Ostreapac est en cours à l’Ifremer de Vairao. Dans la continuité du congrès World Aquaculture, des scientifiques et acteurs privés de Nouvelle-Zélande, d’Australie, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française collaborent pour accélérer le développement de l’ostréiculture tropicale, de l’écloserie à l’assiette.
En parallèle de la filière historique de l’huître perlière, depuis 2019, l’Ifremer s’intéresse au potentiel de l’huître de roche. Deux espèces comestibles locales ont été identifiées sur l’archipel de la Société : Saccostrea cucullata et Saccostrea echinata, ou tio en tahitien. Les travaux de recherche et développement pour maîtriser son cycle de vie à des fins aquacole est en cours. Si le volet de l’écloserie est aujourd’hui maîtrisé, d’autres étapes restent à franchir, notamment en matière de grossissement.
Pour y parvenir, des collaborations sont à l’œuvre. Pendant deux semaines, à Vairao, des scientifiques et acteurs privés de Nouvelle-Zélande, d’Australie, de Nouvelle-Calédonie et du Fenua expérimentent leurs approches lors d’ateliers communs dans le cadre du projet Ostreapac, financé par le Fonds Pacifique. L’initiative découle du dernier congrès World Aquaculture, organisé à Darwin en mai 2023, avec un workshop ciblé sur l’ostréiculture tropicale.
En parallèle de la filière historique de l’huître perlière, depuis 2019, l’Ifremer s’intéresse au potentiel de l’huître de roche. Deux espèces comestibles locales ont été identifiées sur l’archipel de la Société : Saccostrea cucullata et Saccostrea echinata, ou tio en tahitien. Les travaux de recherche et développement pour maîtriser son cycle de vie à des fins aquacole est en cours. Si le volet de l’écloserie est aujourd’hui maîtrisé, d’autres étapes restent à franchir, notamment en matière de grossissement.
Pour y parvenir, des collaborations sont à l’œuvre. Pendant deux semaines, à Vairao, des scientifiques et acteurs privés de Nouvelle-Zélande, d’Australie, de Nouvelle-Calédonie et du Fenua expérimentent leurs approches lors d’ateliers communs dans le cadre du projet Ostreapac, financé par le Fonds Pacifique. L’initiative découle du dernier congrès World Aquaculture, organisé à Darwin en mai 2023, avec un workshop ciblé sur l’ostréiculture tropicale.
Des scientifiques et acteurs privés de Nouvelle-Zélande, d’Australie, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française collaborent pour accélérer le développement de l’ostréiculture tropicale (Crédit : Ifremer).
Un enjeu “mondial”
“L’ostréiculture tropicale, c’est un enjeu mondial”, explique Guillaume Mitta, chercheur détaché à l’Ifremer et directeur de l’unité mixte de recherche Secopol. “L’ostréiculture se concentre actuellement dans les zones tempérées, donc l’enjeu, c’est de développer une ostréiculture tropicale intégrée, car c’est une source de protéines saine, et qui présente très peu de coûts environnementaux. En Polynésie, ça peut contribuer à l’indépendance alimentaire et à la santé de notre planète, en limitant les importations d’huîtres par avion. C’est aussi une source de création d’emplois.”
“Il y a de multiples avantages, et c’est pour ça qu’on y met autant d’énergie. On est dans une stratégie de recherche et développement qui va permettre de faire émerger cette nouvelle activité au niveau mondial, et en particulier dans le Pacifique Sud, en sachant qu’on est leader dans la maîtrise de cette huître de roche”, poursuit le référent.
“Il y a de multiples avantages, et c’est pour ça qu’on y met autant d’énergie. On est dans une stratégie de recherche et développement qui va permettre de faire émerger cette nouvelle activité au niveau mondial, et en particulier dans le Pacifique Sud, en sachant qu’on est leader dans la maîtrise de cette huître de roche”, poursuit le référent.
Des avancées concrètes
Pour Manaarii Sham Koua, responsable de l’écloserie expérimentale de l’Ifremer, ces échanges constituent une avancée considérable. “On accueille des experts du Cawthron Institute, qui nous apportent une autre vision au niveau des élevages larvaires, des conditionnements et des itinéraires zootechniques. Cet apport extérieur est très enrichissant : en deux semaines, c’est comme si on avait gagné deux ans ! On travaille avec du vivant, donc il y a toujours des paramètres à ajuster avec ceux qui ont mis au point la technique pour éviter certains écueils. On ne démérite pas, car en amont, on a déjà une expertise sur le sujet, et c’est ce qui nous permet de combiner nos savoirs pour aller plus loin”, se réjouit le jeune zootechnicien en charge du développement sur l’huître perlière et l’huître de roche.
Parmi les techniques en cours d’expérimentation, il y a la triploïdisation (lire interview ci-dessous) qui permet d’optimiser la croissance des huîtres de l’ordre de 20 à 30%. Autres avantages : elles ne sont pas laiteuses et le risque de dissémination est contrôlé.
Parmi les techniques en cours d’expérimentation, il y a la triploïdisation (lire interview ci-dessous) qui permet d’optimiser la croissance des huîtres de l’ordre de 20 à 30%. Autres avantages : elles ne sont pas laiteuses et le risque de dissémination est contrôlé.
D’autres échanges
Une deuxième rencontre est prévue en Nouvelle-Calédonie en fin d’année. Les conclusions seront ensuite présentées à l’ensemble des acteurs de la communauté du Pacifique Sud, fin 2025, en Polynésie. En parallèle, un congrès international autour de l’ostréiculture tropicale devrait se tenir à Tahiti au premier semestre 2025, en présence d’une cinquantaine de scientifiques.
Quant à la commercialisation, les huîtres de bouche locales pourraient parvenir jusqu’à nos assiettes d’ici Noël 2026. D’autres tests, notamment en lagon à Vairao et Taravao, se poursuivent. Parmi d’autres porteurs de projets aquacoles, l’Ifremer et la Direction des ressources marines (DRM) apportent un appui technique à la société Ostrea Tahiti dans le cadre de la mise en œuvre de la future zone biomarine de Faratea.
Quant à la commercialisation, les huîtres de bouche locales pourraient parvenir jusqu’à nos assiettes d’ici Noël 2026. D’autres tests, notamment en lagon à Vairao et Taravao, se poursuivent. Parmi d’autres porteurs de projets aquacoles, l’Ifremer et la Direction des ressources marines (DRM) apportent un appui technique à la société Ostrea Tahiti dans le cadre de la mise en œuvre de la future zone biomarine de Faratea.
Julien Vignier, chercheur au Cawthron Institute : “La triploïdie pour améliorer les produits et la productivité”
“En Nouvelle-Zélande, on produit 2 500 tonnes d’huîtres par an, dont 80% pour l’exportation et 10% à destination de la Polynésie. On fait beaucoup de recherche appliquée et de sélection génétique avec les industriels, en particulier pour le développement de la triploïdie pour améliorer les produits et la productivité. Ça permet d’améliorer la qualité des huîtres en les rendant stériles dès les premiers stades de vie. Elles ne produisent plus de gamètes, donc elles grandissent plus vite en se focalisant sur leur croissance et elles sont bonnes à manger toute l’année. En France, on parle d’huître des quatre saisons. En Nouvelle-Zélande, on a développé cette technique sur l’huître creuse, et l’idée de mon séjour ici, c’est d’appliquer cette technique à l’huître de roche locale.”
Océane Robert, aquacultrice en Nouvelle-Calédonie : “Beaucoup d’astuces techniques et matérielles”
“Je monte un projet d’écloserie autonome pour l’élevage de coquillages, dont l’huître de roche. J’apprends beaucoup d’astuces techniques et matérielles. C’est toujours bénéfique d’échanger à plusieurs plutôt que de tâtonner tout seul dans son coin. Ça nous permet à tous de faire un grand bond en avant. Je vais pouvoir réduire mes coûts de production et ça me rassure de voir que nos méthodes sont similaires, et donc que je suis cohérente par rapport à mon projet. On va continuer à tisser ce lien de la ‘Oyster Family’ dans le Pacifique pour avancer ensemble.”