Municipales : Oscar parviendra-t-il à conserver son fief de Faa’a ?


FICHE D’IDENTITE

29 687 habitants
18 092 électeurs
Superficie : 3420 hectares
35 conseillers municipaux à élire
Maire sortant : Oscar Temaru (en poste depuis 1983)

Au dernier recensement de population, la commune de Faa’a est restée la plus peuplée de Polynésie française avec 29 687 habitants. Mais le déclin démographique est en marche. Faa’a est effectivement l’une des rares communes polynésiennes à avoir perdu des habitants (164 au total) entre les deux recensements de 2007 et 2012. La population est particulièrement marquée par sa jeunesse : près de quatre habitants sur dix ont moins de 25 ans.

Faa’a, comme toutes les communes de Tahiti, s’est d’abord développée en bordure de lagon, sur la bande côtière. Toutefois, aujourd’hui, il n’y a peu accès direct à la mer pour la population car la frange littorale est monopolisée par la plateforme aéroportuaire, la base militaire et par le complexe hôtelier de l’Intercontinental Tahiti. Seul véritable point d’accès libre à tous au littoral, le Fare Tau Va’a, dans la baie de Vaitupa.

Du point de vue économique, Faa’a est la porte d’entrée principale en Polynésie française des touristes (et des résidents) via l’aéroport international installé sur place depuis 1961. Autres sites importants pour l’emploi : le siège social d’EDT, la prison de Nuutania et l’hôtel Intercontinental.

Parmi les dossiers incontournables à traiter pour les 35 élus qui auront en main la gestion de la municipalité de Faa’a, le traitement des déchets, la résorption de l’habitat insalubre et la distribution de l’eau potable. Le schéma directeur de l’adduction en eau potable date de 1998 et la commune a fait le choix de garder une régie municipale de l’eau. Faa’a est aujourd’hui l’une des cinq communes de Polynésie à distribuer de l’eau 100% potable à ses administrés depuis plusieurs années. Mais les travaux d’amélioration du réseau d’eau existant -pour le remplacement de canalisations défectueuses- sont réguliers dans les différents quartiers, provoquant des coupures de l’alimentation et la grogne des usagers.

Le sujet, souvent polémique, sur la commune concerne le traitement des déchets ménagers. Faa’a, est l’une des dernières communes de Tahiti à ne pas envoyer ses ordures ménagères au Centre d’enfouissement technique (CET) de Paihoro. A Faa’a, les déchets sont entassés à la décharge municipale de Saint Hilaire sur un terrain privé en indivision ! En novembre 2013, le Pays a déposé une plainte pour atteinte à l’environnement.

Politiquement, Faa’a est le bastion depuis trente ans du leader indépendantiste Oscar Manutahi Temaru, président du Pays à sept reprises entre 2004 et 2013, figure charismatique du mouvement souverainiste polynésien. Elu en 1983 pour la première fois, le maire fit ériger deux ans plus tard à Tavararo une stèle en mémoire des habitants de Faa’a «morts en 1844 pour avoir défendu leur île et leur liberté, contre les soldats français». Depuis la tradition est de commémorer chaque 29 juin, ces soldats de la liberté, alors que la date est celle choisie par Gaston Flosse pour célébrer l’autonomie de la Polynésie française. En 2013, le budget principal de la commune de Faa’a s’élevait à 5,1 milliards de Fcfp (dont 1,6 milliard en investissement).

LES CANDIDATS

Oscar Temaru (Tavini)
69ans. Retraité des douanes. Maire sortant

Représentant à l’assemblée de Polynésie, il préside aux destinées de sa ville depuis 31 ans. Lors des dernières municipales en 2008, il avait été élu 65,19% des voix.
Oscar Temaru entend mobiliser autour du thème fédérateur « Aime ta commune et aime ton Pays » et appelle la population de Faa’a à se mettre au service de la commune de façon constructive et respectueuse. Il forge un programme dans lequel l’humain est au centre des préoccupations municipales, économique avec le prix de l’eau et du traitement des déchets qui demeureront stables, pédagogique avec un programme d’éducation pour tous utilisant le réseau associatif, et environnemental au moyen d’PGA permettant la réappropriation du littoral de Faa’a. Le leader indépendantiste, fidèle à son idéologie invite dans le même temps ses administrés à «travailler ensemble pour que vive Maohi Nui et qu’il devienne un Etat libre et souverain ».




Isabelle Sachet (Tahoeraa)
55 ans. Retraitée de l’Education nationale.

Elue à l’assemblée de Polynésie française pour la première fois en mai 2013, Isabelle Sachet a reçu l’investiture du Tahoeraa pour ces municipales de 2014. En 2008, le parti orange n’avait même pas essayé de contrer Oscar Temaru dans ses terres. C’est dire l’enjeu politique qui repose sur la liste Faa’a Te Puna Ora (Faa’a source de vie) qui sera dévoilée publiquement le 24 février prochain. «Notre priorité est de changer le visage de notre commune qui est la porte d’entrée de la Polynésie française. Nous travaillons ensuite sur différents axes : l’emploi local, l’accompagnement de la famille et des jeunes et enfin la protection et la mise en valeur de notre environnement et de notre culture». En cas d’échec, Isabelle Sachet entrerait toutefois au conseil municipal de Faa’a pour assumer son «rôle de minorité constructive».



Teura Tarahu Atuahiva (A Ti’a Porinetia)
49 ans. En disponibilité professionnelle.

Représentante de l’assemblée de Polynésie depuis mai 2013, son premier mandat territorial, Teura Tarahu Atuahiva n’est pas une inconnue à Faa’a. En 2008, elle est élue conseillère municipale de la commune sur la liste d’Oscar Temaru. Elle seconde l’adjointe en charge des affaires sociales. Mais en mars 2013, en désaccord avec les idées du Tavini, elle démissionne de son mandat et rejoint A Ti’a Porinetia. La liste d’ouverture qu’elle conduit à Faa’a sous les couleurs originelles de la ville en vert et jaune est intitulée tout simplement Tefana To’u ‘Ai’a (Faa’a notre ville). Elle met l’accent sur la participation de membres du milieu associatif de la commune au sein duquel Teura Tarahu Atuahiva est très active. Les grands thèmes abordés sont le désenclavement des quartiers isolés, la lutte contre l’insécurité, la mise en place de services de proximité pour la population et l’embellissement de la ville.


Teiva MANUTAHI (Liste d’Union)
37 ans. En disponibilité professionnelle.

Il entre en politique en Août 2004 au sein du parti Porinetia Ora dont il devient le président le 08 décembre 2006. Après les législatives en 2012, il participe également aux Territoriales où il obtient 5,71 % de suffrages exprimés. Après une rencontre avec Gaston Flosse, Il appelle son électorat de plus de 4000 voix à voter pour le parti orange. Ce professionnel du milieu social se présente donc aux prochaines municipales, après une première expérience en 2008, avec une liste d’union «’ia ora o Fa’a’a » et des projets innovants : « je me pencherai sur la décharge de Sainte Hilaire ou encore la mise en place d’une route de contournement avec un accès au Motu Tahiri et un tunnel qui mènerait directement à Motu uta. 34 milliards. J’ai le projet et on a le financement. » La liste compterait un certains nombre d’hommes politiques connus.

Rédigé par () le Mardi 18 Février 2014 à 09:49 | Lu 2944 fois