Tahiti Infos

Motel Papa Raymond : 15 mois pour l’incendiaire


Motel Papa Raymond : 15 mois pour l’incendiaire
Tahiti le 21 avril 2025. La personne sans-abri qui squattait le motel Papa Raymond à Faa’a comparaissait ce jeudi pour avoir involontairement mis le feu à l’établissement. Les faits, requalifiés en incendie volontaire, ont été reconnus par le prévenu qui a été condamné à 15 mois de prison dont 7 mois ferme. 

Le motel Papa Raymond, entaché par une affaire de prostitution en 2018, était sous scellé depuis sept ans. Un homme de 61 ans, sans domicile fixe, s’y était installé il y a un an. Il partageait l’endroit avec un colocataire et épisodiquement, quelques amis.

Le 10 mars, l’établissement est parti en fumée. L’homme était jugé jeudi en comparution immédiate pour destruction involontaire. Mais l’origine de l’incendie qui a ravagé le motel et une voiture et qui détérioré un restaurant attenant -les dégâts sont estimés à 8 millions de francs- reste incertaine.

Plusieurs versions ont été livrées : l’homme a dit d’abord avoir mis le feu dans une cuve extérieure qui servait de toilettes et de poubelles. "En me réveillant, j’ai été gêné par l’odeur, j’y ai mis le feu." Les experts ont assuré, eux, que le feu était parti de l’intérieur du bâtiment. "Oui, c’est ça, j’ai fait brûler des cartons dedans", a affirmé le prévenu à la barre.

Il aurait dit à une cousine et son colocataire après les faits "j’en ai rien à foutre, c’est pas à nous". Un témoin rapporte avoir entendu un "cri de joie" émit de la part du prévenu. Lui parle plutôt de peur. Il se pourrait aussi que le feu soit parti d’un ‘uru en cours de cuisson.

Déficience intellectuelle

Dans l’affaire, une chose est certaine, le prévenu présente une "déficience intellectuelle modéré", à en croire une expertise psychiatrique. Il aurait des "troubles mnésiques". Son discours serait "peu élaboré" et il afficherait un raisonnement et une logique d’un enfant de 6 ans.

Difficile donc de faire la lumière sur le déroulé des faits, malgré les témoins et les images de vidéosurveillance. Pour les ayants droits, ils sont une vingtaine, la question de la responsabilité reste entière. L’avocate de quatorze d’entre eux envisage d’interroger l’Etat à ce propos puisque le bien était sous scellé.

"Il serait injuste qu’une fratrie qui attendait cela depuis des années, perde son héritage. A mon sens l’Etat n’a pas joué son rôle." Le motel n’était, quoi qu’il arrive, pas assuré contre l’incendie volontaire.  L’affaire a été renvoyée sur intérêts civils au 15 septembre. A la lecture du dossier et suite aux échanges qui ont eu lieu entre le prévenu et le tribunal, le procureur a demandé une requalification. Pour lui il n’était plus question d’incendie involontaire, mais volontaire. Et, même si l’affaire n’avait pas été requalifiée, il a relevé manquements.

"Quand on brûle du bois et /ou des végétaux on a l’obligation légale d’informer les autorités pour qu’ils se tiennent prêts à réagir", a-t-il rappelé. Il a également pointé du doigt le non-respect du règlement communal qui impose aux particuliers une limite horaire des feux. A Faa’a, ils sont autorisés jusqu’à 13 heures, or, au motel il est parti après 15 h. Il a requis une peine mixte de 24 mois dont la moitié en sursis probatoire. L’avocate du prévenu a "entendu" la demande des victimes, des parties civiles et du ministère public mais "mon client n’est pas coupable" a-t-elle insisté. Elle a plaidé pour sa relaxe. "On a profité de la vulnérabilité de mon client."

Selon elle, "il s’emmêle les pinceaux", "il n‘a pas commis ce qu’on lui reproche". Le prévenu a finalement été déclaré coupable pour incendie volontaire avec une peine de 15 mois de prison dont 8 mois avec sursis et maintien en détention.

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 21 Avril 2025 à 16:10 | Lu 1808 fois