Moruroa e tatou mise sur la jeunesse pour “réveiller les consciences”


La conférence de presse s’est tenue au siège de l’Église protestante mā’ohi, en présence des séminaristes de la “Semaine du nucléaire” (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 29 juin 2024 – Pour commémorer le premier tir nucléaire Aldébaran du 2 juillet 1966, l’association Moruroa e tatou et l’Église protestante mā’ohi organisent une marche et un rassemblement, mardi, à Papeete. En plein entre-deux-tours des élections législatives, la parole sera donnée aux jeunes référents des arrondissements, qui ont participé cette semaine à un séminaire dédié au fait nucléaire.
 
Cette semaine, l’association Moruroa e tatou et l’Église protestante mā’ohi ont organisé la “Nuclear Week”, un séminaire auquel une soixantaine de jeunes Polynésiens ont participé en présence d’intervenants locaux, nationaux et internationaux, dans la continuité du Pacey Award remporté en janvier dernier. Une conférence de presse est venue clore ces rencontres, samedi, au siège de l’Église, en marge du premier tour des élections législatives anticipées et de l’ex-fête de l’Autonomie.
 
À l’approche de la commémoration du premier tir nucléaire Aldébaran opéré par l’État en Polynésie française, le 2 juillet 1966, une marche sera organisée à Papeete mardi, suivie d’un rassemblement à Paofai. Si les arrondissements sont assurément engagés dans cette manifestation, elle est ouverte à tous, autrement dit “au peuple”, en sachant que, de son côté, l’association 193 a lancé un appel en faveur d’un rassemblement devant le haut-commissariat.
 

Un combat au cœur des élections législatives


Lors de cette manifestation pacifique qui se déroulera pendant l’entre-deux-tours, la parole ne devrait pas être donnée aux représentants politiques, bien que le sujet du nucléaire figure sur toutes les professions de foi. “Nous sommes étonnés que tous les partis portent ce combat dans ces législatives, mais pas si étonnés que ça, finalement, car c’est un sujet qui commence à prendre de l’ampleur dans nos paroisses, communes, quartiers, etc. Tant que cette volonté de mettre en avant le fait nucléaire dans leur combat est réelle, et pas une manipulation, tant mieux, j’ai envie de dire ! Qu’ils le fassent ou pas, le combat continue et avance”, nous a confié le président de Moruroa e tatou, Tevaearai Puarai.
 
À 29 ans, le nouveau leader et porte-parole de l’association a insisté sur le “nouveau souffle” porté par la jeunesse, “une nouvelle génération debout pour la vérité et la justice”, et pour “réveiller les consciences” à travers une réorganisation impliquant la mise en place de référents dans chaque paroisse. En parallèle, un hommage a été rendu à Roland Oldham, Bruno Barrillot et John Doom, piliers de ce combat transgénérationnel, dont les portraits étaient affichés dans la salle.
 
Le “défi” évoqué par le président de l’Église protestante mā’ohi, François Pihaatae, est aussi législatif et juridique. L’avocat Philippe Neuffer a rappelé les limites de la loi Morin, loin de “l’indemnisation automatique” souhaitée pour les victimes, voire leurs ayants droit. Délais, seuil d’exposition, liste des maladies radio-induites, les obstacles et les rejets de dossiers restent trop nombreux pour le professionnel du droit. Dans ce sombre tableau, un point positif a tout de même été mentionné au chapitre de l’éducation, en lien avec une actualité moins médiatique : le sujet d’histoire du diplôme national du brevet, qui a abordé les retombées de l’essai Centaure du 17 juillet 1974, à Tahiti. 
 

Programme du mardi 2 juillet

7h00 : rassemblement des participants et cérémonie du rā’au mā’ohi.
8h00 : départ des trois cortèges du quai de Papeete, de la mairie et du stade Willy-Bambridge. Réunion au croisement de l’avenue Pouvana’a a Oopa, puis sur la place Paofai.
9h00-13h00 : discours, chants et prestations des représentants des arrondissements sur le thème “Le don, c’est la vie du peuple”, suivis d’un repas partagé.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Samedi 29 Juin 2024 à 18:15 | Lu 1656 fois