Tahiti, le 27 décembre 2022 – Après trois missions d'observation, sur trois ans, pour quantifier le nombre de grands requins-marteaux et comprendre les pics de fréquentation, l'association Mokarran Protection Society, basée à Rangiroa, débute en ce mois de décembre un cycle de missions pour les trois prochaines années dédié à la migration de ce requin. L'enjeu est de taille : le grand requin-marteau est une espèce gravement menacée d'extinction et Rangiroa semble être son sanctuaire.
L'association Mokarran Protection Society, basée à Rangiroa, s'apprête à lancer sa quatrième mission d'observation des grands requins-marteaux. Cette association est née de l'intérêt et de la passion de trois moniteurs de plongée de l'atoll des Tuamotu pour cette espèce “mystérieuse”, mais qui n'avaient aucun bagage scientifique. En faisant des recherches documentaires, ils se rendent compte qu'il n'existe aucune publication sur le grand requin-marteau en Polynésie française, alors que l'animal y est observé, par saisonnalité, notamment à Rangiroa, où les plongeurs amateurs rêvent tous de croiser leur route une fois sous l'eau. Les seuls écrits scientifiques ont été rédigés en Floride, en Australie et en Afrique du Sud. C'est une rencontre qui va les encourager à se lancer dans l'observation de l'espèce : celle du patron de la manufacture de haute horlogerie Blancpain, passionné par le grand requin-marteau et qui a développé au sein de son entreprise un département dédié à la protection des océans. Il a les fonds ; les trois moniteurs les compétences. Ils s'entourent de bénévoles biologistes, plongeurs en profondeur... et créent l'association Mokarran Protection Society en 2019.
La première mission d'observation aura lieu en janvier-février et durera seulement 15 jours. Grâce au renouvellement de partenariat avec Blancpain mais aussi à l'arrivée d'un nouveau partenaire, la Banque de Tahiti, une deuxième mission est organisée de décembre à mi-mars 2021. Dorénavant, les missions dureront trois mois et demi, ce qui correspond à la saison de haute fréquentation des requins-marteaux. La 3e mission a lieu en 2022. Ces trois missions sont encadrées par la Direction de l'environnement car l'approche et l'étude des grands requins-marteaux sont strictement réglementées par le code de l'environnement polynésien. “On n'avait que l'autorisation de faire de la photo-identification”, se souvient Jean-Marie Jeandel, le président de Mokarran Protection Society. L'objectif de cette première phase de trois ans était de quantifier le nombre de requins et de comprendre les pics de fréquentation.
L'association Mokarran Protection Society, basée à Rangiroa, s'apprête à lancer sa quatrième mission d'observation des grands requins-marteaux. Cette association est née de l'intérêt et de la passion de trois moniteurs de plongée de l'atoll des Tuamotu pour cette espèce “mystérieuse”, mais qui n'avaient aucun bagage scientifique. En faisant des recherches documentaires, ils se rendent compte qu'il n'existe aucune publication sur le grand requin-marteau en Polynésie française, alors que l'animal y est observé, par saisonnalité, notamment à Rangiroa, où les plongeurs amateurs rêvent tous de croiser leur route une fois sous l'eau. Les seuls écrits scientifiques ont été rédigés en Floride, en Australie et en Afrique du Sud. C'est une rencontre qui va les encourager à se lancer dans l'observation de l'espèce : celle du patron de la manufacture de haute horlogerie Blancpain, passionné par le grand requin-marteau et qui a développé au sein de son entreprise un département dédié à la protection des océans. Il a les fonds ; les trois moniteurs les compétences. Ils s'entourent de bénévoles biologistes, plongeurs en profondeur... et créent l'association Mokarran Protection Society en 2019.
La première mission d'observation aura lieu en janvier-février et durera seulement 15 jours. Grâce au renouvellement de partenariat avec Blancpain mais aussi à l'arrivée d'un nouveau partenaire, la Banque de Tahiti, une deuxième mission est organisée de décembre à mi-mars 2021. Dorénavant, les missions dureront trois mois et demi, ce qui correspond à la saison de haute fréquentation des requins-marteaux. La 3e mission a lieu en 2022. Ces trois missions sont encadrées par la Direction de l'environnement car l'approche et l'étude des grands requins-marteaux sont strictement réglementées par le code de l'environnement polynésien. “On n'avait que l'autorisation de faire de la photo-identification”, se souvient Jean-Marie Jeandel, le président de Mokarran Protection Society. L'objectif de cette première phase de trois ans était de quantifier le nombre de requins et de comprendre les pics de fréquentation.
115 requins observés
Des plongées sont organisées à Rangiroa, mais aussi à Tikehau, avec des palanquées de trois personnes “pour rester discrets auprès des requins” ; tous des plongeurs expérimentés de niveau 3 minimum. Car les plongées peuvent aller jusqu'à 120 mètres de fond. Les rôles sont bien définis : un opérateur laser est chargé de mesurer les requins observés, un s'occupe des prises de vue et enfin le dernier supervise la plongée pour le volet sécurité. Après la phase d'observation, débute celle – beaucoup plus longue – du traitement des données collectées pour établir une fiche d'identification de chacun des requins observés. “On cherches les détails physiques de chacun des requins, la petite anomalie sur sa nageoire dorsale et l'analyse détaillée des images nous permet de déterminer si c'est un mâle ou une femelle.” En trois ans, ce sont 115 requins qui ont été observés, “ce qui est unique au monde”, confie Jean-Marie Jeandel.
À l'issue de ces trois années d'observation, les premières conclusions ont pu être tirées : “Rangiroa est le sanctuaire de cette espèce au monde ; il y a clairement deux saisons, une saison ‘femelles’ de décembre à mars avec 90% des individus qui sont des femelles et une saison ‘mâles’ d'août à novembre où 75% des individus sont des mâles ; et on n'a observé que des adultes à maturité sexuelle”, précise le président de Mokarran Protection Society. En revanche, il n'est pas encore possible de dire si leur nombre est en augmentation ou en baisse. Mais une chose est sûre : l'espèce est menacée. Elle a été classée “en danger critique d'extinction” en 2018 par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). “80 % de la population a été décimée dans le monde entier. Si rien n'est fait, dans quinze ou vingt ans, il n'y en aura plus”, alarme Jean-Marie Jeandel.
À l'issue de ces trois années d'observation, les premières conclusions ont pu être tirées : “Rangiroa est le sanctuaire de cette espèce au monde ; il y a clairement deux saisons, une saison ‘femelles’ de décembre à mars avec 90% des individus qui sont des femelles et une saison ‘mâles’ d'août à novembre où 75% des individus sont des mâles ; et on n'a observé que des adultes à maturité sexuelle”, précise le président de Mokarran Protection Society. En revanche, il n'est pas encore possible de dire si leur nombre est en augmentation ou en baisse. Mais une chose est sûre : l'espèce est menacée. Elle a été classée “en danger critique d'extinction” en 2018 par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). “80 % de la population a été décimée dans le monde entier. Si rien n'est fait, dans quinze ou vingt ans, il n'y en aura plus”, alarme Jean-Marie Jeandel.
“Il y a urgence”
La principale menace qui pèse sur le grand requin-marteau est l'homme. “Il a une splendide nageoire dorsale qui peut atteindre 40 centimètres, avec une valeur marchande importante”. Pour lui, il est donc urgent d'agir. Pour cela, il est nécessaire d'en apprendre davantage sur la migration du grand requin-marteau et sur les différentes étapes de son cycle de vie. C'est justement l'objet de la deuxième phase qui débute ce mois-ci, pour une durée de trois ans, à raison, là encore, d'une mission d'observation de trois mois et demi par an. La Diren a donné son autorisation à l'association pour qu'elle aille plus loin dans ses recherches scientifiques. Mokarran Protection Society s'est donc associée, pour cette deuxième phase, à un cabinet d'experts scientifiques, Andromède océanologie. “Ils vont mettre à contribution leurs outils technologiques, mais aussi leur expertise en plongée profonde et en prise de vue.”
Pour cette nouvelle phase d'observation, des balises vont être posées pour suivre la migration. Il s'agit de balises acoustiques qui vont biper lorsqu'un requin passe devant et l'enregistrer. “Il y a de fortes chances que le requin se balade dans les Tuamotu. La Polynésie française pourrait être la dernière chance de survie de cette espèce”, précise Jean-Marie Jeandel. “Malheureusement, on est encerclé par les flottes de bateaux de pêche asiatiques, européens, sud-américains. Si les femelles qui sont pleines sortent de la ZEE et sont pêchées, on n'arrivera pas à sauver l'espèce.” Pour empêcher la disparition de l'animal, il faut protéger ses zones clés de vie. “Si les bébés naissent à tel endroit, il ne faut surtout pas aller y construire un hôtel sur pilotis, il ne faut pas les embêter”, poursuit le président de l'association. “Si on arrive à identifier les couloirs de migration des femelles pleines, ça se jouera au niveau international : des décisions devront être prises pour arrêter de pêcher sur cet axe à telle période.” Car le grand requin-marteau est de surcroît une espèce qui a du mal à se régénérer : les femelles sont fécondables une année sur deux et ont une maturité sexuelle tardive.
“On en est qu'au début de la connaissance”, conclut Jean-Marie Jeandel. “Mais il faut qu'on sauve ce requin parce que c'est un trésor de la nature, et surtout parce que ça touche aux légendes polynésiennes. Il a toujours été présent dans la mémoire collective des gens. Mokarran, c'est une approche scientifique, mais aussi une approche culturelle.”
Pour cette nouvelle phase d'observation, des balises vont être posées pour suivre la migration. Il s'agit de balises acoustiques qui vont biper lorsqu'un requin passe devant et l'enregistrer. “Il y a de fortes chances que le requin se balade dans les Tuamotu. La Polynésie française pourrait être la dernière chance de survie de cette espèce”, précise Jean-Marie Jeandel. “Malheureusement, on est encerclé par les flottes de bateaux de pêche asiatiques, européens, sud-américains. Si les femelles qui sont pleines sortent de la ZEE et sont pêchées, on n'arrivera pas à sauver l'espèce.” Pour empêcher la disparition de l'animal, il faut protéger ses zones clés de vie. “Si les bébés naissent à tel endroit, il ne faut surtout pas aller y construire un hôtel sur pilotis, il ne faut pas les embêter”, poursuit le président de l'association. “Si on arrive à identifier les couloirs de migration des femelles pleines, ça se jouera au niveau international : des décisions devront être prises pour arrêter de pêcher sur cet axe à telle période.” Car le grand requin-marteau est de surcroît une espèce qui a du mal à se régénérer : les femelles sont fécondables une année sur deux et ont une maturité sexuelle tardive.
“On en est qu'au début de la connaissance”, conclut Jean-Marie Jeandel. “Mais il faut qu'on sauve ce requin parce que c'est un trésor de la nature, et surtout parce que ça touche aux légendes polynésiennes. Il a toujours été présent dans la mémoire collective des gens. Mokarran, c'est une approche scientifique, mais aussi une approche culturelle.”
Une mission scientifique, mais aussi de sensibilisation et de développement
L'association Mokarran Protection Society est organisée en quatre pôles. Les deux premiers sont tournés vers l'approche scientifique, avec Mokarran sciences, qui comprend les scientifiques qui sont sur le terrain et exploitent les données et Mokarran exploration, qui organise les plongées à Rangiroa et Tikehau, entre 0 et 120 m de fond.
Mais outre l'approche scientifique, l'association a aussi une mission de sensibilisation du public adulte et des scolaires avec Mokarran académie. Le fare Mokarran, situé au niveau de la pointe de la passe de Tiputa à Rangiroa, accueille les visiteurs qui pourront notamment y découvrir des panneaux avec les fiches d'identification des requins observés. Les membres de l'association interviennent également dans les différents établissements scolaires de la Polynésie.
Enfin, Mokarran fenua vise à encourager la micro-économie locale et à développer son activité autour de la faune marine (par exemple orienter l'artisanat local autour de la faune marine).
Mais outre l'approche scientifique, l'association a aussi une mission de sensibilisation du public adulte et des scolaires avec Mokarran académie. Le fare Mokarran, situé au niveau de la pointe de la passe de Tiputa à Rangiroa, accueille les visiteurs qui pourront notamment y découvrir des panneaux avec les fiches d'identification des requins observés. Les membres de l'association interviennent également dans les différents établissements scolaires de la Polynésie.
Enfin, Mokarran fenua vise à encourager la micro-économie locale et à développer son activité autour de la faune marine (par exemple orienter l'artisanat local autour de la faune marine).