Paris, France | AFP | jeudi 24/10/2018 - "Système stupide", "politique punitive"... A partir de 2020, un patient refusant un médicament générique sans justification médicale sera moins remboursé, une mesure jugée "contre-productive" aussi bien par les associations de malades que par les syndicats de médecins et de pharmaciens.
Comme ses prédécesseurs, le projet de budget de la sécurité sociale pour 2019 mise sur la promotion des génériques pour réaliser une partie des 3,8 milliards d'euros d'économies demandés à la santé.
Le recours à ces médicaments, en moyenne 30% moins chers que les marques d'origine (princeps), représente "un geste citoyen", selon la ministre de la Santé Agnès Buzyn, permettant à la Sécu de financer d'autres traitements innovants.
Mais il "est encore relativement limité" en France, "de l'ordre de 36% en volume en 2016", alors qu'"il dépasse les 80%" en Allemagne et au Royaume-Uni, selon l'article 43 du texte examiné depuis mardi par les députés.
Et ce en dépit des multiples campagnes nationales d'information, du dispositif tiers payant (dispense d'avance de frais) contre génériques, ou encore des incitations financières pour les pharmaciens et les médecins.
A partir de 2020, les patients qui refuseront un générique en pharmacie sans justification médicale ne seront donc plus remboursés sur la base du prix du princeps mais sur celui du générique le plus cher. Ils devront "mettre de leur poche" s'ils souhaitent une marque, avait expliqué la ministre en septembre.
De quoi hérisser l'organisation France Assos Santé, qui représente 80 associations de patients. Alors que les professionnels de santé sont rétribués pour promouvoir les génériques, les malades sont eux "sanctionnés" s'indigne l'organisme, dénonçant "une insupportable logique du +deux poids, deux mesures+".
Cette "nouvelle punition" ne fera "qu'alimenter les doutes sur" ces médicaments et se révélera "inégalitaire" et "contre-productive", prévient l'organisation, par ailleurs favorable aux génériques.
Parallèlement, une deuxième mesure vise à limiter le recours de plus en plus fréquent à la mention "non substituable" sur les ordonnances, qui empêche le pharmacien d'imposer un générique à la place du princeps.
Les médecins devront justifier cette mention, retrouvée sur plus de 8% des ordonnances, par des "critères médicaux objectifs", définis avec l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.
Fait rare, les principaux syndicats de médecins libéraux mais aussi de pharmaciens se sont unis pour dénoncer une "dérive bureaucratique", prédisant "des situations conflictuelles et chronophages". - 'reste à charge' - Sur les "trois exceptions" qui justifient actuellement la mention non substituable, "deux sont marginales", explique le président de la CSMF (médecins) Jean-Paul Ortiz, citant les rares médicaments "à marge thérapeutique étroite" pour lesquels l'écart entre la dose efficace et la dose néfaste est faible, et les allergies "avérées" à certains composants.
"Dans 90% des cas", c'est "le risque de confusion" chez les patients qui est en cause, explique-t-il.
Les malades chroniques âgés qui prennent de nombreux médicaments se retrouvent "perdus" si les produits changent de "forme, de couleur" et de nom "tous les trois mois", abonde son homologue de MG France Jacques Battistoni.
"Ecrire +risque de confusion+ ou +illettrisme+ sur l'ordonnance" parait insensé au Dr Ortiz, compte tenu des réactions que cela pourrait susciter chez les patients.
Et comment réagir face à un malade "qui nous soutient mordicus qu'un médicament ne lui convient pas ?", s'interroge le Dr Battistoni.
Côté pharmaciens, le président de l'USPO Gilles Bonnefond dénonce un "système stupide" qui créera "un reste à charge pour les patients" et ne sera pas appliqué par les médecins qui pourront toujours prétexter une allergie impossible à vérifier.
En outre, quand ils existent, les génériques sont substitués dans 90% des cas par les pharmaciens, rappelle de son côté Philippe Besset, vice-président de la FSPF. Mais délivrer des marques permet parfois de "s'assurer que le patient prendra bien son traitement", insiste-t-il.
Quelque 80 millions d'euros d'économies sont espérés après l'entrée en vigueur de ce dispositif.
Comme ses prédécesseurs, le projet de budget de la sécurité sociale pour 2019 mise sur la promotion des génériques pour réaliser une partie des 3,8 milliards d'euros d'économies demandés à la santé.
Le recours à ces médicaments, en moyenne 30% moins chers que les marques d'origine (princeps), représente "un geste citoyen", selon la ministre de la Santé Agnès Buzyn, permettant à la Sécu de financer d'autres traitements innovants.
Mais il "est encore relativement limité" en France, "de l'ordre de 36% en volume en 2016", alors qu'"il dépasse les 80%" en Allemagne et au Royaume-Uni, selon l'article 43 du texte examiné depuis mardi par les députés.
Et ce en dépit des multiples campagnes nationales d'information, du dispositif tiers payant (dispense d'avance de frais) contre génériques, ou encore des incitations financières pour les pharmaciens et les médecins.
A partir de 2020, les patients qui refuseront un générique en pharmacie sans justification médicale ne seront donc plus remboursés sur la base du prix du princeps mais sur celui du générique le plus cher. Ils devront "mettre de leur poche" s'ils souhaitent une marque, avait expliqué la ministre en septembre.
De quoi hérisser l'organisation France Assos Santé, qui représente 80 associations de patients. Alors que les professionnels de santé sont rétribués pour promouvoir les génériques, les malades sont eux "sanctionnés" s'indigne l'organisme, dénonçant "une insupportable logique du +deux poids, deux mesures+".
Cette "nouvelle punition" ne fera "qu'alimenter les doutes sur" ces médicaments et se révélera "inégalitaire" et "contre-productive", prévient l'organisation, par ailleurs favorable aux génériques.
Parallèlement, une deuxième mesure vise à limiter le recours de plus en plus fréquent à la mention "non substituable" sur les ordonnances, qui empêche le pharmacien d'imposer un générique à la place du princeps.
Les médecins devront justifier cette mention, retrouvée sur plus de 8% des ordonnances, par des "critères médicaux objectifs", définis avec l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.
Fait rare, les principaux syndicats de médecins libéraux mais aussi de pharmaciens se sont unis pour dénoncer une "dérive bureaucratique", prédisant "des situations conflictuelles et chronophages". - 'reste à charge' - Sur les "trois exceptions" qui justifient actuellement la mention non substituable, "deux sont marginales", explique le président de la CSMF (médecins) Jean-Paul Ortiz, citant les rares médicaments "à marge thérapeutique étroite" pour lesquels l'écart entre la dose efficace et la dose néfaste est faible, et les allergies "avérées" à certains composants.
"Dans 90% des cas", c'est "le risque de confusion" chez les patients qui est en cause, explique-t-il.
Les malades chroniques âgés qui prennent de nombreux médicaments se retrouvent "perdus" si les produits changent de "forme, de couleur" et de nom "tous les trois mois", abonde son homologue de MG France Jacques Battistoni.
"Ecrire +risque de confusion+ ou +illettrisme+ sur l'ordonnance" parait insensé au Dr Ortiz, compte tenu des réactions que cela pourrait susciter chez les patients.
Et comment réagir face à un malade "qui nous soutient mordicus qu'un médicament ne lui convient pas ?", s'interroge le Dr Battistoni.
Côté pharmaciens, le président de l'USPO Gilles Bonnefond dénonce un "système stupide" qui créera "un reste à charge pour les patients" et ne sera pas appliqué par les médecins qui pourront toujours prétexter une allergie impossible à vérifier.
En outre, quand ils existent, les génériques sont substitués dans 90% des cas par les pharmaciens, rappelle de son côté Philippe Besset, vice-président de la FSPF. Mais délivrer des marques permet parfois de "s'assurer que le patient prendra bien son traitement", insiste-t-il.
Quelque 80 millions d'euros d'économies sont espérés après l'entrée en vigueur de ce dispositif.