Moins de vols depuis 2015, mais le mode opératoire a changé


La délinquance, un fléau qui pourra disparaitre grâce à la coordination des moyens entre l'Etat, le pays et les communes. Mais les parents ont aussi un rôle à jouer.
PAPEETE, le 10 octobre 2018 - Il y a moins de vols depuis 2015 en Polynésie française. Mais les autorités ont constaté que le mode opératoire a changé depuis. Lors des journées de la sécurité ce mercredi, à la mairie de Papeete, le haut-commissaire, René Bidal a donné les derniers chiffres concernant la délinquance au fenua.

Selon les chiffres du Haut-commissariat, les vols sont en baisse depuis 2015. "En 2017, 5 989 faits ont été constatés, soit une baisse de 374 faits par rapport à 2016." Cependant, "on déplore un changement de comportement dans les modes opératoires, moins de retenue et moins de scrupule dans le passage à l'acte." Le haut-commissaire, René Bidal préconise une prise de conscience générale pour venir à bout de ces infractions.

UN TRAVAIL DE PARTENARIAT AVEC LE MILIEU SCOLAIRE

"Deuxièmement, il faut restaurer ce qui existait beaucoup en Polynésie, c'est-à-dire l'assistance des parents, l'éducation, l'exemplarité des familles. Cela a tendance à disparaître et c'est très dommage, parce que les premières valeurs sont apprises dans la famille. Et ces valeurs polynésiennes qui étaient très fortes, il y a 10-15 ans, ont tendance aujourd'hui à s'abimer", souligne le haut-commissaire.

Si les chiffres démontrent une baisse de la délinquance des mineurs entre 2016 et 2017, ce public "représente (tout de même) environ un tiers des personnes mises en cause dans les affaires de vols." Des vols "simples, liés à l'automobile et aux deux-roues." Les mineurs sont à l'origine de 18 % des violences en général et de plus de 19,5 % des crimes et délits sexuels.

Autre problème qui s'amplifie au fenua, les phénomènes de bandes, avec la diffusion de vidéos à caractère violent sur les réseaux sociaux. Il y a aussi une augmentation en ce qui concerne les violences intrafamiliales, avec une jeunesse qui manifeste moins de "self control".

LES "RENCONTRES DE LA SÉCURITÉ" POUR MIEUX CONNAITRE LES DIFFÉRENTS MÉTIERS


Ces comportements inquiètent la société et les forces de l'ordre font de leur mieux "pour protéger nos concitoyens"." De nombreux cambriolages sont résolus, notamment grâce à la systématisation du recours à la Police technique et scientifique (PTS)", assure le représentant de l’État en Polynésie française.

D'où l'importance de les mettre en avant, à travers les "Rencontres de la sécurité" qui se tiennent sur quatre jours, cette semaine. L'événement a démarré ce mercredi, dans les jardins de la mairie de Papeete, et à Hyper U dans l'après-midi. Il s'agit de découvrir les différentes facettes de ces professions, police municipale, police nationale, gendarmes, militaires, associations de secourisme, protection civile… Comment interviennent-ils ? Quels sont les moyens mis leur disposition ? Le public a pu apprécier les différentes démonstrations préparées pour l'occasion. Ce jeudi, le rendez-vous est donné à Carrefour Faa'a, de 9 heures à 17 heures. Vendredi, direction Carrefour Arue, de 9 heures à 17 heures. Samedi, rendez-vous à Carrefour Taravao, de 9 heures à 17 heures.

COORDONNER LES MOYENS

Et en termes de lutte contre la délinquance, les maires ont aussi un rôle à jouer. Comment ? En coordonnant les moyens avec le Pays et l’État. Il y a, par exemple, le Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), un moyen qui regroupe tous les acteurs (État, °ays et commune). "L'an dernier, avec Michel Buillard, nous avons installé le CLSPD sur Papeete. Le conseil municipal de Bora Bora a décidé d'en créer un aussi chez eux. À Pirae, il existe depuis 2012, mais il a été réactivé l'an dernier. Teva i Uta a créé également le sien."

Cependant, ces actions ne suffiront pas. "Il faut aussi que les parents n'abandonnent pas leur autorité et leurs devoirs parentaux", indique René Bidal. Un discours qui revient tous les ans, et qui portera ses fruits si tout le monde s'investit.

D'ailleurs, un conseil territorial de prévention de la délinquance se tiendra le 19 octobre, à la Présidence. L'objectif de cette rencontre est de définir un plan d'actions pour la période 2018-2020.


LA PAROLE À

René Bidal
Haut-commissaire

"La délinquance des mineurs n'est pas en augmentation"


"La délinquance se traduit par des plaintes. Si je me réfère à cela, il n'y a pas d'explosion à la hausse des faits de délinquance en Polynésie française. Après, il y a des fantasmes sur lesquels il faut lutter. J'entends souvent dire : 'l'augmentation considérable de la délinquance des mineurs', ce n'est pas vrai. Quand je suis arrivé, j'ai mis en place un suivi sur les cinq dernières années de la délinquance, et la délinquance des mineurs n'est pas en augmentation, elle a même baissé d'ailleurs, entre 2016 et 2017. Par contre, il y a des changements dans les comportements, la manière et le mode opératoire du passage à l'acte en matière de délinquance.
Au sujet du trafic de stupéfiants, ce sont des infractions qui sont révélées uniquement par l'activité et l'engagement des services pour lutter contre les phénomènes de toxicomanie. Il est vrai qu'il y a de plus en plus de travail effectué en matière métamphétamines, de paka, mais il y a encore des efforts à trouver. On pense, par exemple, aux terres qui ont servi à cultiver du paka et qui peuvent être saisies, si le juge en décide, pour éviter la réitération de l'acte. Ce sujet sera discuté la semaine prochaine.
Enfin, en ce qui concerne la sécurité routière, cette année, on a plus de morts que l'an dernier. Des phénomènes qui sont liés, là aussi, aux addictions, à l'alcool en particulier et aux deux-roues. S'agissant des accidents et des blessés, les chiffres sont stables par rapport aux trois et quatre dernières années passées.
"


Michel Buillard
Maire de Papeete

"Il faut toujours avoir l'œil"


"On maitrise mieux certaines situations difficiles, notamment dans les quartiers. J'ai commencé à mettre en place un programme d'insertion sociale dans les quartiers, ça fait trois ans que je "vis" avec eux. Je connais leurs problèmes, le plus souvent, ce sont des problèmes familiaux. Donc, maintenant, on les prend un peu en charge. Et ces jeunes sont devenus des agents de proximité, et ils vont à la rencontre des SDF. Nos mūto'i n'ont pas le temps de bien discuter, tandis que là, je leur ai donné le temps qu'il leur faut pour discuter avec les SDF, de façon à les réorienter sur le plan de l'insertion sociale et professionnelle.
Depuis qu'on a mis les agents de proximité ça va mieux, mais on n'est pas à l'abri de comportements irresponsables de certains de nos petits jeunes turbulents. Donc, il faut toujours avoir l'œil, il faut multiplier l'installation de nos caméras, multiplier les visites sur le terrain. Plus tard, on mettra en place un système pour la sécurité pendant la nuit.
"



Rédigé par Corinne Tehetia le Mercredi 10 Octobre 2018 à 16:03 | Lu 2387 fois