JACQUES DEMARTHON / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 10/10/2024 - Moins de fonctionnaires, plus d'impôts pour les grandes entreprises et les plus riches: le gouvernement français a drastiquement freiné les dépenses tout en renouant avec les hausses d'impôts dans son projet de budget pour 2025 qui vise à assainir les finances publiques, dans un climat politique très instable.
L'exécutif a détaillé comment il comptait trouver "60 milliards d'euros", un montant inédit sous la Ve République, dans les projets de loi de finances (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS) qui seront âprement débattus à l'Assemblée nationale où il est minoritaire.
Malgré des crispations sur les hausses d'impôts jusque dans le camp présidentiel censé le soutenir, le Premier ministre Michel Barnier vise un effort partagé pour préserver la crédibilité française auprès des marchés financiers et de l'UE, qui a épinglé Paris pour ses déficits excessifs.
Se voulant "responsable plutôt que populaire", il veut "prévenir une crise dont les premières victimes seraient les plus faibles d'entre nous", selon sa porte-parole.
Il y a urgence face à une situation "grave", a insisté le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin. "On doit faire des choix courageux maintenant pour s'éviter des choix douloureux plus tard", a-t-il déclaré, se défendant toutefois de "tout matraquage fiscal" ou "cure d'austérité".
- "Fragiles" -
Après un dérapage attendu à 6,1% du PIB cette année, l'objectif est de ramener le déficit public à 5% dès 2025 puis sous la limite de 3% tolérée par Bruxelles en 2029. Si rien n'était fait, ce déficit dériverait à presque 7% l'an prochain, selon M. Saint-Martin.
La dette, de près de 3.230 milliards d'euros fin juin (112% du PIB), frôlera les 115% en 2025, alors que la croissance atteindrait 1,1% comme en 2024.
Le Haut Conseil des finances publiques a jugé "fragiles" les attentes budgétaires du gouvernement, après un "dérapage" du déficit en 2024 jugé "absolument considérable et inédit" par son président Pierre Moscovici.
La position de l'exécutif est délicate avant le verdict de l'agence de notation Fitch vendredi sur la solidité financière de la France. Quoique sa dette reste prisée des investisseurs, le pays inspire déjà moins confiance et emprunte à des taux d'intérêt plus élevés. Cela alourdit la charge de la dette qui atteindrait 54,9 milliards en 2025, presque autant que le budget de l'éducation.
Le projet de budget prévoit de freiner les dépenses à hauteur de 40 milliards d'euros, selon le gouvernement. Dans un pays qui en est le champion européen, la dépense publique continuera à augmenter, mais moins fortement.
L'Etat sera le plus gros contributeur, à hauteur de 20 milliards d'euros. 2.201 postes de fonctionnaires seront supprimés, notamment dans l'éducation nationale, et les ministères mis à la diète: il leur sera demandé 5 milliards d'économies par amendement, outre un gel des crédits.
La Sécurité sociale doit dégager 15 milliards d'euros, notamment via le report décrié de six mois, au 1er juillet, de l'indexation des pensions (environ 4 milliards).
Il est également prévu de transférer vers les complémentaires santé une partie des remboursements de consultations médicales.
- "Austérité" -
Les aides à l'apprentissage subiront un coup de rabot, comme les allègements de cotisations sociales des entreprises (4 milliards). Cette "hausse du coût du travail" est décriée par le Medef, première organisation patronale, qui y voit une menace pour la compétitivité et l'emploi.
Les collectivités locales sont priées de fournir 5 milliards d'euros. "Indigné", le maire de Verdun (Meuse) Samuel Hazard a proposé "une démission généralisée des assemblées locales".
Par ailleurs, les hausses d'impôts atteindront 19,3 milliards d'euros selon Bercy, un revirement après sept ans de baisse de la fiscalité.
Quelque 65.000 foyers fiscaux les plus fortunés (soit 0,3% du total), gagnant plus de 250.000 euros annuels pour un célibataire, s'acquitteront pendant trois ans d'une surtaxe qui portera leur taux minimal d'imposition à 20% et doit rapporter 2 milliards.
Environ 400 entreprises dont le chiffre d'affaires dépasse un milliard d'euros paieront plus que le taux de 25% de l'impôt sur les sociétés, pendant deux ans, une mesure censée rapporter 8 milliards d'euros en 2025.
Les entreprises de fret maritime comme les transports polluants paieront également leur écot. Le malus écologique sera durci. Une taxe sur les billets d'avions est par ailleurs envisagée par amendement pour 1 milliard d'euros.
Se targuant de vouloir préserver "les plus modestes" et "ceux qui travaillent", le gouvernement va revaloriser de 2% les tranches de l'impôt sur le revenu pour compenser l'inflation.
Mais après une baisse énorme durant la crise inflationniste, une taxe sur l'électricité (TICFE) serait relevée drastiquement (3 milliards), tout en garantissant une baisse de 9% de la facture des ménages aux tarifs réglementés.
Ce PLF est jugé "d'austérité" par la gauche qui a vertement critiqué la taxe sur l'énergie. Jean-Luc Mélenchon (LFI) dénonce même "une calamité". Pour le RN, qui voit dans le report de la revalorisation des pensions un "vol", le texte manque de "rupture" après 50 ans de "mauvaise gestion". Le Modem, partenaire du gouvernement, s'est dit, lui, prêt à "donner sa chance" au texte.
Plusieurs élus ont déjà annoncé vouloir modifier le projet de loi au Parlement. Le gouvernement se dit ouvert au dialogue mais faute d'entente, le budget pourrait être adopté sans vote, via l'article 49.3 de la Constitution.
L'exécutif a détaillé comment il comptait trouver "60 milliards d'euros", un montant inédit sous la Ve République, dans les projets de loi de finances (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS) qui seront âprement débattus à l'Assemblée nationale où il est minoritaire.
Malgré des crispations sur les hausses d'impôts jusque dans le camp présidentiel censé le soutenir, le Premier ministre Michel Barnier vise un effort partagé pour préserver la crédibilité française auprès des marchés financiers et de l'UE, qui a épinglé Paris pour ses déficits excessifs.
Se voulant "responsable plutôt que populaire", il veut "prévenir une crise dont les premières victimes seraient les plus faibles d'entre nous", selon sa porte-parole.
Il y a urgence face à une situation "grave", a insisté le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin. "On doit faire des choix courageux maintenant pour s'éviter des choix douloureux plus tard", a-t-il déclaré, se défendant toutefois de "tout matraquage fiscal" ou "cure d'austérité".
- "Fragiles" -
Après un dérapage attendu à 6,1% du PIB cette année, l'objectif est de ramener le déficit public à 5% dès 2025 puis sous la limite de 3% tolérée par Bruxelles en 2029. Si rien n'était fait, ce déficit dériverait à presque 7% l'an prochain, selon M. Saint-Martin.
La dette, de près de 3.230 milliards d'euros fin juin (112% du PIB), frôlera les 115% en 2025, alors que la croissance atteindrait 1,1% comme en 2024.
Le Haut Conseil des finances publiques a jugé "fragiles" les attentes budgétaires du gouvernement, après un "dérapage" du déficit en 2024 jugé "absolument considérable et inédit" par son président Pierre Moscovici.
La position de l'exécutif est délicate avant le verdict de l'agence de notation Fitch vendredi sur la solidité financière de la France. Quoique sa dette reste prisée des investisseurs, le pays inspire déjà moins confiance et emprunte à des taux d'intérêt plus élevés. Cela alourdit la charge de la dette qui atteindrait 54,9 milliards en 2025, presque autant que le budget de l'éducation.
Le projet de budget prévoit de freiner les dépenses à hauteur de 40 milliards d'euros, selon le gouvernement. Dans un pays qui en est le champion européen, la dépense publique continuera à augmenter, mais moins fortement.
L'Etat sera le plus gros contributeur, à hauteur de 20 milliards d'euros. 2.201 postes de fonctionnaires seront supprimés, notamment dans l'éducation nationale, et les ministères mis à la diète: il leur sera demandé 5 milliards d'économies par amendement, outre un gel des crédits.
La Sécurité sociale doit dégager 15 milliards d'euros, notamment via le report décrié de six mois, au 1er juillet, de l'indexation des pensions (environ 4 milliards).
Il est également prévu de transférer vers les complémentaires santé une partie des remboursements de consultations médicales.
- "Austérité" -
Les aides à l'apprentissage subiront un coup de rabot, comme les allègements de cotisations sociales des entreprises (4 milliards). Cette "hausse du coût du travail" est décriée par le Medef, première organisation patronale, qui y voit une menace pour la compétitivité et l'emploi.
Les collectivités locales sont priées de fournir 5 milliards d'euros. "Indigné", le maire de Verdun (Meuse) Samuel Hazard a proposé "une démission généralisée des assemblées locales".
Par ailleurs, les hausses d'impôts atteindront 19,3 milliards d'euros selon Bercy, un revirement après sept ans de baisse de la fiscalité.
Quelque 65.000 foyers fiscaux les plus fortunés (soit 0,3% du total), gagnant plus de 250.000 euros annuels pour un célibataire, s'acquitteront pendant trois ans d'une surtaxe qui portera leur taux minimal d'imposition à 20% et doit rapporter 2 milliards.
Environ 400 entreprises dont le chiffre d'affaires dépasse un milliard d'euros paieront plus que le taux de 25% de l'impôt sur les sociétés, pendant deux ans, une mesure censée rapporter 8 milliards d'euros en 2025.
Les entreprises de fret maritime comme les transports polluants paieront également leur écot. Le malus écologique sera durci. Une taxe sur les billets d'avions est par ailleurs envisagée par amendement pour 1 milliard d'euros.
Se targuant de vouloir préserver "les plus modestes" et "ceux qui travaillent", le gouvernement va revaloriser de 2% les tranches de l'impôt sur le revenu pour compenser l'inflation.
Mais après une baisse énorme durant la crise inflationniste, une taxe sur l'électricité (TICFE) serait relevée drastiquement (3 milliards), tout en garantissant une baisse de 9% de la facture des ménages aux tarifs réglementés.
Ce PLF est jugé "d'austérité" par la gauche qui a vertement critiqué la taxe sur l'énergie. Jean-Luc Mélenchon (LFI) dénonce même "une calamité". Pour le RN, qui voit dans le report de la revalorisation des pensions un "vol", le texte manque de "rupture" après 50 ans de "mauvaise gestion". Le Modem, partenaire du gouvernement, s'est dit, lui, prêt à "donner sa chance" au texte.
Plusieurs élus ont déjà annoncé vouloir modifier le projet de loi au Parlement. Le gouvernement se dit ouvert au dialogue mais faute d'entente, le budget pourrait être adopté sans vote, via l'article 49.3 de la Constitution.