Moetai Brotherson préside les Outre-mer à l’Assemblée nationale


Tahiti, le 25 juillet 2022 – Le député Tavini, Moetai Brotherson, a été élu lundi président de la Délégation aux Outre-mer à l’Assemblée nationale. Une première pour un Polynésien au sein de cette délégation, dont le rôle consiste à porter les problématiques ultramarines à la connaissance de l’ensemble des députés. Une présidence "exempte de tout dogmatisme que je porte" et visant des thèmes "transversaux" propres aux outre-mer, annonce le député Tavini.
 
Le député polynésien Moetai Brotherson, membre du groupe de la Gauche démocrate et républicaine – Nupes, a été élu lundi président de la Délégation aux Outre-mer à l’Assemblée nationale. C’est la première fois qu’un Polynésien, et plus largement un îlien du Pacifique, prend la tête de cette délégation parlementaire composée de 54 députés dont la moitié sont des élus ultra-marins.
 
Cette délégation est chargée d’informer la représentation nationale sur toutes questions relatives aux Outre-mer. Elle participe notamment à l’évaluation des politiques publiques menées dans les départements et collectivités d’Outre-mer, ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie, peut-on lire sur le site de l’institution. Moetai Brotherson a partagé lundi sur les réseaux sociaux son "émotion" et son "honneur" à l’issue du vote. Candidat de la Nupes, représentée par 25 députés dans la Délégation aux Outre-mer, l’élu Tavini partait favori de cette élection. Il y était opposé au président sortant, le Guadeloupéen, ex-En Marche aujourd'hui apparenté divers gauche, Olivier Serva (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). Quant au député calédonien de la majorité, Nicolas Metzdorf (Renaissance), il avait retiré sa candidature à la dernière minute au profit du député guadeloupéen.
 
"Présidence sans dogmatisme"
 
"C’est une présidence ouverte et participative, exempte de tout dogmatisme que je porte", fait savoir Moetai Brotherson sur sa page Facebook. Durant sa mandature, le président de la délégation compte d’abord travailler sur des "sujets transverses qui intéressent tous les Outre-mer, comme la cherté de la vie", avant de s’attaquer à des dossiers plus spécifiques à certains territoires. L’autonomie alimentaire et énergétique font partie de ceux intéressant particulièrement la Polynésie, une manière d’aborder le vaste sujet de l’accession à la pleine souveraineté, fer de lance du député indépendantiste. "Je vais essayer de décomposer ce sujet de l’indépendance, qui est peut-être trop vaste, en travaillant mission par mission." Une fonction de président de la Délégation aux Outre-mer que Moetai Brotherson occupera à titre "bénévole", sans rémunération supplémentaire, précise-t-il.
 

​Moetai Brotherson, "De la concertation et de l’arbitrage"

Quelle est votre réaction à l’issue du vote qui vous a nommé à la tête de cette délégation ?
 
"Je me sens très honoré de la confiance qui a été placée en moi par mes collègues députés de la Délégation aux Outre-mer. C’est le résultat je pense de la mandature précédente. Je suis également très satisfait car c’est la première fois qu’un député du Pacifique, et plus spécifiquement de la Polynésie française, se présente à cette élection et l’emporte."
 
Avec un grand nombre de députés Nupes au sein de la délégation, vous sentiez-vous confiant avant l’élection ?
 
"Je dis toujours qu’il n’y a jamais de favori lors d’une élection. Je pense que Nicole Bouteau peut en témoigner. C’est vrai qu’il y a une majorité des députés d’outre-mer au sein de la Nupes, puisque nous en comptons 7 sur 27, mais il ne faut pas oublier qu’il y a l’autre composante de la délégation, à savoir les députés métropolitains, qui eux sont nommés au prorata du poids des différents groupes dans l’assemblée. Donc rien n’était gagné. D’autant plus avec ce petit coup de Jarnac du président sortant, Olivier Serva, qui avait visiblement négocié avec la majorité le retrait de Nicolas Metzdorf. Mais cela n’a pas suffi et je pense qu’on avait fait suffisamment de lobbying et de networking en amont, de travail d’explication auprès de nos collègues, pour que cela fonctionne en notre faveur."
 
Quelle vont être votre rôle et vos missions ?
 
"J’ai une conception très participative et très ouverte de mon rôle de président. Je ne suis ni omnipotent ni omniscient, donc je suis là avant tout pour faire de la concertation et de l’arbitrage. Je vais très rapidement réunir l’ensemble du bureau et des collègues qui veulent travailler avec nous pour définir avec eux ce qui va être notre feuille de route pour les cinq ans à venir, en essayant de se concentrer dans un premier temps sur les sujets transverses qui intéressent tous les Outre-mer, comme la cherté de la vie, avant de travailler dans un second temps peut-être sur des sujets spécifiques à un territoire ou un bassin, par exemple le chlordécone aux Antilles ou la situation de l’hôpital public à Mayotte."
 
Y aura-t-il des sujets spécifiques à la Polynésie, comme le nucléaire ?
 
"Il faut bien choisir ses vecteurs et ses voies d’engagement quand on est à l’Assemblée nationale. Il ne faut pas s’éparpiller. Un sujet comme le nucléaire, je vais peut-être davantage l’aborder dans le cadre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, dont je suis également membre. Dans le cadre de la Délégation aux Outre-mer, je vais travailler sur des sujets qui sont finalement dans la cohérence de ma ligne politique, l’accession à la pleine souveraineté. Je vais essayer de décomposer ce sujet de l’indépendance, qui est peut-être trop vaste, en travaillant mission par mission. J’envisage donc de pousser les sujets de l’autonomie alimentaire, puis de l’autonomie énergétique, qui sont des composantes finalement de ce sujet plus vaste qu’est la souveraineté."
 

​La Délégation aux Outre-mer, c'est qui et c'est quoi

Créée sur décision de la Conférence des Présidents du 17 juillet 2012, la Délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale se compose de 54 députés, dont les 27 élus d’Outre-mer qui sont tous membres de droit. Les 27 autres députés sont quant à eux nommés au prorata du poids des différents groupes siégeant à l’assemblée.
 
Cette délégation parlementaire est chargée d’informer la représentation nationale sur toute question relative aux Outre-mer. Elle participe ainsi à l’évaluation des politiques publiques menées dans ces départements, régions et collectivités, par le biais de missions d’informations. Jusqu’à présent, seuls des élus réunionnais et antillais en avaient assuré la présidence.

Rédigé par Lucie Ceccarelli le Lundi 25 Juillet 2022 à 13:22 | Lu 1897 fois