Moetai Brotherson ne veut plus d'une "forme de tourisme de la fonction publique" en Polynésie


PARIS, le 2 juillet 2017 - Après avoir réussi son opération de communication à l'Assemblée nationale, le député indépendantiste s'est lancé dans l'arène, ce mercredi. A l'occasion des questions au gouvernement, Moetai Brotherson a interrogé la ministre des Outre-Mer quant au sort réservé aux Polynésiens, fonctionnaires en métropole.

"L'adoption de la loi Erom (Egalité réelle outre-mer) avait suscité beaucoup d'espoir pour ceux qui, trop souvent, se voyaient exilés en métropole sans visibilité quant à leur retour en Polynésie française. Cette loi devait clarifier, et pourtant, aujourd'hui encore, le flou demeure."

Ce mercredi 2 août, le député Moetai Brotherson a pris la parole pour la première fois à l'Assemblée nationale. Il a interpellé la ministre des Outre-Mer, Annick Girardin, sur la situation des fonctionnaires d'Etat polynésiens en métropole. Une intervention préparée depuis longtemps par le député. En juillet dernier, il expliquait vouloir sensibiliser le gouvernement central sur la situation, suite à une rencontre avec les fonctionnaires, à Paris, à la fin du mois de juin.

Au Palais Bourbon, à l'occasion des questions au gouvernement, Moetai Brotherson a lancé : "Nous nous adressons à vous pour faire entendre la voix de ceux dont on refuse de faire valoir les liens d'attachement constitués sur le territoire, malgré la loi Erom." Le député indépendantiste a mis en exergue les problèmes que rencontrent les fonctionnaires polynésiens : éloignement avec la famille ; exclusion du droit au congé bonifié ; ou encore désindexation de son salaire.

UNE RENCONTRE A VENIR

"A la théorie législative portée par la loi Erom, semble s'opposer, encore trop souvent de vieux réflexes, ancrés dans les directions de l'administration d'Etat, qui continuent de privilégier une forme de tourisme de la fonction publique, au détriment de fonctionnaires issus de Polynésie française, déjà formés à ses spécificités tant géographiques que culturelles et constitutionnelles", a-t-il fait remarquer, avec la douceur qui le caractérise. Avant de terminer son discours par des remerciements en tahitien, le député s'est demandé s'il fallait attendre une nouvelle loi pour que les choses changent.

Annick Girardin, ministre des Outre-Mer est actuellement en déplacement. C'est le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, qui a répondu à sa place. Ce dernier a précisé que le gouvernement était très attaché à cette loi Erom. Il a précisé toutefois que les retours dans les territoires ultra-marins ne peuvent se faire que lorsque des postes sont libres. Gérald Darmanin a ajouté : "Cependant, il peut y avoir ici ou là des difficultés pour faire valoir ce droit. Sur la demande du Premier ministre, je demande à tous les DRH de l'Etat de bien prendre en compte l'évocation de la loi. Et je vérifierai avec vous, dès la rentrée, si tous les cas précis sont bien résolus."

Sur sa page Facebook, Moetai Brotherson a commenté que cette réponse "permet d'espérer". Il a ajouté : "Nous restons toutefois très vigilants sur ce dossier."

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Rédigé par Amelie David le Mercredi 2 Aout 2017 à 18:01 | Lu 17699 fois