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Moetai Brotherson défend une proposition de loi sur le nucléaire


Tahiti, le 25 avril 2021 - Le député Moetai Brotherson demande lui-aussi la prise en charge et la réparation totale des conséquences des essais nucléaires au fenua. L'élu a déposé une proposition de loi qui sera examinée en plénière le 17 juin prochain à l'Assemblée nationale. Juste avant la table ronde, qu'il considère comme "opportuniste".
 
Le député Moetai Brotherson a invité les médias vendredi matin pour annoncer une proposition de loi relative à la prise en charge et à la réparation des conséquences des essais nucléaires au fenua. Le texte a été déposé il y a près de deux mois et sera examiné en session plénière le 17 juin prochain par l'Assemblée nationale, mais devra d'abord passer par la commission de la défense. Son objectif : "corriger plusieurs carences qu'on a constaté dans le dispositif actuel de la loi Morin puis proposer des pistes nouvelles", affirme le député Moetai Brotherson.

Dépollution et le traitement des déchets nucléaires

A travers cette proposition de loi, Moetai Brotherson propose l'introduction d'une dimension environnementale, inexistante dans la loi Morin, avec la mise en place d'une commission composée de parlementaires de tous les groupes et de "personnalités qualifiées". Elle aura pour mission principale de proposer un programme de dépollution, de traitements, d'assainissement et de gestion des sites des essais nucléaires mais également des déchets issus de ces essais. "Il y a eu un démantèlement sur les sites mais pas de dépollution", précise le député. Il rappelle d'ailleurs qu'il avait assisté "à ce qu'on appelle la dépollution de Hao". "On grattait les sols, on faisait du déplacement de tas, on abattait des arbres, on jetait des déchets dans le lagon ou dans le grand bleu. Ce n'est pas ce que j'appelle une dépollution", a taclé le député. Le parlementaire ajoute aussi qu'il existe à Moruroa "des gros puits où il y a des quantités de matières radioactives non négligeables". "Vous avez aussi le banc Colette au fond du lagon de Moruroa où il y a toujours du plutonium". Le député voudrait que l'Etat assume les conséquences environnementales des essais sans attendre "que Moruroa ne s'effondre".
 
Le député de la Polynésie, a également évoqué l'introduction de concepts nouveaux, tels que la prise en charge des soins médicaux et pas seulement de l'indemnisation du préjudice subi par les victimes. "Si vous êtes victimes des essais nucléaires et que vous êtes indemnisé, on vous donne une fois une sommes d'argent et après vous continuez à vivre avec votre ou vos cancers" Alors que pour le député : "Il faut vous soigner et cela coûte des sous et cela n'est pas pris en charge, ce n'est pas normal". Autre concept nouveau, la prise en charge des "victimes collatérales" comme les proches des victimes. Moetai Brotherson souhaiterait la même disposition que pour "les pupilles de la nation". "Dans la mesure où c'est l'Etat qui a causé le décès de la personne (...). Je pense que c'est l'Etat à prendre en charge, pas tout mais une partie et au moins l'éducation des enfants"

La table ronde : "c'est opportuniste"

Ce texte devrait être étudié le 17 juin prochain, soit juste avant la table ronde sur le nucléaire organisée à Paris à la fin du mois de juin. Moetai Brotherson précise que cela fait deux ans qu'il travaille sur son texte annoncé le 19 mars 2018 dans un communiqué de presse à la date anniversaire des 41 ans du tir Nestor. Celui représentant "50 fois la bombe d’Hiroshima". Finalement cette proposition de loi n'avait pas été déposée à l'époque, le député prétextant devoir "écouter les doléances des victimes qu'on a pu rencontrer et les associations". "Ce n'est pas un travail opportuniste, c'est un travail de fond", affirme le député par opposition, selon lui, à l'annonce du président du Pays sur l'organisation de la fameuse table ronde. "C'est bien mais c'est opportuniste. Si l'étude (de Disclose) n'avait pas été publiée, on n'aurait pas eu cette table ronde". Le parlementaire indique qu'il est de nature "optimiste" mais qu'il "pense que l'Etat mettra tout en oeuvre pour que cette proposition de loi ne passe pas". "Je m'attends en séance qu'on me dise : on va peut être attendre que la table ronde se fasse pour ensuite voir ce qui va en ressortir".

"Arrêter l'hypocrisie" sur le cannabis

Autre thème abordé par le député, le colloque sur le cannabis organisé sur trois jours en partenariat avec l'Université de la Polynésie française (UPF) et le ministère de la Santé. "C'est un sujet qui est tellement dans les esprits des polynésiens. Il faut en discuter, les mentalités ont évolué". Moetai Brotherson précise que ce colloque ne va pas "se limiter aux effets thérapeutiques, il faut arrêter l'hypocrisie il faut discuter de tous les aspects du cannabis". La première journée sera consacrée à la question du cannabis et du droit, indique Moetai Brotherson. "Ce que cela représente pour les forces de l'ordre et la justice et étudier les perspectives d'évolution de ce droit". Les autres parties du colloque concerneront "le cannabis et la santé" et "les perspectives économiques".
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Dimanche 25 Avril 2021 à 20:30 | Lu 1579 fois