Moerani Marlier de retour sur les bancs du tribunal


Entre janvier 2013 et décembre 2014, Moerani Marlier est soupçonné d'avoir été à la tête d'un trafic d'ice qui a impliqué une dizaine de personnes. Durant cette période l'intéressé aurait importé 800 grammes d'ice de Hawaii, pour une valeur marchande de 96 millions de francs.
PAPEETE, le 18 mars 2019 - Dix prévenus comparaissent depuis ce lundi devant le tribunal correctionnel pour des délits d'acquisition, de détention, d'offre, d'importation et de consommation d'ice. Au cœur de ce dossier, on retrouve Moerani Marlier, condamné déjà en août dernier à 8 ans de prison ferme dans le cadre de l'affaire Mai-Marlier.

Retour à la case "palais de justice" pour Moerani Marlier. Un peu plus de six mois après avoir été condamné à 8 ans de prison de ferme pour des délits d'importation illicite, détention, transport, cession illicite d'ice, dans le cadre de l'affaire Mai-Marlier jugé en août dernier, celui que l'on surnomme "el chapo" comparait depuis ce lundi, aux côtés de 9 autres prévenus, pour des faits similaires.

Entre janvier 2013 et décembre 2014, Moerani Marlier aurait effectué plusieurs voyages à Hawaii pour se procurer de l'ice. Près de 800 grammes de méthamphétamines auraient été importés illicitement durant cette période pour une valeur marchande à la revente estimée à 96 millions de francs.
 
Moerani Marlier, que le président du tribunal a présenté comme le "boss de ce trafic", pouvait compter sur plusieurs connaissances, qui pour la grande majorité était des consommateurs d'ice, pour écouler sa marchandise au fenua. C'était le cas par exemple de Jean-Noel Taea, également poursuivi dans ce dossier et qui a été entendu ce lundi par le tribunal.

Au cours de l'année 2013, Moerani Marlier revient de Hawaii avec 400 grammes d'ice dans ses valises. Ce dernier contacte Jean-Noel Taea, et lui propose alors de revendre 10 grammes de "méth." "Je pense qu'il voulait que j'intègre son trafic. Et puis comme je n'avais pas de travail à l'époque c'était de l'argent facile. Je proposais des sachets de 1 gramme que je vendais à 120 000 francs", a-t-il précisé.

"Marlier un manipulateur"

Moerani Marlier planifie ensuite pour avril 2014, un autre voyage pour Hawaii. Il propose à Jean-Noel Taea de se joindre à lui. "Il m'avait dit que c'était pour un stage de jiu-jitsu. Ce n'est qu'une fois sur place que je me suis rendu compte que c'était pour acheter et ramener de l'ice", s'est-il exclamé à la barre.
 
Les deux hommes se font ainsi livrer 11 onces d'ice, soit l'équivalent de 311 grammes. La méthamphétamine est ensuite conditionnée, et cachée à l'intérieure de cartouches de cigarettes. "Il me les a donné à l'aéroport pour que je passe la douane avec. Mais je n'étais pas partant parce que je savais que c'était dangereux", a expliqué Jean-Noel Taea. Avant d'ajouter, "mais Moerani savait trouver les mots pour me convaincre. C'est un manipulateur."
 
Bruno Tupuai est ensuite appelé à la barre. Ce dernier est incarcéré depuis octobre 2018 dans le cadre d'un autre trafic de stupéfiants. Il est désigné comme le chauffeur de Moerani Marlier. Ce tatoueur et artisan, qui tient une boutique à Papeete, a participé activement à ce trafic. Il aurait ainsi versé 10 000 dollars US à Moerani Marlier pour que ce dernier lui ramène 28 grammes de meth à l'occasion de ses voyages. Il revendait ensuite à 40 000 francs des sachets de un demie gramme à une dizaine de clients. Ce trafic lui aurait rapporté près de 4,6 millions de francs.

"Je ne forçais personne à faire quoique ce soit"

Après c'était au tour de Tauarii Jamet et de Williams Grand, qui comparaissaient libre, de passer à la barre. Les deux hommes se présentent comme des intermédiaires au sein de ce trafic. Ils étaient chargés de collecter l'argent de la vente auprès des clients de Marlier.
 
Dans le box des accusés Moerani Marlier ne peut contenir son agacement suite à leurs déclarations. "Je n'appelais personne, et je ne forçais personne à faire quoique ce soit. Personne ne travaillait pour moi. Il savait que j'avais de l'ice et c'est pour ça qu'il venait me voir."
 
Le procès doit reprendre ce mardi avec les auditions de trois autres acteurs de ce trafic. Ensuite dans l'après-midi Moerani Marlier sera amené à s'expliquer sur les faits qui lui sont reprochés. Et le procès devrait s'achever mercredi avec les réquisitions du procureur, puis les plaidoiries des avocats et enfin le délibéré du tribunal.



Rédigé par Désiré Teivao le Lundi 18 Mars 2019 à 17:38 | Lu 5144 fois