Mobilisation contre la délinquance à Moorea


Moorea, le 3 juillet 2022 – Le service de prévention de la délinquance a mis en place son événement Teata āfa'ifa’i à Moorea, de mercredi à vendredi dernier. Au programme : des soirées cinéma ainsi que des activités préventives et ludiques. Le but pour ce service public étant de se rapprocher de la population afin qu'elle renoue avec des valeurs culturelles et humaines.

Après Pirae, en mai puis Faaa, en juin dernier, la Délégation pour la prévention de la délinquance de la jeunesse (DPDJ) a organisé, dans le cadre de son événement Teata āfa'ifa’i (cinéma qui se déplace dans les quartiers) des soirées de cinéma jeudi à Papetoai, vendredi à Afareaitu et samedi à Paopao. Chaque rendez-vous a débuté par la projection du film Pa’ari, qui retrace la vie et le parcours de Henri Burns. Au vu de l’absence de salle de cinéma sur l’île sœur, quelques centaines de personnes ont pu apprécier en famille ce geste de la DPDJ. “Cette action a été mise en place d’abord pour permettre la proximité entre la population et les services du Pays, la DPDJ notamment. Il s’agit en plus de permettre à nos enfants d’avoir cette chance car ils n'ont peut-être pas les moyens de mettre 1 300 francs dans un ticket de cinéma. Et beaucoup sont éloignés dans les archipels”, explique Teiva Manutahi, le chef de service. Outre le cinéma, des activités éducatives ludiques et préventives ont aussi été organisées durant chaque après-midi en faveur de la jeunesse avec l’intervention de partenaires tels que le Fare Natura, Arii Heiva Rau, Api Paopao Boxing Club, Puna Reo Piha’e’ina, etc., avec notamment de des interventions sur les thèmes de la généalogie, du tressage, de la boxe ou encore de la toponymie sur le district de Paopao.

“Quand on a des quartiers un peu chauds, on les choisit en priorité pour nos interventions. Avec le tressage par exemple, on construit le lien identitaire de nos jeunes et de nos enfants tandis que la boxe va peut-être leur donner envie d’aller dans un club, de participer aux compétitions et de devenir les champions de demain. La généalogie va permettre aux membres de ces familles d’avoir accès au registre généalogique et de savoir qui ils sont, d’où ils viennent… Un travail sera fait avec ces familles sur la question de leurs origines et de leurs filiations pour qu’elles aient aussi envie à un moment donné d’aller voir dans les institutions telles que la Direction des affaires foncières...”, ajoute Teiva Manutahi.

“On a plus que jamais besoin aujourd’hui de vivre ensemble et d’apprendre à se respecter les uns les autres.”

La présence durant ces trois jours de nombreuses familles ainsi que des jeunes de l’île sœur, rappelle la détermination que la DPDJ a à remplir ses missions : “On a vraiment mis les moyens pour être au plus près de la jeunesse et des familles. Nous avons aussi pu répondre aux trois missions que l’on nous a confiées à savoir la promotion de la jeunesse, la prévention de la délinquance ainsi que le soutien à la parentalité. On a plus que jamais besoin aujourd’hui de vivre ensemble et d’apprendre à se respecter les uns les autres. Cette action est aussi un moyen pour dire aux gens de Moorea qu’on ne les a pas oubliés. On va faire dire la même chose aux gens de Huahine, de Tubuai. ” Le service de prévention de la délinquance prévoit en effet d’organiser de manière itinérante son événement Teata āfa'ifa’i dans les archipels.


Chantal Taputu, secrétaire de l’association Torea Events (à Paopao)
“Cette action est importante”
“Cette action de la DPDJ est importante. Je cite l’exemple de l’intervention de Hubert Gobrait [éducateur de boxe] qui est utile vu le nombre de jeunes qui se battent entre eux. Il est vrai qu’on a vu plus d’enfants pendant les activités, mais ils sont l’avenir. Les jeunes à Moorea sont souvent dans les "’uru pūrau" [les arbres]. Je pense qu’ils vont venir au cinéma car ils sont timides et ne se montrent que le soir. Henri Burns est justement un bon exemple pour eux, car il est passé par là. On remercie vraiment la DPDJ de projeter ces films pour la jeunesse de l’île. C’est une première pour Moorea. On voudrait que cette action se fasse au moins une fois dans le mois et non pas attendre plusieurs années pour en avoir encore.”

Poerava Tendraien, éducatrice spécialisée à la DPDJ
“Faire du sport de manière différente que celle dans la rue”
“C’est important de mettre en place ces activités, car nous avons remarqué que les jeunes ont du mal à venir vers nous. C’est nous donc qui allons vers eux. On se déplace surtout dans les coins chauds, là où il y a des bagarres… Cela nous permet d’avoir un premier rapport de qualité. On montre aux jeunes que l’on peut faire du sport de manière différente que celle dans la rue. Dans la boxe par exemple, ils ont un cadre où ils peuvent s’exprimer tout en respectant les règles. On voit ici des jeunes de tout âge, mais on essaie aussi d’inclure les parents. La famille pour nous est importante.”
 

Vaki Touhia, jeune de Paopao
“Éviter de se battre dans la rue”
“L’activité de boxe était bonne pour apprendre à se battre et pour éviter de se battre dans la rue. Il y a des moments où les jeunes se battent entre eux. Il faut qu’ils le fassent avec des règles sur le ring ou dans une cage. Il y a aussi plein de jeunes qui fument dans le quartier. C’est la première fois que l’on organise une soirée de cinéma de ce genre à Paopao. Les jeunes sont venus nombreux. C’est cher pour aller au cinéma en ville avec le prix du billet et la nourriture à payer tandis qu’ici, le cinéma n’était pas loin. Il faudra refaire cet événement à Paopao, peut-être une fois tous les 6 mois. Le film sur Henri Burns fait aussi réfléchir les jeunes. Je pense qu’ils captent son message vu que beaucoup d’ici s’entraînent actuellement avec lui. ”

Rédigé par Toatane Rurua le Dimanche 3 Juillet 2022 à 13:53 | Lu 1122 fois