Mme Penchard présente sa réforme de la loi électorale aux Polynésiens

PAPEETE, 16 octobre 2010 (AFP) - La ministre de l'Outre-mer Marie-Luce Penchard a dévoilé vendredi soir à Papeete les grandes lignes de sa réforme de la loi électorale pour la Polynésie française, destinée à assurer la stabilité politique de cette collectivité qui a connu douze gouvernements en six ans.


Cette réforme a été accueillie avec scepticisme voire indignation par les responsables politiques locaux.

Parmi les mesures proposées par la ministre figurent la limitation de la possibilité de déposer une motion pour renverser le gouvernement et l'interdiction du renouvellement anticipé ou annuel du bureau de l'assemblée, "sauf en cas de démission du président".

L'assemblée de la Polynésie a connu "neuf présidents en six ans", a rappelé Mme Penchard, dans un discours prononcé au Haut-commissariat devant près de 700 invités.

Elle a préconisé aussi de ramener le nombre de représentants à 50 (contre 57 aujourd'hui) et un redécoupage électoral. L'archipel de la Société (qui regroupe 87% de la population, essentiellement sur l'île de Tahiti) composerait une circonscription divisée en quatre sections. Une forte prime majoritaire de 30% des sièges serait accordée "au bénéfice de la liste qui arrivera en tête dans la circonscription des îles de la Société". Les quatre autres archipels ne disposeraient plus que de 8 représentants.

Ces mesures renforceront le poids électoral de l'île principale, Tahiti, au détriment des élus des îles les plus éloignées, souvent parties prenantes dans les nombreux changements d'alliances qui ont émaillé l'histoire récente de la Polynésie française.

La diminution de la représentativité de ces archipels a suscité l'indignation des deux principaux chefs de partis autonomistes, le président de la Polynésie française Gaston Tong Sang, et son adversaire, le sénateur (DVD) et ancien président Gaston Flosse.

"La représentation de cette circonscription serait écrasante par rapport à celles des archipels", a ainsi affirmé le sénateur Flosse à l'AFP. "Ce que nous voulons, c'est une loi avec une prime, mais donnée à la liste qui aurait cumulé le plus grand nombre de suffrages sur la totalité de la Polynésie", a déclaré le président Tong Sang.

Les deux grands partis autonomistes ont un vivier de voix important dans les îles éloignées, au contraire du parti indépendantiste d'Oscar Temaru, dont l'électorat est plus concentré en zone urbaine.

Mais l'actuel président de l'assemblée a lui aussi contesté le bien-fondé de la réforme de Marie-Luce Penchard. "Je lui ai dit qu'on était en 2010 et qu'il était anormal que ce soit à Paris qu'on discute de l'avenir de notre pays", a déclaré M. Temaru. "Ca va amplifier l'instabilité", a-t-il ajouté.

D'autres leaders politiques, comme le député Michel Buillard ou les chefs de partis autonomistes Nicole Bouteau et Jean-Christophe Bouissou, ont en revanche considéré que le sens de cette réforme était positif.

La ministre de l'outre-mer a aussi souligné dans son discours "l'engagement sans faille de l'Etat" dont les transferts en Polynésie française se sont élevés en 2009 à "239 milliards de francs Pacifique" (deux milliards d'Euros).

Elle a en outre annoncé l'octroi "d'ici la fin de l'année" par l'Agence française de développement d'un prêt de cinq milliards de francs Pacifique (41,9 millions d'euros) sollicité par le gouvernement de la Polynésie française.


Rédigé par Par Mike LEYRAL le Samedi 16 Octobre 2010 à 02:45 | Lu 1474 fois