Certaines méthodes de construction révèlent le statut élevé de certains habitants. Ainsi l’utilisation de ke’etu, des dalles de lave rouge. Lors de cette mission, un 3e rang de ces dalles de ke’etu ont été mises à jour, recouvertes par 25 à 30 cm de sédiments (Photo M.Charleux).
PAPEETE, mercredi 26 juin 2013. Après deux mois et demi passés en autonomie complète sur l’île déserte d’Eiao aux Marquises, les «archéo-Robinson» réunis autour de Michel Charleux ont regagné leurs pénates avec bonheur, il y a déjà quelques semaines. Les quatre hommes déposés par la marine nationale, en février dernier, sur cette île à la nature singulièrement hostile pour une mission archéologique inédite ont néanmoins vécu une expérience digne des meilleurs épisodes de la télé réalité d’aventure. Ici pas de souci de ravitaillement : les quatre tonnes de matériel embarqués pour la mission ont pourvu aux besoins physiques, mais l’isolement a pesé.
Heureusement la passion de Michel Charleux pour ce site archéologique de production d’herminettes aux îles Marquises a réussi à être suffisamment communicative, et les trois assistants marquisiens qu’il avait engagés ont tenu le coup. Pourtant, suivre les instructions de l’archéologue éclairé qu’est Michel Charleux a pu parfois être déroutant. «Ils ont creusé centimètre par centimètre des espaces jusqu’à 1 m de profondeur. Je leur demandais d’arracher la moindre racine, de nettoyer le tout au pinceau. Puis je prenais des photos et je leur demandai de reboucher» raconte-t-il avec humour. En archéologie, le travail est souvent ingrat et le résultat peu enthousiasmant pour le commun des mortels. «C’est vrai qu’au final on ne ramène pas de beaux objets : ce sont des éclats d’herminettes, quelques ossements, des coquilles mais c’est parfois beaucoup plus important» poursuit Michel Charleux.
Son œil d’expert voit dans ces fragments l’ébauche de preuves d’un habitat stable. Eiao était un centre de productions d’herminettes en raison du gisement de basalte de l’île situé à 500 m d’altitude, mais aussi un village habité par plusieurs centaines de personnes. «Je suis plus que jamais convaincu qu’il y avait un village avec une structure relativement importante. Je déduis qu’il y avait des femmes parce que nous avons trouvé des coquilles qui sont habituellement récoltées par les femmes sur le littoral. J’estime qu’il devait y avoir sur l’île entre 600 et 900 personnes» détaille Michel Charleux. Sur les treize sites fouillés dans la vallée d’Hanata’ai’atoki, les «archéo Robinson» ont recueilli des morceaux de charbons de bois utilisés par les anciens habitants de l’île qui vont permettre de faire des datations précises. Mais aussi des ossements de mammifères, des arêtes ou des vertèbres de poissons, des coquilles de mollusques (titimo, mama, pukava, pumai, etc.) qui permettront de savoir les animaux consommés à cette époque. La découverte de plusieurs systèmes de leurres pour attraper les poulpes pourront révéler les techniques de pêche. Petit à petit, la vie quotidienne des habitants d’Eiao, il y a 800 ou 900 ans va sortir de l’oubli. Quelques fragments enfouis suffisent à faire émerger l’histoire.
Tout ce travail d’analyses a posteriori est néanmoins encore à faire. Michel Charleux a prévu de solliciter le Museum d’histoire naturelle de Paris pour identifier les animaux consommés ; un laboratoire spécialisé à Lyon Villeurbanne pour faire parler les charbons de bois afin d’indiquer avec précision la frise chronologique sur laquelle fixer les tailleurs d’herminettes d’Eiao. Il a de quoi faire : il ramène d’Eiao 80 kg de charbon, d’os et de coquilles et près de 300 kg d’éclats d’herminettes et d’outillage ancien. Il espère toutefois, pour boucler véritablement sa mission que des fonds publics du Pays vont pouvoir être dégagés pour l’aider à financer ces analyses indispensables. En attendant la Marine nationale, la municipalité de Nuku Hiva et la Communauté de communes des Marquises qui l’ont bien soutenu jusqu’ici recevront prochainement son rapport préliminaire de retour de mission. 100 jours loin du monde qui valaient bien le détour.
Heureusement la passion de Michel Charleux pour ce site archéologique de production d’herminettes aux îles Marquises a réussi à être suffisamment communicative, et les trois assistants marquisiens qu’il avait engagés ont tenu le coup. Pourtant, suivre les instructions de l’archéologue éclairé qu’est Michel Charleux a pu parfois être déroutant. «Ils ont creusé centimètre par centimètre des espaces jusqu’à 1 m de profondeur. Je leur demandais d’arracher la moindre racine, de nettoyer le tout au pinceau. Puis je prenais des photos et je leur demandai de reboucher» raconte-t-il avec humour. En archéologie, le travail est souvent ingrat et le résultat peu enthousiasmant pour le commun des mortels. «C’est vrai qu’au final on ne ramène pas de beaux objets : ce sont des éclats d’herminettes, quelques ossements, des coquilles mais c’est parfois beaucoup plus important» poursuit Michel Charleux.
Son œil d’expert voit dans ces fragments l’ébauche de preuves d’un habitat stable. Eiao était un centre de productions d’herminettes en raison du gisement de basalte de l’île situé à 500 m d’altitude, mais aussi un village habité par plusieurs centaines de personnes. «Je suis plus que jamais convaincu qu’il y avait un village avec une structure relativement importante. Je déduis qu’il y avait des femmes parce que nous avons trouvé des coquilles qui sont habituellement récoltées par les femmes sur le littoral. J’estime qu’il devait y avoir sur l’île entre 600 et 900 personnes» détaille Michel Charleux. Sur les treize sites fouillés dans la vallée d’Hanata’ai’atoki, les «archéo Robinson» ont recueilli des morceaux de charbons de bois utilisés par les anciens habitants de l’île qui vont permettre de faire des datations précises. Mais aussi des ossements de mammifères, des arêtes ou des vertèbres de poissons, des coquilles de mollusques (titimo, mama, pukava, pumai, etc.) qui permettront de savoir les animaux consommés à cette époque. La découverte de plusieurs systèmes de leurres pour attraper les poulpes pourront révéler les techniques de pêche. Petit à petit, la vie quotidienne des habitants d’Eiao, il y a 800 ou 900 ans va sortir de l’oubli. Quelques fragments enfouis suffisent à faire émerger l’histoire.
Tout ce travail d’analyses a posteriori est néanmoins encore à faire. Michel Charleux a prévu de solliciter le Museum d’histoire naturelle de Paris pour identifier les animaux consommés ; un laboratoire spécialisé à Lyon Villeurbanne pour faire parler les charbons de bois afin d’indiquer avec précision la frise chronologique sur laquelle fixer les tailleurs d’herminettes d’Eiao. Il a de quoi faire : il ramène d’Eiao 80 kg de charbon, d’os et de coquilles et près de 300 kg d’éclats d’herminettes et d’outillage ancien. Il espère toutefois, pour boucler véritablement sa mission que des fonds publics du Pays vont pouvoir être dégagés pour l’aider à financer ces analyses indispensables. En attendant la Marine nationale, la municipalité de Nuku Hiva et la Communauté de communes des Marquises qui l’ont bien soutenu jusqu’ici recevront prochainement son rapport préliminaire de retour de mission. 100 jours loin du monde qui valaient bien le détour.