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Miss France : pourquoi l'histoire se répète pour les Miss Tahiti ?


Hinarani de Longeaux, Mehiata Riaria, Hinarere Taputu, les trois dernières Miss Tahiti sont toutes devenues premières dauphines des Miss France 2013, 2014 et 2015.
Hinarani de Longeaux, Mehiata Riaria, Hinarere Taputu, les trois dernières Miss Tahiti sont toutes devenues premières dauphines des Miss France 2013, 2014 et 2015.
PAPEETE, le 7 décembre 2014. Miss Tahiti 2014, Hinarere Taputu n’a pas réussi à déjouer la malédiction qui frappe depuis trois ans les candidates polynésiennes qui se présentent au concours de Miss France. Hinarere Taputu se retrouve avec l’écharpe de 1re dauphine. Echec à la loyale ou illustration d’une inégalité numérique et technique ?

La question est effectivement digne d’être posée clairement. Les candidates au concours de beauté Miss France, issues des régions et territoires les moins peuplés de France métropolitaine et d’outremer combattent-elles à armes égales avec celles issues des comités les plus imposants ? Comment, sur une élection dont le vote est avant tout militant, envisager que le public des cinq finalistes ne votera pas en masse pour SA belle, juste parce qu’elle met en valeur SA région ? Face au Nord Pas-de-Calais fortement mobilisé et ses 4 millions d’habitants, Hinarere Taputu -même portée à bout de bras par les 260 000 habitants de Polynésie- avait mathématiquement quinze fois moins de possibilités de rameuter vers elle suffisamment de suffrages pour contrer sa rivale. Les résultats officiels ne font pas état des appels et SMS comptabilisés pour les cinq finalistes de samedi. Seuls un Twitt de Sylvie Tellier, la directrice générale de la société Miss France indique que Camille Cerf élue Miss France a obtenu 29,03% des voix, Hinarere Taputu Miss Tahiti 24,34%, la 3e Miss Côte d'Azur 23,04%, la 4e Miss Aquitaine 12,36% et la 5e Miss Alsace 11,34%.

Cette question de la différence démographique est pourtant bien connue des organisateurs du concours Miss France. En 2010, quand les règles ont changé et que le public a été invité à participer largement au vote, Sylvie Tellier directrice générale de la société Miss France avait expliqué pourquoi le jury ne pouvait pas disparaître complètement. «Sa présence est légitime, parce que les jurés voient les candidates en chair et en os, contrairement aux téléspectateurs. Et parce qu’en plus il n’y a pas d’égalité parfaite sur le plan démographique entre les régions. La Bretagne ne pèse pas le même poids que l’Artois-Hainaut. Donc laisser reposer le vote à 100 % sur la mobilisation des téléspectateurs ne serait pas équitable non plus. Pour toutes ces raisons, le jury est indispensable.»
Pourtant, le public, au final, a complètement la main sur la dernière partie du vote qui désignera la Miss France et ses dauphines ! Sans que cette inégalité démographique, reconnue précédemment ne soit corrigée de quelque manière que ce soit.

Il existe une autre difficulté, technique. Avec la présence des Miss originaires de collectivités ultramarines, il a fallu s’adapter à des opérateurs téléphoniques différents de ceux de métropole. Le système est encore loin d’être équitable. Pour ce qui est de la Polynésie, en 2012, le dispositif a été défaillant et en 2013, le vote par SMS n’était pas possible. Cette année, seul Vini avait pris les devants pour que techniquement ce vote par SMS -qui permet d’être plus réactif- soit opérationnel en Polynésie. Mais les abonnés Vodafone n’ont pas pu participer. Quant à Miss Nouvelle-Calédonie sélectionnée parmi les 12 demi-finalistes samedi, elle a dû se contenter des votes par téléphone et n’a pas participé au dernier round.

Face à ces inégalités techniques, la société Miss France a la parade juridique. Elle est inscrite dans le règlement du concours. L’article 7 stipule que «la participation des téléspectateurs aux votes implique la reconnaissance et l’acceptation pleine et entière, des caractéristiques et des limites des réseaux et des services de communications électroniques notamment en ce qui concerne les performances techniques, les temps de réponse pour consulter, interroger, transmettre ou transférer des informations». Reste que la participation à ce show télévisé national suivi par plusieurs millions de téléspectateurs est une formidable vitrine pour les jeunes femmes qui y participent. On comprend mieux pourquoi elles veulent toutes y être, malgré les embuches en chemin !

Rédigé par Mireille Loubet le Dimanche 7 Décembre 2014 à 17:31 | Lu 15843 fois