Mihinoa Paari, lycéenne multimédaillée


Retour à l’entraînement avec ses médailles, qui motivent Mihinoa Paari à faire “encore mieux” (Crédit : DR).
Tahiti, le 26 août 2024 – À 17 ans, Mihinoa Paari revient des championnats du monde de vitesse de va’a avec huit médailles autour du cou et des étoiles plein les yeux. De retour au lycée agricole de Taravao, où elle poursuit des études en aquaculture, elle a aussi repris l’entraînement dans son club, Team Tamarii Mataiea, pour préparer la Hawaiki Nui Va’a Solo.
 
La Polynésie a brillé aux championnats du monde de vitesse de va’a, qui se sont achevés en fin de semaine dernière, à Hilo (Hawaii), s’imposant en tête du classement avec 74 médailles, dont 40 en or. Parmi les nombreux exploits de la délégation, Mihinoa Paari totalise huit médailles en V1, V6 et V12 (élite et clubs), soit six en or et deux en argent.
 
Originaire de Mataiea, à Teva i Uta, la jeune femme de 17 ans s’entraîne depuis cinq ans dans le club Team Tamarii Mataiea, où elle est coachée par Hiromana Florès. “J’ai commencé à ramer à 13 ans, toute seule, pour m’amuser. Je voyais des rameurs passer devant chez moi et ça m’a donné envie d’essayer. Au bout d’une semaine, j’étais déjà à fond”, se souvient-elle, avec un nom de famille prédestiné, évoquant à la fois la force physique et mentale. La compétition s’est imposée rapidement, avec une première participation au Te Aito en 2019. “J’ai terminé avant-dernière. Ça m’a motivée à m’entraîner et à faire plus de courses pour m’améliorer”, confie-t-elle, prouvant que les efforts finissent par payer.
 

La jeune championne (troisième en partant de la droite) totalise huit médailles en V1, V6 et V12 (élite et clubs), soit six en or et deux en argent (Crédit : DR).

“Ça me motive à continuer”


La préparation a été intense. À la rame s’ajoutent la course à pied et le renforcement musculaire. “On s’est entraîné tous les jours dès le mois de mars. Il fallait faire des sacrifices : se lever tôt le matin pour ramer, aller à l’école et retourner s’entraîner le soir. L’objectif, c’était d’aller gagner ces championnats du monde !”, souligne Mihinoa Paari, qui a remporté, entre-temps, la première place de la Te Aito (V1 Junior) et de la Taho’e Race (U19), rivalisant avec les seniors dames.
 
Couronnée d’or aux championnats du monde de va’a marathon aux Samoa, l’an dernier, la jeune femme enchaîne également les compétitions à l’étranger. “Mais c’était ma première fois à Hawaii. J’étais contente de découvrir cette île. La première semaine, on a pu en profiter un peu pour visiter Hilo et les volcans. C’était waouh !”, s’exclame-t-elle. Posée et déterminée, Mihinoa Paari est restée concentrée sur la compétition. “Toutes les courses m’ont marquée, car l’objectif, c’était d’aller chercher l’or. En tant que capitaine de mon équipe en élite, j’avais envie de faire ça pour le Fenua. Mais je n’étais pas stressée, car j’ai l’habitude. En élite, on a toujours ramé ensemble, et avec Ihilani Va’a, ça s’est fait à la dernière minute, mais ça a super bien fonctionné.”
 
Si la jeune championne semble avoir encore du mal à réaliser, elle n’est pas près de s’arrêter en si bon chemin. “Je ne m’attendais pas à être la plus médaillée de toutes les femmes. Ça me motive à continuer pour faire encore mieux. Le va’a, c’est toujours ma passion : je ne peux plus m’en passer !”
 

La rameuse a opté pour un cursus aquacole, afin de rester connectée à la mer (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).

Fierté et exemplarité


De retour à l’entraînement, ce lundi, elle a aussi repris le chemin de l’école. Scolarisée en classe de première Conduite de production aquacole, au lycée agricole John-Doom, à Taravao, elle a retrouvé son professeur de sport, Gordon Barff, membre du conseil fédéral de la Fédération tahitienne de va’a. “Ce qu’ont fait Mihinoa, les cadettes et les juniors filles, c’est historique, car on n’avait plus gagné depuis 2010 à Nouméa. Il faut féliciter le travail réalisé par tous les clubs, les coachs et la fédération”, remarque le référent. La jeune femme fait aussi la fierté de son lycée. “C’est un exemple motivant pour les élèves. La compétition, c’est comme le bac pro : ça demande de la persévérance”, estime Jean-Pierre Sartore, directeur de l’établissement.  
 
Si Mihinoa Paari a opté pour un cursus aquacole, c’est pour conserver cette connexion à la mer. “J’ai envie de monter ma propre ferme, mais j’ai encore du travail, en commençant par mes premiers stages, cette année”, confie-t-elle, prête à continuer à concilier les études avec la pratique du va’a à haut niveau. “Comme mon coach me dit toujours : l’école, ça va avec la rame. Si l’un des deux ne suit pas, ça impacte l’autre.” Détentrice d’un brevet fédéral, elle est déjà attachée à transmettre sa passion aux plus jeunes licenciés de son club.  
 
Prochain rendez-vous pour la rameuse de la Presqu’île : la deuxième étape de la Hawaiki Nui Va’a Solo, le 20 septembre, entre Hitia’a et Mahina. “Il y a deux ans, j’ai gagné cette course. L’an dernier, j’ai eu une casse sur mon va’a. Donc là, je vais essayer d’aller récupérer mon maillot jaune.”
 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Lundi 26 Aout 2024 à 19:28 | Lu 3665 fois