Paris, France | AFP | mercredi 20/06/2017 - L'annonce fait des vagues dans certaines communes: d'anciens hôtels à bas coût vont être transformés en centres pour migrants et demandeurs d'asile, étoffant un parc largement saturé, mais les conditions d'accueil inquiètent les associations qui craignent un durcissement sécuritaire.
Ce dispositif, baptisé "Prahda" (pour Programme d'accueil et d'hébergement des demandeurs d'asile), est à l'initiative du ministère de l'Intérieur qui a lancé en septembre un appel d'offres pour 5.351 places d'hébergement d'urgence.
Un tiers des places ont déjà été créées et "la totalité sera ouverte d'ici la fin de l'année", assure-t-on au ministère de l'Intérieur.
Adoma (ex-Sonacotra, principal bailleur de "travailleurs migrants"), qui a remporté la totalité des lots, compte en effet utiliser une partie de son patrimoine, mais surtout d'anciens hôtels Formule1 dans une cinquantaine de départements.
Une partie de ces ex-Formule 1, des hôtels premier prix qu'Accor a cédés en mars à la SNI, la filiale immobilière d'intérêt général de la Caisse des Dépôts, servira par ailleurs à un autre programme d'hébergement d'urgence, après un appel d'offres du ministère du Logement pour 5.000 places.
Le temps de faire des travaux (soit 5.000 euros par chambre, selon Adoma) et ils accueilleront leur public: migrants souhaitant demander l'asile (ils auront 30 jours pour lancer les démarches) et demandeurs déjà enregistrés, mais "en attente d'orientation" vers des structures plus pérennes.
Ce nouveau dispositif "est né d'une réflexion: malgré les efforts pour étendre le parc, il restait des besoins à couvrir", explique-t-on au ministère de l'Intérieur.
Quelque 86.000 demandes d'asile ont été enregistrées l'an dernier, alors que les centres d'accueil dédiés (Cada) offrent seulement 40.000 places.
- 'Assignés à résidence' -
Mais le Prahda s'adresse aussi à un nouveau public, apparu avec la "Jungle" de Calais: des migrants enregistrés dans un autre pays européen, et censés aux termes du règlement "Dublin" y déposer leur demande d'asile. Ils étaient 22.500 l'an dernier, et leur nombre augmente.
Pour eux avaient été créés les centres d'accueil et d'orientation (CAO), qui comptent aujourd'hui près de 11.000 places, et restent nécessaires, souligne-t-on à l'Intérieur.
Mais les CAO sont souvent temporaires et montés dans l'urgence. L'accompagnement varie d'un centre à l'autre. Et ils ont un coût: 25 euros par jour, contre 19,50 en centres d'accueil dédiés, qui "restent le pivot" de l'hébergement.
Par contraste le coût descendra à 16 euros avec le nouveau dispositif, accompagnement compris.
Ce projet, lancé sans tapage, provoque aujourd'hui une certaine surprise sur le terrain.
"On a été mis devant le fait accompli", déplore ainsi Stéphane Dupont-Ferrier, maire du Fontanile (Isère), qui s'interroge: "96 personnes, c'est énorme pour notre commune de 2.800 habitants. Cela risque d'amener des trafics, de la prostitution".
"On n'est pas contre l'accueil des migrants: notre commune a adopté un voeu en ce sens", affirme Thierry Cozic, maire socialiste d'Arnage (Sarthe). Mais il regrette d'avoir appris "fortuitement" le projet de centre monté "en dépit du bon sens" près d'un complexe touristique.
Côté associations, c'est la feuille de route qui inquiète, puisque ces centres assureront "la préparation du transfert des personnes sous procédure Dublin et la sortie du dispositif des réfugiés et des personnes déboutées", selon Adoma.
Dans le sillage de la loi de mars 2016, les migrants "pourront y être assignés à résidence, dans l'attente de leur transfert vers l'Etat responsable".
Ce qui a dérouté certains acteurs. "Nous n'avons pas vocation à entrer dans ces problématiques" qui "relèvent plus de la mission de police que de l'accompagnement social", estime Pierre Henry, directeur général de France Terre d'asile, qui n'a pas répondu à l'appel d'offres.
A l'Intérieur, on assure que le gestionnaire "n'a pas à se substituer à la police" et que "le pointage se fait hors de la structure".
Mais pour les associations, le Prahda témoigne avant tout d'un "durcissement" sécuritaire.
"On commence à trouver normal de priver les gens de liberté de circulation", déplore Gérard Sadik de l'association de défense des migrants Cimade, qui craint des entraves à la demande d'asile et "une hausse des transferts".
Ce dispositif, baptisé "Prahda" (pour Programme d'accueil et d'hébergement des demandeurs d'asile), est à l'initiative du ministère de l'Intérieur qui a lancé en septembre un appel d'offres pour 5.351 places d'hébergement d'urgence.
Un tiers des places ont déjà été créées et "la totalité sera ouverte d'ici la fin de l'année", assure-t-on au ministère de l'Intérieur.
Adoma (ex-Sonacotra, principal bailleur de "travailleurs migrants"), qui a remporté la totalité des lots, compte en effet utiliser une partie de son patrimoine, mais surtout d'anciens hôtels Formule1 dans une cinquantaine de départements.
Une partie de ces ex-Formule 1, des hôtels premier prix qu'Accor a cédés en mars à la SNI, la filiale immobilière d'intérêt général de la Caisse des Dépôts, servira par ailleurs à un autre programme d'hébergement d'urgence, après un appel d'offres du ministère du Logement pour 5.000 places.
Le temps de faire des travaux (soit 5.000 euros par chambre, selon Adoma) et ils accueilleront leur public: migrants souhaitant demander l'asile (ils auront 30 jours pour lancer les démarches) et demandeurs déjà enregistrés, mais "en attente d'orientation" vers des structures plus pérennes.
Ce nouveau dispositif "est né d'une réflexion: malgré les efforts pour étendre le parc, il restait des besoins à couvrir", explique-t-on au ministère de l'Intérieur.
Quelque 86.000 demandes d'asile ont été enregistrées l'an dernier, alors que les centres d'accueil dédiés (Cada) offrent seulement 40.000 places.
- 'Assignés à résidence' -
Mais le Prahda s'adresse aussi à un nouveau public, apparu avec la "Jungle" de Calais: des migrants enregistrés dans un autre pays européen, et censés aux termes du règlement "Dublin" y déposer leur demande d'asile. Ils étaient 22.500 l'an dernier, et leur nombre augmente.
Pour eux avaient été créés les centres d'accueil et d'orientation (CAO), qui comptent aujourd'hui près de 11.000 places, et restent nécessaires, souligne-t-on à l'Intérieur.
Mais les CAO sont souvent temporaires et montés dans l'urgence. L'accompagnement varie d'un centre à l'autre. Et ils ont un coût: 25 euros par jour, contre 19,50 en centres d'accueil dédiés, qui "restent le pivot" de l'hébergement.
Par contraste le coût descendra à 16 euros avec le nouveau dispositif, accompagnement compris.
Ce projet, lancé sans tapage, provoque aujourd'hui une certaine surprise sur le terrain.
"On a été mis devant le fait accompli", déplore ainsi Stéphane Dupont-Ferrier, maire du Fontanile (Isère), qui s'interroge: "96 personnes, c'est énorme pour notre commune de 2.800 habitants. Cela risque d'amener des trafics, de la prostitution".
"On n'est pas contre l'accueil des migrants: notre commune a adopté un voeu en ce sens", affirme Thierry Cozic, maire socialiste d'Arnage (Sarthe). Mais il regrette d'avoir appris "fortuitement" le projet de centre monté "en dépit du bon sens" près d'un complexe touristique.
Côté associations, c'est la feuille de route qui inquiète, puisque ces centres assureront "la préparation du transfert des personnes sous procédure Dublin et la sortie du dispositif des réfugiés et des personnes déboutées", selon Adoma.
Dans le sillage de la loi de mars 2016, les migrants "pourront y être assignés à résidence, dans l'attente de leur transfert vers l'Etat responsable".
Ce qui a dérouté certains acteurs. "Nous n'avons pas vocation à entrer dans ces problématiques" qui "relèvent plus de la mission de police que de l'accompagnement social", estime Pierre Henry, directeur général de France Terre d'asile, qui n'a pas répondu à l'appel d'offres.
A l'Intérieur, on assure que le gestionnaire "n'a pas à se substituer à la police" et que "le pointage se fait hors de la structure".
Mais pour les associations, le Prahda témoigne avant tout d'un "durcissement" sécuritaire.
"On commence à trouver normal de priver les gens de liberté de circulation", déplore Gérard Sadik de l'association de défense des migrants Cimade, qui craint des entraves à la demande d'asile et "une hausse des transferts".