Mieux comprendre le sauvetage maritime : Une nouvelle vedette pour l'archipel marquisien


Papeete, le 16 décembre 2015 - Le festival des arts des îles Marquises qui se déroulera du 16 au 19 décembre à Hiva Oa donne l'occasion de se pencher sur la problématique du sauvetage en mer dans cet archipel reculé.

Crée en janvier 2010, la Fédération des sauveteurs en mer d'Hiva Oa a acquis sa première vedette de sauvetage en octobre dernier. La vedette de 26 pieds était entreposée dans les hangars du service de développement rural (SDR) à Hiva Oa. Pour pouvoir l'utiliser, une convention de partenariat a été signée entre le ministère de l'Agriculture et la FEPSM. Entretien avec Alain Côme, le vice-président de la Fédération d'entraide polynésienne de sauvetage en mer (FEPSM).

Combien de bénévoles marquisiens font du sauvetage en mer ?

L'archipel des Marquises est dispatché en station avec un responsable pour chaque station. Il y a également des bénévoles individuels. Au total, nous avons 14 bénévoles, 11 à Hua Pou et 3 à Ua Huka. Ils utilisent leur propre bateau pour sauver des vies.
A l'origine, la Fédération d'entraide polynésienne de sauvetage en mer (FEPSM) doit intervenir pour l'Etat avec des moyens privés mais il faut tout de même que nous ayons des moyens dédiés à certains endroits. C'est dans ce cadre que nous avons pu bénéficier du navire du service de développement rural (SDR) qui était garé dans un hangar. La convention pour ce bateau a une durée de trois ans.

Les sauveteurs en mer sont tous bénévoles, pourquoi ?

En effet, par le principe de solidarité des gens de mer, les membres de la FEPSM sont tous bénévoles. Il y a toujours eu cette entraide chez les marins, pendant la guerre, il existe des histoires incroyables où les ennemis se portent assistance. Mais ce n'est pas parce qu'on s'entraide qu'il ne faut pas avoir de moyens dédiés. Le sauvetage en mer est une compétence régalienne. La Fédération d’Entraide Polynésienne de Sauvetage en Mer (FEPSM) est née le 18 novembre 2009 avec le soutien de l’État et du Pays. Notre mission principale est la recherche et le sauvetage en mer sur toute la Polynésie Française sous la coordination du MRCC Papeete. En 2013, nous avons écrit un livre blanc sur les enjeux du sauvetage en mer par des bénévoles. Les décideurs (Etat, Pays et communes) ont dû tenir compte de nos remarques pour nous soutenir et agir afin de permettre à la FEPSM de durer.

La FEPSM dispose pourtant d'une subvention de l'Etat.

Cette subvention nous sert à rembourser le carburant des personnes qui interviennent et l'achat de matériel de sécurité. Elle est d' 1,4 million de francs. L’association s’engage à rembourser le carburant en cas d’intervention coordonnée par le MRCC Papeete. Quand un membre adhère à la FEPSM, il devient un membre opérationnel et s'il a un bateau, il peut faire du sauvetage en mer.

Des "trous noirs"

Quelles sont les caractéristiques du navire que vous venez d'acquérir ?

C'est un bateau en aluminium de 7,80 mètres qui permettra de faire des opérations de sauvetage en mer. Il est équipé avec toutes les normes de sécurité. Il dispose de deux moteurs de 72 et 140 chevaux, il a été construit à partir de coques de poti marara, un outil assez résistant pour le remorquage en cas de nécessité.

Certaines zones autour des Marquises sont des "trous noirs" où la VHF ne passe pas …

Il manque des relais VHF pour pouvoir couvrir l'ensemble des zones car ce sont des ondes avec une portée maximum à 30 nautiques, environ 60 km. S'il y a des montagnes, les ondes ne passent pas. Nous n'avons qu'un relais aux Marquises. Ce n'est pas suffisant, plus il y aura de relais, plus nous pourrons correspondre avec les bateaux. Nous aimerions également mettre en place un système qui permettrait de passer par les ondes satellites et capter les ondes VHF.

Un deuxième bateau dédié au sauvetage sera mis à l'eau dans les mois à venir ?

Oui, nous allons avoir un deuxième bateau dédié. Le service de la pêche s'en séparait et nous avons eu l'opportunité de pouvoir acquérir ce bateau pour le franc symbolique. Celui-ci va être affecté sur la côte Ouest, qui est la zone la plus accidentée de Tahiti.

Les embarcations doivent signaler leur départ pour le festival

Dans le cadre du festival, le MRCC Papeete et le COMOTHE demandent aux embarcations de Ua Huna (Ua Huka), Nuku Hiva, Ua Pou, Fatuiva et Tahuata qui se rendront à Hiva Oa pour les festivités de signaler leur départ auprès de la station de sauvetage en mer de Hiva Oa. "Cela permettra de s'assurer de leur arrivée à bon port et de pouvoir intervenir plus efficacement en cas d'inquiétude", indique l'organisation du festival. Pour signaler son départ, il faut téléphoner au Sémaphore au 40 927 660 de 8h à 16h ou au 16 (MRCC Papeete) en dehors de ces horaires.

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Mercredi 16 Décembre 2015 à 10:47 | Lu 1066 fois