PAPEETE, le 21 mai 2019 - Le livre "Communs et océan. Le rāhui en Polynésie" vient de paraître Au Vent des îles. Quatre auteurs s’interrogent avec lui sur le lien entre le système de jachère traditionnel de la société polynésienne et les nouvelles formes de gestion des espaces.
Le rāhui est "une fermeture temporaire d’un espace", résume Tamatoa Bambridge. Anthropologue au Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe) , il est co-auteur du livre "Communs et océan. Le rāhui en Polynésie" qui vient de paraître Au Vent des îles avec le soutien de l’Agence française pour le développement (AFD).
Le rāhui est une sorte de mise en jachère d’un espace. Il existe dans la société traditionnelle polynésienne au même titre que le "mana" ou les "tapu". Porté par les usagers eux-mêmes, il connaît aujourd’hui une certaine résurgence.
"C’est une notion, voire un concept", précise l’anthropologue qui a observé à la loupe le fonctionnement de celui de Fakarava, Moorea et de Teahupoo, constatant des résultats "plus ou moins heureux".
À Teahupoo par exemple, la biomasse moyenne des poissons commerciaux est de près de 400 kg pour 1 000 mètres carrés après trois ans de rāhui. Alors que cette biomasse n’est que de 40 à 60 kg pour 1 000 mètres carrés ailleurs à la presqu’île. Mais il y, dans d’autres espaces, des impacts moins nets, des communications parfois difficiles entre les acteurs.
Ces résultats mais aussi l’histoire du système dans la société traditionnelle, son évolution dans la société moderne, la complexité de sa mise en place et de son suivi du fait des usages multiples dans les lagons sont autant d’aspects traités dans l’ouvrage.
L’approche de ces aspects est pluridisciplinaire. Elle a été réalisée par l’anthropologue avec l’ethno-historien François Gaulme, le professeur de sciences économiques Christian Montet et l’économiste Thierry Paulais.
Cet ouvrage "facile à lire", "écrit comme un roman", de l’avis des auteurs aborde en parallèle les communs. Le commun (Common pool) est un terme emprunté à Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie en 2009. Il correspond aux ressources naturelles comme les pâturages, les zones de pêche, les forêts ou bien encore les lagons (mais peut aussi être une ressource tangible comme la connaissance).
Le problème de ces communs où évoluent différents acteurs, est l’épuisement. Comme il n’y a pas de propriétaire désigné, chacun a tendance à y puiser au maximum pour contenter son intérêt propre. "Alors, l’intérêt collectif souffre", conclue Christian Montet. "C’est la tragédie des communs."
Comment faire pour gérer ces biens en contentant tous les usagers ? Qui sont ces usagers ? Quels outils choisir ? Quels contrôles définir puis mettre en place ? Toutes ces questions d’aujourd’hui doivent trouver des réponses demain pour garantir l’avenir de l’humanité. L’ouvrage Communs et océan. Le rāhui en Polynésie participe à ce grand chantier.
Le rāhui est "une fermeture temporaire d’un espace", résume Tamatoa Bambridge. Anthropologue au Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe) , il est co-auteur du livre "Communs et océan. Le rāhui en Polynésie" qui vient de paraître Au Vent des îles avec le soutien de l’Agence française pour le développement (AFD).
Le rāhui est une sorte de mise en jachère d’un espace. Il existe dans la société traditionnelle polynésienne au même titre que le "mana" ou les "tapu". Porté par les usagers eux-mêmes, il connaît aujourd’hui une certaine résurgence.
"C’est une notion, voire un concept", précise l’anthropologue qui a observé à la loupe le fonctionnement de celui de Fakarava, Moorea et de Teahupoo, constatant des résultats "plus ou moins heureux".
À Teahupoo par exemple, la biomasse moyenne des poissons commerciaux est de près de 400 kg pour 1 000 mètres carrés après trois ans de rāhui. Alors que cette biomasse n’est que de 40 à 60 kg pour 1 000 mètres carrés ailleurs à la presqu’île. Mais il y, dans d’autres espaces, des impacts moins nets, des communications parfois difficiles entre les acteurs.
Ces résultats mais aussi l’histoire du système dans la société traditionnelle, son évolution dans la société moderne, la complexité de sa mise en place et de son suivi du fait des usages multiples dans les lagons sont autant d’aspects traités dans l’ouvrage.
L’approche de ces aspects est pluridisciplinaire. Elle a été réalisée par l’anthropologue avec l’ethno-historien François Gaulme, le professeur de sciences économiques Christian Montet et l’économiste Thierry Paulais.
Cet ouvrage "facile à lire", "écrit comme un roman", de l’avis des auteurs aborde en parallèle les communs. Le commun (Common pool) est un terme emprunté à Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie en 2009. Il correspond aux ressources naturelles comme les pâturages, les zones de pêche, les forêts ou bien encore les lagons (mais peut aussi être une ressource tangible comme la connaissance).
Le problème de ces communs où évoluent différents acteurs, est l’épuisement. Comme il n’y a pas de propriétaire désigné, chacun a tendance à y puiser au maximum pour contenter son intérêt propre. "Alors, l’intérêt collectif souffre", conclue Christian Montet. "C’est la tragédie des communs."
Comment faire pour gérer ces biens en contentant tous les usagers ? Qui sont ces usagers ? Quels outils choisir ? Quels contrôles définir puis mettre en place ? Toutes ces questions d’aujourd’hui doivent trouver des réponses demain pour garantir l’avenir de l’humanité. L’ouvrage Communs et océan. Le rāhui en Polynésie participe à ce grand chantier.