PAPEETE, le 30/11/2015 - Comment devenir écrivain ? Beaucoup n'osent pas franchir le pas vers l'écriture. Pour les aider, la romancière Ingrid Astier, qui anime des ateliers d'écriture pour la maison d'édition Gallimard, et l'auteur de polar, Jean-Hugues Oppel, ont distillé leurs conseils pour devenir écrivain lors du dernier salon du livre de Tahiti.
L'inspiration
Ingrid Astier : " On doit stimuler sa sensibilité, écrire c'est du travail. Ce n'est pas une inspiration par la grâce divine, c'est beaucoup de lecture et je suis très sensible au fait qu'au Salon du livre de Papeete, il y ait un vrai travail pour encourager la lecture.
J'ai choisi ce métier pour investir le monde. Plus on vit avec les personnages, plus ils prennent de la place dans notre vie. Ce sont mes personnages qui me font sortir de mon terrier. Mon lecteur va bénéficier de ces vies par procuration."
Jean-Hugues Oppel : " Chaque écrivain à ses fonctionnements, il ne faut pas comparer. On peut écrire des chefs d'œuvre en très peu de temps ou des romans moyens en très longtemps. Quand mes personnages s'enfuient, je les rattrape."
La base pour écrire
Ingrid Astier : "La base pour bien écrire c'est beaucoup lire, c'est comme les gammes de piano. L'écrit c'est de la musique, il faut acquérir cette oreille musicienne et cela passe par l'imaginaire car cette oreille a tendance à dormir. On est dans une culture paresseuse où l'on reçoit beaucoup, on consomme énormément mais on participe peu. La lecture convoque l'imaginaire, stimule. La preuve: on peut croire qu'on est le héros, c'est un phénomène magique. La lecture permet d'être n'importe où et n'importe qui. On peut être dans son siège et être un astronaute ou alors un plongeur de la brigade fluviale."
Le salaire
Ingrid Astier :" Pour embrasser ce métier, il ne faut pas avoir peur. J'étais fonctionnaire avant et j'ai accepté de ne plus avoir de filet de sécurité. Je me sens toujours comme un joueur de poker. Tu ne sais jamais si l'éditeur va accepter ou non ton roman. Il faut gagner la confiance des lecteurs, des médias, ce métier est comme celui d'un funambule. Il n'y a pas beaucoup de profession où tu n'es payée qu'une fois par an, au moment des à-valoir (acompte) de l'éditeur"
Jean-Hugues Oppel : " Pendant les mois de mars, avril, mai, juin, tu peux voir dans les rues si les auteurs ont été payés ou non. C'est le moment où les éditeurs payent les à-valoir. Certains écrivains se rongent les ongles, d'autres payent leur tournée. On ne peut pas gérer nos à-valoir comme les personnes qui ont un salaire tous les mois. Il faut le prendre en compte dans notre mode de vie."
La critique
Ingrid Astier : " C'est très fragile un écrivain. Notre terreau, c'est notre sensibilité. Il faut se préserver des commentaires négatifs sur Internet, des notes des internautes, etc."
Jean-Huges Oppel : " un grand écrivain anglais donnait des mauvaises notes à ses confrères sur Internet et mettait des bonnes notes à ses livres. Il a été démasqué. C'est dire toute l'importance de la critique pour l'écrivain."
Le quotidien
Ingrid Astier : " L'écriture me nourrit. J'ai une vie très sobre, je me lève tôt, je me couche tôt. Je suis constamment régentée par l'écriture, je reste dans mon monde."
Jean-Hugues Oppel: "J'ai des activités professionnelles qui sont en relation avec le métier d'écrivain comme des conférences, des ateliers d'écriture, etc. Je fais partie des auteurs privilégiés, je n'ai jamais été obligé de me détourner de mon métier. Concrètement, dans ma journée, je réserve ma matinée aux tâches ménagères et l'après-midi j'écris de façon continue. Je cale mes séances d'écriture par rapport à mes déplacements, je n'aime pas partir avec du travail qui n'est pas fini. Le soir, je fais autre chose sauf les deux dernières semaines avant de rendre un livre, je travaille du matin au soir et je ne vois plus personne (rire). Mes amis s'inquiètent beaucoup à ce moment-là ! "
Propos recueillis par Noémie Debot-Ducloyer
L'inspiration
Ingrid Astier : " On doit stimuler sa sensibilité, écrire c'est du travail. Ce n'est pas une inspiration par la grâce divine, c'est beaucoup de lecture et je suis très sensible au fait qu'au Salon du livre de Papeete, il y ait un vrai travail pour encourager la lecture.
J'ai choisi ce métier pour investir le monde. Plus on vit avec les personnages, plus ils prennent de la place dans notre vie. Ce sont mes personnages qui me font sortir de mon terrier. Mon lecteur va bénéficier de ces vies par procuration."
Jean-Hugues Oppel : " Chaque écrivain à ses fonctionnements, il ne faut pas comparer. On peut écrire des chefs d'œuvre en très peu de temps ou des romans moyens en très longtemps. Quand mes personnages s'enfuient, je les rattrape."
La base pour écrire
Ingrid Astier : "La base pour bien écrire c'est beaucoup lire, c'est comme les gammes de piano. L'écrit c'est de la musique, il faut acquérir cette oreille musicienne et cela passe par l'imaginaire car cette oreille a tendance à dormir. On est dans une culture paresseuse où l'on reçoit beaucoup, on consomme énormément mais on participe peu. La lecture convoque l'imaginaire, stimule. La preuve: on peut croire qu'on est le héros, c'est un phénomène magique. La lecture permet d'être n'importe où et n'importe qui. On peut être dans son siège et être un astronaute ou alors un plongeur de la brigade fluviale."
Le salaire
Ingrid Astier :" Pour embrasser ce métier, il ne faut pas avoir peur. J'étais fonctionnaire avant et j'ai accepté de ne plus avoir de filet de sécurité. Je me sens toujours comme un joueur de poker. Tu ne sais jamais si l'éditeur va accepter ou non ton roman. Il faut gagner la confiance des lecteurs, des médias, ce métier est comme celui d'un funambule. Il n'y a pas beaucoup de profession où tu n'es payée qu'une fois par an, au moment des à-valoir (acompte) de l'éditeur"
Jean-Hugues Oppel : " Pendant les mois de mars, avril, mai, juin, tu peux voir dans les rues si les auteurs ont été payés ou non. C'est le moment où les éditeurs payent les à-valoir. Certains écrivains se rongent les ongles, d'autres payent leur tournée. On ne peut pas gérer nos à-valoir comme les personnes qui ont un salaire tous les mois. Il faut le prendre en compte dans notre mode de vie."
La critique
Ingrid Astier : " C'est très fragile un écrivain. Notre terreau, c'est notre sensibilité. Il faut se préserver des commentaires négatifs sur Internet, des notes des internautes, etc."
Jean-Huges Oppel : " un grand écrivain anglais donnait des mauvaises notes à ses confrères sur Internet et mettait des bonnes notes à ses livres. Il a été démasqué. C'est dire toute l'importance de la critique pour l'écrivain."
Le quotidien
Ingrid Astier : " L'écriture me nourrit. J'ai une vie très sobre, je me lève tôt, je me couche tôt. Je suis constamment régentée par l'écriture, je reste dans mon monde."
Jean-Hugues Oppel: "J'ai des activités professionnelles qui sont en relation avec le métier d'écrivain comme des conférences, des ateliers d'écriture, etc. Je fais partie des auteurs privilégiés, je n'ai jamais été obligé de me détourner de mon métier. Concrètement, dans ma journée, je réserve ma matinée aux tâches ménagères et l'après-midi j'écris de façon continue. Je cale mes séances d'écriture par rapport à mes déplacements, je n'aime pas partir avec du travail qui n'est pas fini. Le soir, je fais autre chose sauf les deux dernières semaines avant de rendre un livre, je travaille du matin au soir et je ne vois plus personne (rire). Mes amis s'inquiètent beaucoup à ce moment-là ! "
Propos recueillis par Noémie Debot-Ducloyer
A lire :
Carton blême, Jean-Hugues Oppel et Boris Beuzelin, Editions Rivages/noir (2013)
Même pas peur, Ingrid Astier, Editions Syros (2015)
Petite éloge de la nuit, Ingrid Astier, Folio Gallimard (2014)
Même pas peur, Ingrid Astier, Editions Syros (2015)
Petite éloge de la nuit, Ingrid Astier, Folio Gallimard (2014)
Les ateliers d'écriture au Méridien
Si vous avez envie d'écrire ou découvrir les secrets du métier d'écrivain, vous pouvez vous rendre aux ateliers d'écriture de l'hôtel Le Méridien à Punaauia. Ils sont animés par la romancière Françoise Saint-Chabaud. Ouverts à tous, à partir de 16 ans, l'inscription se fait à la séance de deux heures ou au module de 10 heures. Chaque cours coûte 3500 francs. Plus de
renseignements : http://www.lemeridientahiti.com/fr/atelier-ecriture
Si vous avez envie d'écrire ou découvrir les secrets du métier d'écrivain, vous pouvez vous rendre aux ateliers d'écriture de l'hôtel Le Méridien à Punaauia. Ils sont animés par la romancière Françoise Saint-Chabaud. Ouverts à tous, à partir de 16 ans, l'inscription se fait à la séance de deux heures ou au module de 10 heures. Chaque cours coûte 3500 francs. Plus de
renseignements : http://www.lemeridientahiti.com/fr/atelier-ecriture