El Salto, Mexique | AFP | vendredi 11/12/2015 - Poissons morts, énormes nuages de mousse sur l'eau, nuées de moustiques, odeur fétide: c'est le décor familier de deux localités mexicaines traversées par la rivière Santiago, une des plus contaminées d'Amérique latine, qui, selon des ONG et des habitants, provoque maladies et décès.
La rivière, qui naît dans l'immense lac de Chapala, dans l'Etat de Jalisco (ouest), et serpente sur 562 km jusqu'à se jeter dans le Pacifique, était dans le passé parmi les plus puissantes du pays, avec des cascades spectaculaires et des paysages somptueux entaillés de gorges.
Mais quelque 400 entreprises se sont installées dans un couloir industriel le long de cette rivière et y déversent depuis quatre décennies leurs déchets, transformant ses eaux en une mixture qui contient plus de 1.000 substances toxiques, dont des métaux lourds, selon l'Institut gouvernemental mexicain de l'eau (IMTA).
A cette pollution industrielle s'ajoute le rejet d'eaux usées par une dizaine de villes de la communauté urbaine de Guadalajara (ouest), la deuxième plus grande ville du Mexique (4,6 millions d'habitants), qui débouchent à Juanacatlan et El Salto, deux communes où les habitants sont fortement affectés.
Entre les deux localités, une grande chute d'eau soulève un nuage de particules polluantes qui se dispersent dans l'air.
Au pied de cette cascade, les sulfates se convertissent en une mousse épaisse qui peut atteindre plusieurs mètres de hauteur et monter jusqu'au pont que traversent quotidiennement les habitants.
- Nuées de moustiques -
"Ici chaque enfant sait que cette rivière, c'est tout sauf de l'eau", explique Enrique Enciso Rivera, représentant de "Un salto de vida" ("Une cascade de vie"), association créée en 2006 face au désespoir de la population.
A El Salto, une ville d'environ 20.000 personnes, le problème des moustiques, dont les prédateurs ont été tués par la pollution, est devenu tel que lorsque les habitants voulaient discuter sur leur pas de porte, "on ne pouvait plus parler car il y en avait tellement (...) et ils entraient dans votre bouche", se souvient M. Enciso Rivera.
Les habitants racontent les odeurs insupportables de la rivière, les maux de têtes provoqués par les polluants, les nausées et les irritations des yeux.
En 2008, un enfant de huit ans, Miguel Angel Rocha, est tombé accidentellement dans l'eau et est décédé 19 jours après avoir ingurgité une forte dose d'arsenic, indique M. Enciso Rivera.
"Il y a deux ans, d'un jour à l'autre, sont apparus des milliers de poissons morts", raconte Refugio Velázquez Ballina, le maire de Juanacatlan, dans son bureau situé à quelques mètres de la rivière. Selon l'élu, il y a beaucoup de cas "de cancer, de déficiences rénales et de problèmes de peau" dans sa commune.
Bien que les habitants ne s'y baignent plus et n'y pêchent guère, le risque est toujours là car les nappes phréatiques sont contaminées et l'eau utilisée pour les besoins courants provient souvent de puits creusés dans les maisons.
- Résidus neurotoxiques -
Les proches de victimes, les organisations civiles et les autorités municipales assurent que les autorités sanitaires de l'Etat occultent les effets de la contamination.
Un porte-parole du secrétariat à la Santé de Jalisco a assuré à l'AFP qu'il n'y avait pas de lien avéré entre la contamination de la rivière et les maladies constatées, tout en ajoutant que des études étaient actuellement en cours.
En 2013, le gouvernement avait inauguré à El Salto une station d'épuration, mais selon Sinai Guevara, responsable des substances toxiques au sein de Greenpeace Mexique, elle ne filtre qu'une partie des phosphates (détergents) et des nitrates provenant des eaux usées.
Entre 2012 et 2013, l'ONG a réalisé une étude sur le bassin de la rivière.
"Nous avons trouvé des résidus de toluène, qui est un neurotoxique. Il y a aussi des perturbateurs hormonaux comme les phénols", explique l'expert de Greenpeace.
Les entreprises qui déversent le plus de métaux lourds et de cyanure sont les entreprises chimiques, agroalimentaires, de produits électroniques et les fabricants de bière, indique-t-il.
Si 70% des rivières sont contaminées à des degrés divers au Mexique, la rivière Santiago fait partie des trois plus contaminées du pays, selon Greenpeace.
La rivière, qui naît dans l'immense lac de Chapala, dans l'Etat de Jalisco (ouest), et serpente sur 562 km jusqu'à se jeter dans le Pacifique, était dans le passé parmi les plus puissantes du pays, avec des cascades spectaculaires et des paysages somptueux entaillés de gorges.
Mais quelque 400 entreprises se sont installées dans un couloir industriel le long de cette rivière et y déversent depuis quatre décennies leurs déchets, transformant ses eaux en une mixture qui contient plus de 1.000 substances toxiques, dont des métaux lourds, selon l'Institut gouvernemental mexicain de l'eau (IMTA).
A cette pollution industrielle s'ajoute le rejet d'eaux usées par une dizaine de villes de la communauté urbaine de Guadalajara (ouest), la deuxième plus grande ville du Mexique (4,6 millions d'habitants), qui débouchent à Juanacatlan et El Salto, deux communes où les habitants sont fortement affectés.
Entre les deux localités, une grande chute d'eau soulève un nuage de particules polluantes qui se dispersent dans l'air.
Au pied de cette cascade, les sulfates se convertissent en une mousse épaisse qui peut atteindre plusieurs mètres de hauteur et monter jusqu'au pont que traversent quotidiennement les habitants.
- Nuées de moustiques -
"Ici chaque enfant sait que cette rivière, c'est tout sauf de l'eau", explique Enrique Enciso Rivera, représentant de "Un salto de vida" ("Une cascade de vie"), association créée en 2006 face au désespoir de la population.
A El Salto, une ville d'environ 20.000 personnes, le problème des moustiques, dont les prédateurs ont été tués par la pollution, est devenu tel que lorsque les habitants voulaient discuter sur leur pas de porte, "on ne pouvait plus parler car il y en avait tellement (...) et ils entraient dans votre bouche", se souvient M. Enciso Rivera.
Les habitants racontent les odeurs insupportables de la rivière, les maux de têtes provoqués par les polluants, les nausées et les irritations des yeux.
En 2008, un enfant de huit ans, Miguel Angel Rocha, est tombé accidentellement dans l'eau et est décédé 19 jours après avoir ingurgité une forte dose d'arsenic, indique M. Enciso Rivera.
"Il y a deux ans, d'un jour à l'autre, sont apparus des milliers de poissons morts", raconte Refugio Velázquez Ballina, le maire de Juanacatlan, dans son bureau situé à quelques mètres de la rivière. Selon l'élu, il y a beaucoup de cas "de cancer, de déficiences rénales et de problèmes de peau" dans sa commune.
Bien que les habitants ne s'y baignent plus et n'y pêchent guère, le risque est toujours là car les nappes phréatiques sont contaminées et l'eau utilisée pour les besoins courants provient souvent de puits creusés dans les maisons.
- Résidus neurotoxiques -
Les proches de victimes, les organisations civiles et les autorités municipales assurent que les autorités sanitaires de l'Etat occultent les effets de la contamination.
Un porte-parole du secrétariat à la Santé de Jalisco a assuré à l'AFP qu'il n'y avait pas de lien avéré entre la contamination de la rivière et les maladies constatées, tout en ajoutant que des études étaient actuellement en cours.
En 2013, le gouvernement avait inauguré à El Salto une station d'épuration, mais selon Sinai Guevara, responsable des substances toxiques au sein de Greenpeace Mexique, elle ne filtre qu'une partie des phosphates (détergents) et des nitrates provenant des eaux usées.
Entre 2012 et 2013, l'ONG a réalisé une étude sur le bassin de la rivière.
"Nous avons trouvé des résidus de toluène, qui est un neurotoxique. Il y a aussi des perturbateurs hormonaux comme les phénols", explique l'expert de Greenpeace.
Les entreprises qui déversent le plus de métaux lourds et de cyanure sont les entreprises chimiques, agroalimentaires, de produits électroniques et les fabricants de bière, indique-t-il.
Si 70% des rivières sont contaminées à des degrés divers au Mexique, la rivière Santiago fait partie des trois plus contaminées du pays, selon Greenpeace.