Meurtre de Tikehau : deux hommes relaxés après avoir été poursuivis pour non-assistance à personne en danger


Les deux hommes poursuivis pour non-assistance à personne en danger dans le meurtre de Tikehau en 2018 ont été relaxés ce mardi par le tribunal correctionnel de Papeete. Crédit photo : Garance Colbert.
Tahiti, le 6 février 2024 - Deux hommes comparaissaient ce mardi au tribunal correctionnel de Papeete pour non-assistance à personne en danger dans l'affaire du meurtre de Tikehau en 2018. Au terme du procès, ils ont tous deux été relaxés par la justice.
 
Six ans après les faits et deux ans après la condamnation à perpétuité du meurtrier, deux hommes comparaissaient ce mardi matin dans l'affaire du meurtre de Tikehau en 2018, pour non-assistance à personne en danger. Pour mémoire, cette sordide affaire s'était déroulée sur un motu de l'atoll des Tuamotu. Un homme de 51 ans avait alors massacré à mort sa femme en la frappant à coups de poing, de pied, mais également de rondins de bois ou de planche. La nuit du crime, le couple avait passé la soirée sur un catamaran, en compagnie de ses occupants rencontrés plus tôt dans la journée, mais également avec la sœur et le beau-frère de la victime. Éméchée, la victime était tombée à l'eau, ce qui poussa le skipper à se jeter lui aussi dans le lagon pour l'aider. Une scène anodine qui rendit fou le mari, qui se mit immédiatement à la rouer de coups de pied et la gifler à plusieurs reprises. Le calme à bord retrouvé, les quatre invités étaient repartis en bateau sur leur atoll, mais le mari, un ancien mūto'i, n'en avait pas terminé avec sa femme. À peine le pied sur terre, il se remit à la tabasser, à l'aide de planche ou de rondins de bois. L'altercation alerta l'un des neveux de la victime, mais qui n'osa pas intervenir face à ce déchaînement de violence et à la réputation que traînait l'homme de 51 ans, connu sur l'atoll comme un individu extrêmement violent. La victime ne vit pas le lever du jour, elle succomba sous les coups de son compagnon.
 
“C'est une infraction où il n'y a pas d'actes”
 

Deux ans après le jugement du meurtrier, le tribunal a donc examiné ce mardi le cas du skipper du bateau et du neveu, que la justice poursuivait pour non-assistance à personne en danger. Le parquet estimant que ces personnes n'avaient rien fait pour “préserver la victime”, bien que la procureure elle-même ait reconnu la complexité du dossier. “C'est une infraction où il n'y a pas d'actes. Il faut établir l'abstention. Nous, on est dans un fauteuil et c'est facile, a posteriori, de refaire l'histoire.”
 
Concernant le skipper, la procureure lui reproche d'avoir laissé partir la victime. “S'il a pu sous-estimer le danger pour la victime, il aurait dû a minima utiliser sa radio pour appeler les secours.” Le capitaine du catamaran ayant déclaré qu'au moment du départ de ses quatre invités vers la terre ferme, “la situation s'était calmée” et que rien ne laissait présager une telle suite. Son avocat appuyant même le fait qu'étant la nuit et à 500 mètres du rivage, il ne pouvait pas voir ce qu'il se passait sur la terre ferme. Cependant, la procureure a réclamé ce mardi une peine d'un an de sursis à son encontre.
 
Pour le neveu, elle a en revanche demandé la relaxe. Car s'il avait assisté à la scène sur terre, l'absence de couverture du réseau téléphonique l'empêcha d'appeler les secours, ce qu'il aurait par ailleurs tenté. De plus, il aurait été “tétanisé” par l'extrême violence du meurtrier et craignait des représailles envers sa famille s'il s'interposait. Après délibération, le tribunal a finalement relaxé les deux hommes.

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 6 Février 2024 à 16:47 | Lu 2385 fois