Meurtre d'Angélique: David Ramault condamné à perpétuité avec 25 ans de sûreté


AFP
Douai, France | AFP | vendredi 19/11/2021 - Le crime d'un "pervers": la cour d'assises du Nord a condamné vendredi David Ramault à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 25 ans de sûreté pour l'enlèvement, le viol et le meurtre d'Angélique, 12 ans, en 2018 à Wambrechies, près de Lille. 

Si la cour n'est pas allée aussi loin que les réquisitions de l'avocate générale, qui avait demandé une période de sûreté de 30 ans, elle a prévu que l'ancien chauffeur de bus et père de deux garçons fasse l'objet, à l'issue de sa peine, d'un réexamen de sa situation "en vue d'une éventuelle rétention de sûreté".

La peine prononcée doit permettre d'entrer "dans un réel et constant processus de soin, notamment concernant votre fonctionnement de type pervers dont vous n'avez pas voulu vous départir pendant une période de plus de 20 ans", lui a expliqué la présidente Sylvie Karas. 

Au premier rang de la salle d'audience, les proches d'Angélique avaient revêtu pour le verdict un T-shirt violet portant la photo de la fillette souriante.

Jugé depuis mardi, M. Ramault, 48 ans, "a franchi une limite difficile à imaginer, (...) Le viol et le meurtre d’une enfant, enlevée, séquestrée, frappée, salie, étranglée, transportée dans une valise, et abandonnée dans un bois", a dans son réquisitoire lancé l'avocate générale Carole Étienne, dans un lourd silence. 

"Vous devez aujourd’hui juger un crime sexuel, un crime sadique, qui a consisté à chercher une victime fragile et vulnérable, à la manipuler, dans le but de la réduire à un objet sexuel (...) pour atteindre la jouissance", a-t-elle résumé aux jurés.

Déjà condamné en 1996 pour viol sur une enfant du même âge, mais sans histoire depuis près de vingt ans, ce "récidiviste" avait "un projet de viol qui a été préparé", et dont le meurtre était l’aboutissement, a-t-elle estimé. 

"Piège" 

Au premier jour de son procès, demandant pardon aux parents d'Angélique, David Ramault avait reconnu ne pas avoir fait de démarches pour se soigner, par "honte" de s'avouer sa vraie nature. 

"Je voulais dire que j'acceptais d'être soigné, pas pour moi mais pour la société", a-t-il lancé vendredi avant que la cour ne se retire.

Mercredi 25 avril 2018, il est seul chez lui à Wambrechies, sa famille en vacances. Comme souvent, il se masturbe, puis va acheter à Lille un aphrodisiaque pour résoudre, selon lui, ses "pannes sexuelles".

Au second cachet, il est pris selon lui d'un "malaise" et de "pensées obsédantes", et sort "prendre l'air" aux abords d'un parc où joue son ancienne voisine, Angélique.

En l'apercevant "j'ai eu un désir, une pulsion". Il lui promet un cadeau pour ses parents, l'enferme, la viole et l'étrangle.

"Tous ces faits, qu'il a réduits à un simple dérapage, un pétage de câble", ne sont "pas une pulsion", mais un piège, qui "n’avait qu’un seul but, abuser de sa victime et l’éliminer", selon l'avocate générale. 

"Souhaiter qu'il disparaisse" 

Il s'est immédiatement "préoccupé d’effacer ses traces, méthodiquement", a-t-elle rappelé. Il a mis le corps dans une valise, dans la voiture de son épouse, avant d'acheter une pelle dans un magasin de jardinage.

Elle a aussi mis en avant les "troubles de la personnalité graves" de l'accusé, un "prédateur sexuel sadique" selon les experts. 

"Si ici, on essaye de donner le change, au fond de notre humanité, on souhaite qu’il disparaisse", a lâché dans sa plaidoirie l'avocat de l'accusé, Me Éric Demey, évoquant la peine de mort qui doit "trotter dans la tête de certains". 

Mais "il n'est pas construit comme nous (...) C'est un psychopathe, pervers et sadique", a-t-il lancé.

"Cette perversité, c'est ce qui lui permet de survivre", pourtant "pendant une vingtaine d'années, il va réussir à réprimer ce qu'il est", "garder éteint le monstre qui sommeille en lui", et sera "un bon mari, un bon père, investi". 

Le condamner "à la peine maximale et définitive rendra-t-il les hommes meilleurs ?", a-t-il interrogé, demandant aux jurés, "au nom de cet espoir de se soigner" de "laisser au bout du tunnel de l'enfermement une petite lumière".

le Vendredi 19 Novembre 2021 à 05:51 | Lu 308 fois