Paris, France | AFP | vendredi 27/05/2016 - Le consommateur se mettant à table avec le souci d'agir en faveur du climat doit davantage se tourner vers les légumes secs qui sont une alternative aux protéines animales mais aussi une manière méconnue de réduire les gaz à effet de serre d'autres cultures.
"Leur introduction dans les régimes alimentaires humains permet de diversifier les sources de protéines, en remplacement de la viande, contribuant à des régimes alimentaires moins émetteurs de gaz à effet de serre", souligne un rapport récent de l'ONG Réseau action climat (RAC) et les experts de l'association Solagro.
Car pois chiches, pois cassés, lentilles, fèves et autres haricots, combinés à des céréales, "permettent de couvrir la totalité des besoins en acides aminés" que fournissent aussi les protéines animales, rappelle Jean-Michel Chardigny, nutritionniste et chercheur à l'Inra.
Manger moins de viande contribue de plusieurs manières à limiter les émissions de gaz à effet de serre: moins de méthane émis par les bovins et moins d'importations de soja (Etats-Unis, Brésil, etc.), la principale source d'alimentation pour l'élevage en Europe.
Sans compter que dans un contexte d'accroissement continu de la population mondiale et de compétition accrue pour les terres arables, il faut en moyenne cinq kilogrammes de protéines végétales pour produire un kg de protéines animales.
Mais pour le climat, l'avantage des légumineuses ne réside pas que dans la comparaison avec la viande.
Contrairement aux cultures céréalières très dominantes en France, les légumineuses ont la faculté de fixer l'azote de l'air dans leurs racines. Du coup, elles n'ont pas besoin d'engrais chimiques, la principale source de gaz à effet de serre de l'agriculture, un secteur qui compte au total pour 16% des émissions de gaz à effet de serre françaises.
En plantant des lentilles plutôt que du blé, "on évite les principaux impacts environnementaux comme les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d'énergie nécessaire à la production d'engrais", note Marie-Hélène Jeuffroy, agronome et chercheuse à l'Inra.
- Un début de renaissance -
Mieux encore: les légumineuses enrichissent le sol en azote et permettent de diminuer les intrants pour les cultures de céréales ou d'oléagineux les années suivantes. Selon Marie-Hélène Jeuffroy, "inclure une année sur cinq dans une rotation des cultures une légumineuse permet de diminuer de 14% les émissions de gaz à effet de serre" sur l'ensemble du cycle.
Enfin, "l'insertion de légumineuses contribue à rompre le cycle des bio-agresseurs (parasites, ravageurs, etc.) des cultures majeures", ce qui permet de réduire la consommation de pesticides.
Les avantages environnementaux venant s'ajouter aux bénéfices pour la santé (prévention des maladies cardiovasculaires, apport de fibres, de minéraux, de vitamines, contrôle de la glycémie), les légumineuses devraient avoir le vent en poupe.
Pourtant, selon le RAC et Solagro, "leur développement n'est pas à la hauteur des enjeux actuels", même si des filières locales se structurent, notamment en bio. Les chercheurs de l'Inra évoquent "un début de renaissance", "une PAC plus favorable aux légumineuses", mais aussi un long chemin à parcourir.
"Les légumes secs sont peu consommés: moins de 2 kg par an et par personne en France contre 4 à 5 kg en Europe et 7 kg au niveau mondial", indique Marie-Benoit Magrini de l'Inra. Contre 100 kg de blé et 90 kg de viande!
Et pourtant, il faut importer la grande majorité des légumes secs destinées à l'alimentation humaine, notamment du Canada qui a relancé avec succès ces cultures dans les années 2000.
En France, "ces cultures ne représentent que 300.000 hectares cultivés contre 9 millions pour les céréales et 2 millions pour les oléagineux" (colza, tournesol, etc.), complète l'économiste.
Il n'en a pas toujours été ainsi: avant la Seconde guerre mondiale, les Français consommaient 7 kg de légumes secs par an! Et beaucoup moins de viande.
"Il ne s'agit pas que tout le monde devienne végétarien mais d'aller vers une plus grande complémentarité entre la viande et les légumineuses", résume Jean-Michel Chardigny.
"Or, regrette le nutritionniste, on en est encore aux schémas des manuels scolaires: les protéines viennent du trio viandes, poissons, boeufs et l'on oublie les lentilles, les pois les haricots secs."
"Leur introduction dans les régimes alimentaires humains permet de diversifier les sources de protéines, en remplacement de la viande, contribuant à des régimes alimentaires moins émetteurs de gaz à effet de serre", souligne un rapport récent de l'ONG Réseau action climat (RAC) et les experts de l'association Solagro.
Car pois chiches, pois cassés, lentilles, fèves et autres haricots, combinés à des céréales, "permettent de couvrir la totalité des besoins en acides aminés" que fournissent aussi les protéines animales, rappelle Jean-Michel Chardigny, nutritionniste et chercheur à l'Inra.
Manger moins de viande contribue de plusieurs manières à limiter les émissions de gaz à effet de serre: moins de méthane émis par les bovins et moins d'importations de soja (Etats-Unis, Brésil, etc.), la principale source d'alimentation pour l'élevage en Europe.
Sans compter que dans un contexte d'accroissement continu de la population mondiale et de compétition accrue pour les terres arables, il faut en moyenne cinq kilogrammes de protéines végétales pour produire un kg de protéines animales.
Mais pour le climat, l'avantage des légumineuses ne réside pas que dans la comparaison avec la viande.
Contrairement aux cultures céréalières très dominantes en France, les légumineuses ont la faculté de fixer l'azote de l'air dans leurs racines. Du coup, elles n'ont pas besoin d'engrais chimiques, la principale source de gaz à effet de serre de l'agriculture, un secteur qui compte au total pour 16% des émissions de gaz à effet de serre françaises.
En plantant des lentilles plutôt que du blé, "on évite les principaux impacts environnementaux comme les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d'énergie nécessaire à la production d'engrais", note Marie-Hélène Jeuffroy, agronome et chercheuse à l'Inra.
- Un début de renaissance -
Mieux encore: les légumineuses enrichissent le sol en azote et permettent de diminuer les intrants pour les cultures de céréales ou d'oléagineux les années suivantes. Selon Marie-Hélène Jeuffroy, "inclure une année sur cinq dans une rotation des cultures une légumineuse permet de diminuer de 14% les émissions de gaz à effet de serre" sur l'ensemble du cycle.
Enfin, "l'insertion de légumineuses contribue à rompre le cycle des bio-agresseurs (parasites, ravageurs, etc.) des cultures majeures", ce qui permet de réduire la consommation de pesticides.
Les avantages environnementaux venant s'ajouter aux bénéfices pour la santé (prévention des maladies cardiovasculaires, apport de fibres, de minéraux, de vitamines, contrôle de la glycémie), les légumineuses devraient avoir le vent en poupe.
Pourtant, selon le RAC et Solagro, "leur développement n'est pas à la hauteur des enjeux actuels", même si des filières locales se structurent, notamment en bio. Les chercheurs de l'Inra évoquent "un début de renaissance", "une PAC plus favorable aux légumineuses", mais aussi un long chemin à parcourir.
"Les légumes secs sont peu consommés: moins de 2 kg par an et par personne en France contre 4 à 5 kg en Europe et 7 kg au niveau mondial", indique Marie-Benoit Magrini de l'Inra. Contre 100 kg de blé et 90 kg de viande!
Et pourtant, il faut importer la grande majorité des légumes secs destinées à l'alimentation humaine, notamment du Canada qui a relancé avec succès ces cultures dans les années 2000.
En France, "ces cultures ne représentent que 300.000 hectares cultivés contre 9 millions pour les céréales et 2 millions pour les oléagineux" (colza, tournesol, etc.), complète l'économiste.
Il n'en a pas toujours été ainsi: avant la Seconde guerre mondiale, les Français consommaient 7 kg de légumes secs par an! Et beaucoup moins de viande.
"Il ne s'agit pas que tout le monde devienne végétarien mais d'aller vers une plus grande complémentarité entre la viande et les légumineuses", résume Jean-Michel Chardigny.
"Or, regrette le nutritionniste, on en est encore aux schémas des manuels scolaires: les protéines viennent du trio viandes, poissons, boeufs et l'on oublie les lentilles, les pois les haricots secs."