Menace de grève à l’OPT


Tahiti, le 29 mai 2024 - Les partenaires sociaux invitent la ministre en charge de l’OPT, Vannina Crolas, à mettre en place et à appliquer la convention collective pour faire une économie de 13 millions de francs, consentie par les agents, et de récupérer l’argent auprès de ses débiteurs que sont l’État, le Pays et les communes à hauteur de plus 700 millions de francs “avant de parler de gel de la masse salariale”. Faute de quoi, cette situation pourrait aboutir à un “conflit”.                     
 
Les centrales syndicales CSTP-FO, CSIP, O Tahiti, O oe to oe rima et A ti’a i mua ont rencontré, pour la troisième fois ce mercredi, la présidente-directrice générale du groupe OPT, Hina Delva. Il était question, lors de ces réunions, du “gel de la masse salariale” à hauteur de 300 millions de francs, demandé par la ministre de la Fonction publique en charge de l’OPT, Vannina Crolas, absente d’ailleurs à ces différentes discussions. Une heure seulement après le début des échanges, les centrales syndicales ont toutes quitté la table des négociations.

“Elle veut réduire tous les avantages acquis des salariés. On n’est pas d’accord”, assure Cyril Le Gayic de la CSIP. Il rappelle qu’il y a deux mois, une “nouvelle” convention collective a été signée avec l’ancien P-dg Jean-François Martin dans laquelle il est stipulé qu’une économie de 13,5 millions de francs a été réalisée sur la masse salariale. “Les salariés ont perdu certains avantages, ils ont fait des efforts et aujourd’hui, on leur demande des efforts supplémentaires.” Il demande d’ailleurs à ce que cette convention collective soit mise en place et appliquée “avant de parler de gel”.
  
“C’est du chantage de la part de la ministre”
 
Selon le syndicaliste, la ministre Vannina Crolas leur aurait annoncé que si cet effort demandé n’était pas réalisé, le groupe OPT n’aurait pas la subvention récemment demandée par la nouvelle P-dg Hina Delva, qui s’élève à plus d’un milliard de francs. Cyril Le Gayic dénonce le “chantage” de la ministre et précise que cette subvention est “règlementaire” puisque le groupe OPT a la délégation de service public et que “c’est une obligation, car là où les concurrents ne vont pas dans certaines îles, l’OPT est obligé de desservir les îles déficitaires”.
 
Il rappelle également qu’une décision prise en 2021 octroie une prime à certains cadres du groupe variant entre 100 000 et 300 000 francs mensuels, qui est d’ailleurs toujours d’actualité aujourd’hui.  “Est-ce que cette prime a été maintenue en prime ou a-t-elle été intégrée dans le salaire ?”, s’interroge Cyril Le Gayic. “Nous demandons de commencer par là pour faire des économies au lieu d’aller chercher dans la poche des techniciens qui font des astreintes et des interventions 24 heures sur 24.”
 
Une autre possibilité de récupérer de l’argent se trouve, selon le syndicaliste, auprès de certains “débiteurs”. “Le conseil d’administration a mis en non-valeurs les factures de l’administration du Pays, de l’État et des communes. Ce sont des factures d’internet, de téléphone ou de mobiles qui n’ont pas été payées de 2021 à 2023. Cela représente environ 300 millions de francs. Il faut peut-être aller chercher là avant d’aller chercher dans la poche des salariés.” Enfin, dernière possibilité selon Cyril Le Gayic, “c’est de récupérer les 437 millions de francs concernant les annuaires dans l’affaire Hadad”.
 
Les partenaires sociaux précisent que leur porte reste ouverte pour discuter. Et si la ministre reste sur ses positions, Cyril Le Gayic assure que “cela va se terminer en conflit”.        

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 30 Mai 2024 à 08:37 | Lu 3750 fois