Nicolas TUCAT / AFP
Paris, France | AFP | dimanche 10/04/2022 - Jean-Luc Mélenchon a raté dimanche la marche du second tour en obtenant autour de 20% des voix, selon les estimations, son troisième échec à la présidentielle malgré la mobilisation du vote utile.
Sa troisième place conforte cependant le rôle central à gauche de La France insoumise. "Oh...": la déception des dizaines de militants et personnalités réunies au Cirque d'hiver n'a duré que quelques secondes, le temps que le score de leur champion s'affiche et provoque une clameur de joie.
"On est contents", a lâché immédiatement une militante vers sa voisine, visiblement soulagée.
Jean-Luc Mélenchon voulait s'inscrire dans les pas de son mentor François Mitterrand, élu président de la République à sa troisième tentative. Mais il n'a pas su rassembler avec la même ampleur.
Pourtant, les dernières semaines, et en particulier la toute dernière, ont vu de nombreux sympathisants, militants et personnalités de gauche annoncer publiquement qu'ils voteraient Jean-Luc Mélenchon: Christiane Taubira, Ségolène Royal, le cinéaste écolo Cyril Dion, l'économiste Gaël Giraud, l'écrivain Pierre Lemaître...
Ils voulaient tous tenter d'éliminer Marine Le Pen et l'extrême droite dès le premier tour. Mais aussi imposer dans le débat d'entre-deux-tours les priorités de gauche, comme l'écologie, le partage des richesses ou encore les libertés publiques.
La marche s'est avérée trop haute, la candidate du Rassemblement national ayant connu une dynamique similaire à l'Insoumis, en étant partie de plus haut.
Si le phénomène du vote utile a joué à plein, les autres candidats de gauche ayant été siphonnés, le politologue Rémi Lefebvre observait dans la semaine: "Jean-Luc Mélenchon n'est pas parvenu à vraiment rassembler la gauche, ni réussi à aller chercher un électorat éloigné de la gauche, les milieux populaires, qu'il convoite depuis des années".
Le résultat d'une stratégie qui a fluctué au cours des ans, hésitant entre le populisme de 2017, qui veut s'adresser aux classes populaires, et une gauche radicale plus classique, séduisant les milieux éduqués et déclassés.
L'élargissement du vote utile à l'électorat social-démocrate et d'EELV a pu fonctionner quand le "barrage" à l'extrême droite a été invoqué, mais a trouvé des limites dans la personnalité clivante de Jean-Luc Mélenchon.
Plusieurs cadres se félicitaient cependant, dimanche, d'avoir vu plus de jeunes des quartiers populaires voter dans leur circonscription.
Improbable rebond
Malgré la défaite, se hisser à la troisième place, loin devant le reste des candidats de gauche et de droite, est une forme de victoire au regard de la position qui était celle de l'Insoumis au milieu du quinquennat qui s'achève.
La "rupture d'image" documentée par toutes les enquêtes d'opinion à partir des perquisitions au siège de LFI en octobre 2018 a menacé les possibilités politiques de Jean-Luc Mélenchon. Les élections européennes catastrophiques qui s'en sont suivies en 2019, à l'issue d'une litanie de départs dans la frange souverainiste du mouvement, semblaient le confirmer.
Mais pour "sortir des catacombes", de ses mots mêmes, Jean-Luc Mélenchon a fait parler son expérience des campagnes présidentielles et l'organisation méthodique de sa France insoumise. Il s'est méticuleusement préparé, se déclarant dès novembre 2020 pour commencer une pré-campagne de mobilisation de sa base militante. Il s'est tenu à l'écart des divisions de la gauche, dont la "Primaire populaire" a été l'un des moteurs les plus récents.
Ses troupes, déjà renforcées par rapport à 2017 avec l'élection de députés et d'eurodéputés, se sont élargies avec la mise en place d'un "Parlement de l'Union populaire", composé de figures des mouvements sociaux.
Les images de Jean-Luc Mélenchon s'exprimant devant des milliers de personnes à République à Paris ou au Capitole de Toulouse ont marqué les esprits alors que la pandémie semblait avoir éteint les grands raouts politiques.
Ses concurrents, l'écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo et le communiste Fabien Roussel, ont été distancés dans les sondages à partir de janvier, quand la machine Insoumise a fonctionné à plein, entre meetings géants et quadrillage des réseaux sociaux.
Un scénario de campagne qui aura forcément des répercussions sur les législatives de juin, que les Insoumis abordent en situation de force. Jean-Luc Mélenchon a promis de ne pas se représenter à la prochaine présidentielle, mais pourrait tenter de rester député.
Sa troisième place conforte cependant le rôle central à gauche de La France insoumise. "Oh...": la déception des dizaines de militants et personnalités réunies au Cirque d'hiver n'a duré que quelques secondes, le temps que le score de leur champion s'affiche et provoque une clameur de joie.
"On est contents", a lâché immédiatement une militante vers sa voisine, visiblement soulagée.
Jean-Luc Mélenchon voulait s'inscrire dans les pas de son mentor François Mitterrand, élu président de la République à sa troisième tentative. Mais il n'a pas su rassembler avec la même ampleur.
Pourtant, les dernières semaines, et en particulier la toute dernière, ont vu de nombreux sympathisants, militants et personnalités de gauche annoncer publiquement qu'ils voteraient Jean-Luc Mélenchon: Christiane Taubira, Ségolène Royal, le cinéaste écolo Cyril Dion, l'économiste Gaël Giraud, l'écrivain Pierre Lemaître...
Ils voulaient tous tenter d'éliminer Marine Le Pen et l'extrême droite dès le premier tour. Mais aussi imposer dans le débat d'entre-deux-tours les priorités de gauche, comme l'écologie, le partage des richesses ou encore les libertés publiques.
La marche s'est avérée trop haute, la candidate du Rassemblement national ayant connu une dynamique similaire à l'Insoumis, en étant partie de plus haut.
Si le phénomène du vote utile a joué à plein, les autres candidats de gauche ayant été siphonnés, le politologue Rémi Lefebvre observait dans la semaine: "Jean-Luc Mélenchon n'est pas parvenu à vraiment rassembler la gauche, ni réussi à aller chercher un électorat éloigné de la gauche, les milieux populaires, qu'il convoite depuis des années".
Le résultat d'une stratégie qui a fluctué au cours des ans, hésitant entre le populisme de 2017, qui veut s'adresser aux classes populaires, et une gauche radicale plus classique, séduisant les milieux éduqués et déclassés.
L'élargissement du vote utile à l'électorat social-démocrate et d'EELV a pu fonctionner quand le "barrage" à l'extrême droite a été invoqué, mais a trouvé des limites dans la personnalité clivante de Jean-Luc Mélenchon.
Plusieurs cadres se félicitaient cependant, dimanche, d'avoir vu plus de jeunes des quartiers populaires voter dans leur circonscription.
Improbable rebond
Malgré la défaite, se hisser à la troisième place, loin devant le reste des candidats de gauche et de droite, est une forme de victoire au regard de la position qui était celle de l'Insoumis au milieu du quinquennat qui s'achève.
La "rupture d'image" documentée par toutes les enquêtes d'opinion à partir des perquisitions au siège de LFI en octobre 2018 a menacé les possibilités politiques de Jean-Luc Mélenchon. Les élections européennes catastrophiques qui s'en sont suivies en 2019, à l'issue d'une litanie de départs dans la frange souverainiste du mouvement, semblaient le confirmer.
Mais pour "sortir des catacombes", de ses mots mêmes, Jean-Luc Mélenchon a fait parler son expérience des campagnes présidentielles et l'organisation méthodique de sa France insoumise. Il s'est méticuleusement préparé, se déclarant dès novembre 2020 pour commencer une pré-campagne de mobilisation de sa base militante. Il s'est tenu à l'écart des divisions de la gauche, dont la "Primaire populaire" a été l'un des moteurs les plus récents.
Ses troupes, déjà renforcées par rapport à 2017 avec l'élection de députés et d'eurodéputés, se sont élargies avec la mise en place d'un "Parlement de l'Union populaire", composé de figures des mouvements sociaux.
Les images de Jean-Luc Mélenchon s'exprimant devant des milliers de personnes à République à Paris ou au Capitole de Toulouse ont marqué les esprits alors que la pandémie semblait avoir éteint les grands raouts politiques.
Ses concurrents, l'écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo et le communiste Fabien Roussel, ont été distancés dans les sondages à partir de janvier, quand la machine Insoumise a fonctionné à plein, entre meetings géants et quadrillage des réseaux sociaux.
Un scénario de campagne qui aura forcément des répercussions sur les législatives de juin, que les Insoumis abordent en situation de force. Jean-Luc Mélenchon a promis de ne pas se représenter à la prochaine présidentielle, mais pourrait tenter de rester député.