PARIS, 20 décembre 2010 (AFP) - Avec le Médiator, les politiques se retrouvent confrontés à un nouveau scandale de santé publique, sur fond de délicate estimation du nombre de morts liées à l'utilisation de ce médicament largement détourné comme coupe-faim.
Pour le docteur Irène Frachon, qui a fait éclater l'affaire, "le Médiator est responsable d'un désastre sanitaire".
Mais l'affaire de ce "poison remboursé à 65%" et ingurgité par cinq millions de patients, avant d'être retiré du marché en novembre 2009, embarrasse la classe politique déjà marquée par d'autres scandales (sang contaminé, hormone de croissance de cadavres contaminés, distilbène).
"Défaillances graves", "dysfonctionnement global de notre système de santé publique", dénonciation de l'influence des laboratoires, chacun y va de son diagnostic. D'autres, et notamment les victimes souffrant d'atteintes de valves cardiaques à cause du Médiator, cherchent des responsables et des coupables.
"Ignorer, pour un politique, c'est une faute. Un ministre doit être responsable de son administration" s'insurge le professeur Bernard Debré (député UMP) qui assure vouloir "n'accuser" ni "ne stigmatiser personne", ministres de droite ou de gauche (Martine Aubry, Xavier Bertrand) en place à diverses étapes charnière (1998, 2006) de la longue carrière du Médiator, commercialisé en 1976.
"Au moins, qu'ils disent : +Oui, j'étais au courant+, ou +Oui, c'est une faute de ma part de ne pas avoir été au courant+", a pesté le professeur Debré.
Aujourd'hui, tout le monde réclame la transparence, Xavier Bertrand, ministre de la Santé en tête.
Soucieux d'"apporter les réponses aux questions légitimes que se posent les patients" le ministre de la Santé, à peine nommé, tente de déminer le terrain et confie une mission à l'IGAS, la police sanitaire, pour éclairer cette sombre histoire.
Constatant que la presse évoque ce week-end un nombre de morts dépassant de plus du double "1.000 à 2.000" celui précédemment admis ("au moins 500 morts") par l'agence des produits de santé, Xavier Bertrand convoque aussitôt une réunion de crise.
Le ministre évoque à présent de "fortes présomptions de défaillances graves dans le fonctionnement de notre système du médicament dans cette affaire".
"Je veux comprendre pourquoi, malgré certaines mises en garde, malgré une parenté chimique avec des molécules interdites, ce médicament est resté sur le marché pendant 33 ans", explique-t-il, appelant de ses voeux "un renforcement de la pharmacovigilance".
Le problème est qu'il s'agit aussi maintenant de rétablir la confiance dans les médecins qui ont prescrit à tour de bras ce coupe-faim, les pharmaciens qui l'ont vendu, et les autorités sanitaires qui n'ont rien vu ou rien dit, font remarquer les associations de malades.
L'alerte lancée dès 1998 par trois médecins de la sécurité sociale est apparemment tombée dans le vide.
Les responsables socialistes en charge de la santé à l'époque, Martine Aubry et Bernard Kouchner, "n'ont pas été alertés de la dangerosité du médicament", qui pourrait avoir entraîné entre 1.000 et 2.000 décès, a déclaré lundi David Assouline, secrétaire national à la Communication du PS.
Autre exemple : en 1999, puis en 2006, la Commission de transparence du médicament a rendu un avis défavorable au remboursement du Médiator, jugeant son efficacité discutable. Mais le ministère de la Santé n'a pas suivi et le Médiator a continué à être remboursé.
Pour Jean-Marie Le Guen, député PS, "il est temps de ramener l'industrie du médicament à sa place".
Selon lui, "c'est de loin la plus grosse affaire de santé publique qu'ait eu à connaître notre pays".
bc/jca/jpa
Pour le docteur Irène Frachon, qui a fait éclater l'affaire, "le Médiator est responsable d'un désastre sanitaire".
Mais l'affaire de ce "poison remboursé à 65%" et ingurgité par cinq millions de patients, avant d'être retiré du marché en novembre 2009, embarrasse la classe politique déjà marquée par d'autres scandales (sang contaminé, hormone de croissance de cadavres contaminés, distilbène).
"Défaillances graves", "dysfonctionnement global de notre système de santé publique", dénonciation de l'influence des laboratoires, chacun y va de son diagnostic. D'autres, et notamment les victimes souffrant d'atteintes de valves cardiaques à cause du Médiator, cherchent des responsables et des coupables.
"Ignorer, pour un politique, c'est une faute. Un ministre doit être responsable de son administration" s'insurge le professeur Bernard Debré (député UMP) qui assure vouloir "n'accuser" ni "ne stigmatiser personne", ministres de droite ou de gauche (Martine Aubry, Xavier Bertrand) en place à diverses étapes charnière (1998, 2006) de la longue carrière du Médiator, commercialisé en 1976.
"Au moins, qu'ils disent : +Oui, j'étais au courant+, ou +Oui, c'est une faute de ma part de ne pas avoir été au courant+", a pesté le professeur Debré.
Aujourd'hui, tout le monde réclame la transparence, Xavier Bertrand, ministre de la Santé en tête.
Soucieux d'"apporter les réponses aux questions légitimes que se posent les patients" le ministre de la Santé, à peine nommé, tente de déminer le terrain et confie une mission à l'IGAS, la police sanitaire, pour éclairer cette sombre histoire.
Constatant que la presse évoque ce week-end un nombre de morts dépassant de plus du double "1.000 à 2.000" celui précédemment admis ("au moins 500 morts") par l'agence des produits de santé, Xavier Bertrand convoque aussitôt une réunion de crise.
Le ministre évoque à présent de "fortes présomptions de défaillances graves dans le fonctionnement de notre système du médicament dans cette affaire".
"Je veux comprendre pourquoi, malgré certaines mises en garde, malgré une parenté chimique avec des molécules interdites, ce médicament est resté sur le marché pendant 33 ans", explique-t-il, appelant de ses voeux "un renforcement de la pharmacovigilance".
Le problème est qu'il s'agit aussi maintenant de rétablir la confiance dans les médecins qui ont prescrit à tour de bras ce coupe-faim, les pharmaciens qui l'ont vendu, et les autorités sanitaires qui n'ont rien vu ou rien dit, font remarquer les associations de malades.
L'alerte lancée dès 1998 par trois médecins de la sécurité sociale est apparemment tombée dans le vide.
Les responsables socialistes en charge de la santé à l'époque, Martine Aubry et Bernard Kouchner, "n'ont pas été alertés de la dangerosité du médicament", qui pourrait avoir entraîné entre 1.000 et 2.000 décès, a déclaré lundi David Assouline, secrétaire national à la Communication du PS.
Autre exemple : en 1999, puis en 2006, la Commission de transparence du médicament a rendu un avis défavorable au remboursement du Médiator, jugeant son efficacité discutable. Mais le ministère de la Santé n'a pas suivi et le Médiator a continué à être remboursé.
Pour Jean-Marie Le Guen, député PS, "il est temps de ramener l'industrie du médicament à sa place".
Selon lui, "c'est de loin la plus grosse affaire de santé publique qu'ait eu à connaître notre pays".
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