Mayotte: face à l'insécurité, des renforts sécuritaires annoncés


Ali AL-DAHER / AFP
Mamoudzou, France | AFP | jeudi 24/02/2022 - Le préfet de Mayotte a annoncé jeudi l'envoi de forces de l'ordre en renfort sur l'île après une flambée de violences qui a conduit des habitants à bloquer leur quartier en signe de protestation.

L'envoi de renforts de police et de gendarmerie dès ce weekend a été annoncé par le préfet Thierry Suquet devant les maires de Mayotte réunis dans l'hôtel de ville de Mamoudzou, le chef-lieu, en présence de journalistes. Le ministère des Outre-mer a confirmé l'envoi de ces renforts. 

Selon le préfet, 72 gendarmes mobiles et 12 policiers du Raid supplémentaires seront envoyés sur l'île, confrontée à une insécurité sans précédent.

Depuis 2017, les effectifs de policiers et de gendarmes ont augmenté de 40% pour renforcer la sécurité, rappelle le ministère.

Depuis le début de la semaine, des habitants du village de M'Tsapere, au sud de Mamoudzou, bloquent leur quartier pour protester contre les violences qui ont conduit à plusieurs homicides en quelques jours. 

Cinq meurtres ou tentatives de meurtres ont été relevés par le parquet de Mamoudzou depuis janvier.

La journée de lundi a été émaillée par des violences entre bandes rivales: dans le village de Combani, où les jeunes affrontent régulièrement ceux du village voisin de Miréréni, et en Petite Terre, où un groupe de plusieurs dizaines de jeunes a affronté la gendarmerie plusieurs heures durant. 

Le préfet a également annoncé l'interdiction de la vente d'alcool à emporter et de la consommation d'alcool de 18H00 à 05h00 sur la voie publique dans tout le département, et ouvert la possibilité aux maires de prendre des arrêtés de couvre-feu.

Le député LR de Mayotte Mansour Kamardine a estimé jeudi dans un communiqué que "Mayotte (était) de nouveau au bord du gouffre". 

Il demande au gouvernement de convoquer "en urgence une réunion interministérielle à Paris sur la sécurité à Mayotte" et la venue sur l'île des "ministres de l’Intérieur, de la Justice et des Outre-mer" pour définir les mesures et moyens afin d'"éviter le basculement du territoire dans la guerre civile".

En 2018, une grave crise sociale avait éclaté pour dénoncer l'insécurité sur l'île et s'était traduite par sept semaines de blocage des routes et un ralentissement de l'économie locale.

Un plan de 1,3 milliard d'euros avait alors été mis sur la table, mais ses effets peinent à se faire sentir au quotidien.

En 2021, le parquet de Mamoudzou a enregistré une augmentation de 25% des saisines pour des faits criminels à Mayotte et de 21% pour des délits.

le Vendredi 25 Février 2022 à 05:57 | Lu 316 fois