Mauvais calcul pour "l'évadé" de Nuutania, condamné à 2 mois ferme supplémentaires


Ce n'était pas la grande évasion non plus, mais le détenu peut dire au revoir à de futurs aménagements de peine.
PAPEETE, le 28 janvier 2016 - Le tribunal correctionnel a condamné, ce jeudi après-midi en comparution immédiate, le détenu en peine aménagée interpellé mardi après cinq jours de cavale. Il n'avait pas réintégré le centre de détention à la fin de sa journée de travail, le 21 janvier dernier, employé comme main d'œuvre pénale aux services techniques de la mairie de Faa'a. La raison : une dispute au téléphone avec sa copine qu'il voulait régler en direct.


"Je ne dis pas qu'on a affaire à une évasion à la Antonio Ferrara (une figure du grand banditisme métropolitain, Ndlr, mais ce qui est sûr c'est que même si ce n'est pas le plus dangereux des détenus de Nuutania, je ne vais certainement pas envoyer le message à la maison d'arrêt que ne pas regagner Nuutania n'est pas bien grave et que ça ne coûte rien". Le vice-procureur Monique Rouzaud a requis 3 mois de prison ferme, ce jeudi en comparution immédiate, contre le jeune détenu de 27 ans interpellé mardi, après avoir passé cinq jours à errer en ville au lieu de réintégrer sa cellule comme prévu.

Il était employé comme éboueur à la mairie de Faa'a depuis novembre 2015, un aménagement de peine qui lui avait été accordé pour sa bonne conduite en prison.

Interpellé saoul, au milieu d'une bande de SDF

Après quelques minutes de réflexion, c'est une peine de 2 mois de prison ferme supplémentaires que le tribunal a finalement infligé à ce jeune homme, détenu pour vol aggravé et extorsion de fond. A la barre, il a expliqué avoir raté la navette qui reconduisait les détenus à la maison d'arrêt après leur journée de travail à l'extérieur. La raison : une envie irrépressible d'aller discuter avec sa compagne qui venait de lui annoncer ce jour-là au téléphone qu'elle était fiu de ne plus le voir depuis qu'il était incarcéré.

"Vous auriez pu vous présenter plus tard à la maison d'arrêt", lui fait remarquer le président du tribunal, ajoutant que ce n'est pas avec sa femme que les gendarmes l'ont retrouvé mais complètement saoul au milieu d'une bande de SDF à Papeete : "Je savais qu'on me recherchait, je zonais en ville…", concède le jeune homme.

"C'est incompréhensible…" reprend le magistrat. "Ce n'est pas vraiment un bon calcul. Vous vous comportiez bien en prison, vous étiez libérable au mois de juillet, vous aviez obtenu cet aménagement de peine avec un travail payé au SMIG… et vous avez rompu ce contrat de confiance".

"Je m'excuse… j'ai agi sur un coup de tête, sans réfléchir aux conséquences". La conséquence, "c'est que vous retournez à Nuutania, et que votre capital confiance pour les chantiers extérieurs est maintenant proche du néant".


Rédigé par Raphaël Pierre le Jeudi 28 Janvier 2016 à 16:09 | Lu 780 fois