Mata Hoata : Andréas Dettloff exposé au musée du quai Branly


Affiche de l'exposition Mata Hoata au Musée du Quai Branly.
PAPEETE, 4 avril 2016 - L’artiste plasticien Andréas Dettloff présente quatre de ses œuvres à l’exposition Mata Hoata, arts et sociétés aux îles Marquises, qu’organise le musée du quai Branly de 12 avril au 24 juillet prochains.

Si l’exposition Mata Hoata du musée Quai Branly dévoile, du 12 avril au 24 juillet prochains à Paris, près de 300 objets d'époque pour rendre compte de la richesse artistique des îles Marquises à la fin du 18e et au 19e siècle, elle évoque également la "vitalité" et le "dynamisme" de la culture marquisienne contemporaine. Y sont notamment exposés les travaux du tatoueur Teiki Huukena, du sculpteur Jacques Haiti, comme autant de témoignages de son adaptation à la réalité moderne : "Si la culture traditionnelle a subi les assauts de l’histoire au contact des Occidentaux à la fin du 19e siècle, elle a réussi à en conserver ses principaux codes, jouant d’ingéniosité pour y intégrer et adapter le regard de l’extérieur. Le profond métissage qui en a résulté, particulièrement visible dans l’artisanat commercial, a permis aux arts marquisiens de survivre", analyse un résumé de présentation de l’exposition Mata Hoata.

C’est aussi dans ce contexte que l’artiste plasticien Andréas Dettloff est invité à présenter quatre de ses œuvres au musée des arts premiers de Paris : la massue de Mickey Mouse, 'u'u (1995) et trois pneus tatoués (Les traces de la culture, sculpture de 1998). Un travail sur l’hybridation culturelle dont il explique le fil conducteur en ces termes, dans le catalogue de l’exposition : "A mon sens, il faudrait accepter, dans un premier temps, l'hybridation, qui est un mariage et une confrontation des signes occidentaux et autochtones, exactement comme Gauguin l'a fait dans Mea rahi metua no Tehamana, cent ans plus tôt. Cette démarche permettrait d'ouvrir grand les yeux sur le fait qu'il y a deux siècles deux civilisations ont eu un grave accident. Et par conséquent, il faudrait d'abord accepter le temps présent en se faisant tatouer Coca-Cola sur la joue symboliquement, pour construire quelque chose de nouveau en intégrant tout ce qui existe aujourd'hui : ce qui est ancien certes - la danse, le tatouage - mais aussi la vie moderne avec tous ses excès, la consommation, le bétonnage du littoral, les pollutions olfactives et visuelles, l'argent, les drogues, etc".

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De ces rencontres improbables entre l'ancien et le nouveau sur lesquelles se penche depuis plus de 25 ans ce Polynésien d'adoption, sont nés les Mickeys tatoués, pneus gravés à la mode ancienne et autres portraits d'ancêtres encore inconnus il y a quelques années, comme l'authentique Darth Vader marquisien. Des œuvres qui valent à Andréas Dettloff d’avoir présenté son travail à travers le monde, à la Biennale de Lyon (France), la Biennale de la Havane (Cuba), au Centre Tjibaou (Nouméa), à la Biennale de Venise (Italie), au Changanam Art Gallery (Bangkok), à la Galerie Tiergarten (Berlin), à l’hôtel de Ville de Paris, au Kunstmuseum de Düsseldorf et dorénavant jusqu’au 24 juillet prochain au musée du Quai Branly à Paris.

Parallèlement, Dettloff expose dans une galerie parisienne avec Pascal Bastien, photographe-poète qui a sillonné l'archipel durant le Festival des Marquises en décembre 2015. Cette exposition Photographies et ethnographica des îles Marquises est présentée du 12 au 23 avril 2016 à la Galerie Natsara.

Les traces de la culture, sculpture d'Andréas Dettloff (1998).

Massue de Mickey Mouse, 'u'u, Andreas Dettloff (1995).

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 4 Avril 2016 à 11:28 | Lu 3319 fois