Marquises : le va’a (re)trouve sa place


UA POU, le 4 mars 2017 - Alors que le club de va’a de Ua pou fête ses 25 ans, son président Rataro Ohotua orchestre son projet Agir va’a 2020 avec les établissements scolaires de Ua pou, Hiva oa et Nuku hiva. Les élèves, qui étudient à quelques mètres des eaux, peuvent désormais ramer sur leurs heures de cours d’éducation physique et sportive (EPS).

"Avant Agir va’a 2020 on ne s’occupait que des adultes et séniors", assure Rataro Ohotua, le président du club de va’a de Ua pou et président de la ligue marquisienne de va’a affiliée à la fédération tahitienne de va’a. "Maintenant les élèves du centre scolaire primaire de Hakahau et du collège sont sur l’eau. Ils rament." De même que les autres établissements primaire et secondaires de Hiva oa et Nuku hiva. Le nombre de pratiquants de la ligue est passé d’une centaine à 612.

Transmettre les valeurs de la rame

Agir va’a 2020 a été lancé à la rentrée scolaire 2016-2017. "Nous avons signé des conventions avec les établissement pour le concrétiser. L’idée est d’enseigner le va’a, de démocratiser sa pratique car sans cela, vu le coût de l’équipement, les pratiquants ne sont pas nombreux, mais aussi de transmettre les valeurs associer à cette pratique." Pour Rataro Ohotua, les valeurs sont le respect de soi, de son adversaire et son environnement, l’échange, le partage, al fierté de son île, la transmission.

Pour atteindre son objectif la ligue marquisienne de va’a s’est dotée de nouvelles embarcations : 16 V3 et 22 V1 pour un montant total de 6,4 millions de Fcfp. "Le ministère de la jeunesse et des sports a apporté 4 millions de Fcfp, les 2,6 millions restant sont à la charge de la ligue." Quarante-deux personnes sont concernées par le projet sur l’ensemble des Marquises dont 25 animateurs et deux moniteurs.

Près de 300 élèves sur l’eau chaque semaine

Chaque semaine, à Ua pou, le club de va’a enregistre une fréquentation de 333 ce qui correspond à l’accueil de 272 élèves. "On a quatre heures le matin et deux heures l’après-midi, les séances pour chaque classe durent deux heures. Il y a un peu de théorie pour présenter la séance, le matériel, les attentes du jour et de la pratique dans la baie."

Depuis début janvier, en plus de la rame, les enfants dansent, sont sensibilisés à leur propre culture et au respect de l’environnement. Tout un programme pensé en amont avec l’équipe d’Agir va’a 2020. "En étant sur l’eau, dans la nature, on constate que des zones sont sales, on fait parfois de la reconnaissance au-delà de la plage et les enfants voient les déchets laissés n’importe où, on va faire des opérations de nettoyage."

Rataro Ohotua a conçu l’année en deux temps, une première partie exclusivement consacrée à la rame "pour accrocher les élèves", puis une seconde partie plus ouverte sur la culture et l’environnement. "S’ils prennent du plaisir à ramer, ils voudront prendre soin de leur environnement." Ils pourront même aller plus loin en demandant aux habitants de respecter leur terrain de sport. "Vous avez votre mot à dire", insiste Rataro Ohotua à l’attention des jeunes rameurs, "vous pouvez faire remonter vos doléances jusqu’au conseil municipal."

Certains élèves s’accrochent, comme prévu, d’autres restent encore à distance. "Comment vont-ils pouvoir raconter à leurs parents qu’ils passent du temps à ramasser des déchets sur la voie publique alors qu’ils rechignent à ramasser les feuilles chez eux ?", s’interroge Rataro Ohotua.

Rataro l’artiste

Il a fondé le club de va’a de Ua pou en 1992. Mais la rame n’est pas sa seule activité. Rataro Ohotua est aussi connu pour ses textes et ses apparitions sur scène. "Je me suis lancé parce que je ne voulais pas que Jacques Brel soit le seul chanteur associé aux îles Marquises. Il n’est pas question là de juger la qualité de chanteur des uns et des autres, juste d’associer des noms d’artistes marquisiens à leurs îles." Rataro étudiait au conservatoire artistique de Polynésie quand Gabilou est rentré de l’Eurovision en 1981. L’artiste qui connaissait la gloire en France, a contribué au lancement de son compatriote marquisien. Auteur, compositeur, chanteur Rataro Ohotua a, depuis, enregistré une quinzaine d’albums, tourné une vingtaine de clip. "J’ai assuré la première partir du concert d’Isabelle Boulay en 2005 au palais des congrès de Paris, j’ai joué au Cirque d’hiver, au centre culturel Jean-Marie Tjibaou…" Aujourd’hui, il ne monte plus sur scène, par contre il continue à écrire. "Si j’ai atteint mon objectif ? Oui, je crois", répond-til.


Rédigé par Delphine Barrais le Samedi 4 Mars 2017 à 09:56 | Lu 898 fois