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Marguerite Lai décorée chevalier de l'ordre national du Mérite


PAPEETE, le 21 janvier 2018 - Lors d'une belle cérémonie organisée dans son quartier de la mission, la fondatrice de la troupe O Tahiti E a reçu la médaille de l'ordre national du mérite. Elle lui a été remise par son père spirituel, Mgr Hubert Coppenrath, lors d'une cérémonie forte en émotions.

Ce vendredi soir, Marguerite Lai a reçu la médaille de l'Ordre National du mérite. Elle avait déjà été faite chevalier des arts et des lettres en 2002, et reçoit donc un nouvel honneur républicain pour saluer son travail acharné pour la préservation de la culture polynésienne et pour mobiliser la jeunesse avec sa troupe de danse O Tahiti E.

La tradition autorisait Marguerite Lai à décider quel membre de l'ordre du Mérite lui remettrait sa médaille, et elle n'a pas hésité longtemps. Elle qui a été élevée dans son adolescence par les prêtres et les sœurs de la Mission, elle a demandé à Monseigneur Hubert Coppenrath de lui faire ces honneurs. Toute sa famille, les danseurs de sa troupe et les communautés de la Mission se sont mobilisés pour lui offrir une belle fête.

Elle a donc eu lieu vendredi 19 janvier, et a commencé par une messe dans l'église Maria No Te Hau, inhabituellement pleine. Puis les centaines d'invités se sont déplacés vers un lieu plus laïc – la salle des fêtes du quartier qui est une ancienne église désacralisée – pour procéder à la remise de la médaille de l'ordre national du Mérite.

Lors des discours remplis d'émotion, l’archevêque de Papeete a raconté quelques souvenir de la jeunesse très vivante de la danseuse, et s'est félicité de la passion qui a habité la jeune Marguerite toute sa vie et l'a poussée à travailler autant en faveur de la jeunesse, sa culture et son église. La cheffe de troupe, elle, avait les larmes aux yeux en remerciant tous ceux qui l'ont aidée à réaliser ses rêves, et a appelé tout le monde à continuer à travailler de son mieux pour créer un monde meilleur.

Jacques Franc de Ferrière

Légende : Une danseuse de O Tahiti E présente la médaille républicaine de chevalier de l'ordre national du Mérite à Monseigneur Hubert Coppenrath, qui a épinglé Marguerite Lai lors d'une cérémonie forte en émotions.
Légende 2 : Marguerite Lai, entourée de toute sa famille de la Mission, a remercié avec émotion tous ceux qui l'ont aidée à réaliser ses rêves et à développer le ori Tahiti.


Marguerite Lai, cheffe de la troupe O Tahiti E, chevalier de l'ordre national du Mérite

"Je tiens à remercier la République de m'avoir nommée chevalier de l'ordre du Mérite. Bien sûr, c'est une joie. Mais avant tout je souhaiterais dédier cette médaille à tous ceux qui méritent, par l'amour qu'ils donnent à tous ceux qui souffrent sur notre planète. Nous devons tous participer, donner de notre temps pour nous entraider et faire que la vie soit beaucoup plus belle sur la planète Terre.

Je pense que cette médaille salue le travaille que j'ai mené au niveau de la culture. Mais ceux qui méritent vraiment d'être remerciés aujourd'hui, ce sont tous ceux qui ont navigué avec moi depuis le début, quand j'avais 14 ans, à commencer par madame Audette Frogier puis tous ceux qui sont venus après elle et qui m'ont aidée dans le domaine du ori Tahiti. Je ne mérite pas cette réussite toute seule, donc je dédie cette médaille à tous.

Quand j'ai su que j'allais être décorée, mon choix a tout de suite été de demander à Monseigneur Hubert Coppenrath de me décorer, parce que je suis une enfant du quartier de la Mission, j'ai grandi ici, avec lui. C'est une des personnes qui me connaît le mieux, j'ai grandi au centre du Bon Pasteur de mon adolescence jusqu'à mes 21 ans. Toute ma famille vit dans le quartier de la Mission, et tous les membres ma famille sont des soutiens, des poteaux de l'église catholique. Et comme j'ai perdu mon père très tôt, je considère Monseigneur Coppenrath comme mon père."


Monseigneur Hubert Coppenrath, archevêque émérite de Papeete, membre de l'ordre national du Mérite depuis 45 ans

"Marguerite a son franc parler, elle peut sembler un peu farfelue, mais elle a des qualités profondes, en particulier la reconnaissance et la fidélité. Je la connais depuis sa jeunesse, elle me considère, dit-elle, comme son père. Évidemment quand elle m'a demandé de lui remettre sa médaille j'ai accepté, parce que je pense qu'elle mérite cette décoration. Elle a mis tout son cœur à développer la danse tahitienne, et c'est quelque chose que j'estime utile et bon, parce que les jeunes ont besoin de motivation, et c'est un véritable sport. On se plaint que les jeunes ne bougent pas assez, mais la danse c'est très sportif. Elle a aussi réussi à remplir l'église Maria No Te Hau ce soir, donc je lui ai dit que j'allais l'embaucher ! (rire)"



Biographie de Marguerite Lai, directrice de la troupe de danse O tahiti E

O Tahiti E à Toata en 2015 (photo d'archive)
O Tahiti E à Toata en 2015 (photo d'archive)
(biographie officielle) Avec une personnalité aussi passionnée que charismatique, Marguerite Lai dirige la compagnie de danse tahitienne O Tahiti E qu’elle a fondée en 1986. Depuis 30 ans, sa troupe reste l’une des plus renommées, multiple lauréate aux concours annuels de chants et danses, le « Heiva i Tahiti » et ambassadrice de la culture polynésienne au-delà de ses frontières.

Marguerite Lai est ce que l’on appelle une métisse « Polynésienne Chinoise ». Son père, de parents immigrants chinois est né à Tahiti. Sa mère est quant à elle originaire de l’île de Rangiroa, dans l’archipel des Tuamotu. Après avoir passé ses premières années dans son île natale de Rangiroa, Marguerite rejoint Papeete avec ses parents. Lui est agriculteur, elle est employée dans des petits commerces de la ville de Papeete. C’est à l’âge de 12 ans que Marguerite commence la danse tahitienne à l’école. Plus tard, elle devient danseuse dans une troupe qui tourne à l’international, avant de fonder sa propre compagnie de danse.

Depuis sa création, O Tahiti E s’est produit sur quatre continents en participant à des festivals, des galas, des spectacles privés ou encore des évènements grandioses comme l’Exposition universelle d’Hanovre en 2000.

À Tahiti, chaque année, le concours de chants et danses du « Heiva i Tahiti » est l’événement culturel le plus important du pays. C’est la manifestation culturelle qui connaît aussi le plus grand rayonnement à l’international.

À chacune de ses participations, la troupe O Tahiti E rassemble au minimum 180 personnes, danseurs, danseuses et musiciens se préparant dur pendant 6 mois avant le grand soir du concours. C’est alors une énergie considérable qu’il faut déployer pour mener un tel effectif d’artistes !

En 2002, Marguerite Lai est élevée au rang de Chevalier des Arts et des Lettres au regard de son parcours artistique couronné de nombreux succès et de son engagement pour le rayonnement de la culture polynésienne par-delà la danse dite « folklorique ».

Respectée par ses pairs dans le bassin Pacifique du triangle polynésien, Marguerite Lai est aussi une source d’inspiration pour des centaines de jeunes danseurs qui ont intégré la compagnie de danse, le temps d’un Heiva - ou souvent pour plusieurs années. Ainsi, en trois décennies, elle a enseigné ses connaissances et transmis les valeurs polynésiennes qui lui sont si chères et qu’elle a le don de partager à travers son art.

Qu’il lui ait été donné de saluer plusieurs présidents de la République française ou de croiser la route de dignitaires d’autres nations, le parcours de Marguerite Lai, depuis son enfance aux conditions très modestes, jusqu’à la célébration des 30 ans de sa compagnie de danse en présence de près de 2000 invités, force l’admiration.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Dimanche 21 Janvier 2018 à 14:38 | Lu 3728 fois