Mardi noir dans les écoles


© Greg Boissy - archives
Tahiti, le 6 mars 2023 – À la veille de l'échéance du préavis de grève générale, une ultime rencontre était prévue entre l'intersyndicale et le Pays, lundi soir. Un mouvement qui, s'il est effectif mardi matin, viendra s'ajouter à la mobilisation contre la réforme nationale des retraites, qui s'annonce très suivie. De nombreuses communes ont pris des arrêtés de fermeture des écoles maternelles et primaires.
 
Dernier jour, lundi, avant l'échéance du préavis de grève générale lancé la semaine dernière par l'intersyndicale composée de la CSTP-FO, A tia i mua, la CSIP, Otahi et O oe to oe rima, et donc dernières réunions pour tenter de trouver un accord, faute de quoi la grève prendrait effet ce mardi matin.
 
Vendredi, une première rencontre avait eu lieu entre les organisations syndicales et les ministres de l'Économie et du Travail. Une réunion qui s'était déroulée “dans une ambiance très sereine et responsable”, selon la ministre du Travail, Virginie Bruant, qui espérait lundi, avant d'entamer l'ultime discussion, que celle-ci aboutirait sur la signature d'un protocole d'accord dans la soirée. “C'était plus l'occasion pour l'ensemble des syndicats qui étaient présents de faire un point de situation sur tous ces sujets et voir où on en était dans les travaux.” De leur côté, les syndicats attendaient de cette deuxième rencontre, lundi, “des engagements fermes” de la part du gouvernement, notamment sur la prime de pouvoir d'achat ou sur la mise en place d'un fonds de soutien aux salariés ayant perdu involontairement leur emploi, deux points qui restaient, selon eux, encore bloquants. Car “les salariés se retrouvent aujourd'hui dans des situations délicates. Même ceux qui gagnent 300 000 Fcfp se retrouvent dans la précarité”, a confié Patrick Galenon, le leader de la CSTP-FO.
 
Auparavant, l'intersyndicale a enchaîné les discussions avec le patronat. Avec la CPME d'abord le matin, puis le Medef l'après-midi. “Avec la CPME, nous avons pu avancer car, sur plusieurs points, ils sont d'accord pour que la situation des salariés puisse s'améliorer”, indique Patrick Galenon. “Avec le Medef, cela coince un peu plus, comme sur la question de l'amélioration des salaires. C'est pour cela que l'on se met en grève.” Le secrétaire général de la CSTP-FO ne croyait que très peu à une issue favorable, lundi soir, “car le Pays nous dit qu'il est dans l'expectative, qu'il va voir. Mais il y a bientôt des élections et on ne sait pas si ce sont eux qui vont revenir au pouvoir.” Autre son de cloche, en revanche, du côté d'Otahi, dont la secrétaire générale, Lucie Tiffenat, à l'instar de la ministre Virginie Bruant, était beaucoup plus optimiste quant à l'issue des discussions : “Je ne pense pas qu'il y aura grève demain. Il y aura un protocole d'accord.”

Des arrêtés dans la plupart des communes

À l'heure où nous mettions sous presse, lundi, on ne savait toujours pas si un protocole d'accord avait été signé ou non. Si la grève générale était effective, ce mardi matin, elle viendrait abonder le mouvement de grève des fonctionnaires d'État contre la réforme nationale des retraites, qui se joignent à la “journée morte” annoncée en métropole. Elle s'annonce particulièrement suivie, notamment dans les écoles. Une forte mobilisation qui a poussé de nombreuses communes à prendre des arrêtés pour la fermeture des écoles maternelles et primaires, mardi.
 
Côté justice, le syndicat CFDT section Papeete – Te U'i Hou appelle tous les personnels de greffe, toutes tendances syndicales confondues, à se rassembler sur les marches du palais de justice pour “manifester son désaccord et sa désapprobation” sur la réforme des retraites. Au niveau national, le syndicat de la magistrature a lancé un mot d'ordre pour que la grève soit suivie.
 
Concernant les secteurs qui ne relèvent pas de la fonction publique d'État, si la grève générale est effective, Patrick Galenon est persuadé qu'elle sera suivie. “Je pense que la mobilisation sera importante. Les cinq centrales syndicales qui manifestent, cela ne s'est pas vu depuis plus de dix ans.” Cela ne devrait toutefois pas être le cas au CHPF où, après la récente grève à l'hôpital, les employés sont “absorbés dans leurs problématiques internes”, selon la syndicaliste Mireille Duval qui concède néanmoins que les points soulevés par l'intersyndicale “méritent d'être soutenus”. Idem du côté de l'aéroport. Contacté, le syndicat des pompiers d'aérodrome a indiqué ne pas avoir prévu de partir à la grève.

Quelles sont les écoles fermées

Voici la liste, non-exhaustive, des écoles qui seront fermées mardi :
Papeete : Outre le CJA et l'école de To'ata, toutes les écoles publiques seront fermées.
Punaauia : En raison de la “forte mobilisation attendue dans certaines écoles”, le maire de la commune a pris un arrêté pour fermer tous les établissements scolaires publics hormis le CJA de Outumaoro.
Arue : Fermeture de toutes les écoles primaires et maternelles.
Pirae : Fermeture de l'ensemble des écoles publiques du 1er degré.
Mahina : Hormis l'école de Nuutere, fermeture de toutes les écoles maternelles et élémentaires, ainsi que le CJA.
Moorea : Fermeture des écoles de Afareaitu, Teavaro, Paopao, Haapiti, Maharepa et du CJA de Vaiare.
Faa'a : En raison de la forte participation des enseignants au mouvement de grève, le maire Oscar Temaru a annoncé la fermeture des écoles suivantes : Heiri, Verotia, Vaiaha, Farahei cycle 1, Farahei nui cycle 2 & 3, Teroma maternelle & élémentaire et CJA de Outuaramea. Les écoles Pamatai, Piafau et Ruatama resteront ouvertes.
Hitia'a o te Ra : Fermeture des écoles Mamu, Tehaaehaa, Moenoa, Faretai, Tevaihopu et Momo'a.
Papara : Fermeture des écoles élémentaire et maternelle de Taharu'u, Apea et Apatea.
Taiarapu-Est : Fermeture de toutes les écoles primaires publiques.
Taiarapu-Ouest : Fermeture des écoles Toerefau-Haitama (Toahotu), Potii (Vairao) et Ahototeina (Teahupo'o).

Rédigé par Anne-Laure Guffroy et Garance Colbert le Lundi 6 Mars 2023 à 19:41 | Lu 1708 fois