Marathon Unesco aux Marquises, la suite


Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco, les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle (VUE).
Ua Pou, le 2 juin 2022 - C’est lors d’une allocution bilingue sous forme de réunion intimiste que Benjamin Teikitutoua, ambassadeur désigné pour Ua Pou, a donné le top départ pour la dernière ligne droite qui mènera ou non l’archipel des Marquises sur le podium des bons éléments ayant droit au label de l'Unesco, Saint-Graal du tourisme mondial.
 
L’archipel des Marquises verra peut-être aboutir mi-2024 le rêve de feu Lucien Kimitete qui avait commencé à s’intéresser au dossier de son inscription au patrimoine mondial de l'Unesco au début des années 1990, peu avant sa disparition.
 
Actuellement, la population est consultée et informée sur la suite du processus. En ce qui concerne Ua Pou, des attributs culturels et naturels seraient retenus. Une réunion d'information s'est tenue mercredi, animée par l'ambassadeur désigné pour l'île Benjamin Teikitutoua. Pour commencer, il s’est attelé à expliquer la notion de valeur universelle exceptionnelle (VUE), qui concerne notamment le site culturel en équerre du Tohua Koika (site sacré de célébration) de Mauia dans la vallée de la pierre fleurie, Hohoi ; la composition basaltique des pics de l’île qui les différencie donc des pains de sucre du Brésil, composés de granit ; ou encore le milieu marin exceptionnel qui entoure les îles de l’archipel le plus éloigné de tout continent.
 
Les personnes présentes ont pu exprimer leurs craintes et exposer leurs interrogations, notamment sur la question épineuse de la gestion des terrains privés en indivision mais aussi sur la crainte de se retrouver spoliés de ceux-ci. Ces sessions de rencontre avec la population se veulent rassurantes, l’ambassadeur a pu donner quelques exemples comme ceux des sites de Rapa Nui, du Taj Mahal ou encore celui de Taputapuātea.
 
Les implications après l'inscription
 
D’ici le dépôt de dossier en juin 2024 par le président de la République, Emmanuel Macron qui, comme le rappelle volontiers Benjamin, avait promis l’accession des îles Marquises à la liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco lors de sa visite en 2021, il reste encore quelques étapes à passer.

L’ambassadeur de Ua Pou a souligné le lien entre l’impact promotionnel de l’obtention de ce label et la capacité d’accueil des structures –considérées en besoin de développement– présentes sur l’île. Mais également l’importance de la préservation de cet environnement exceptionnel afin de pouvoir conserver le label une fois obtenu. L’exemple du port de Liverpool récemment déclassé a été cité pour rafraichir les mémoires sur les responsabilités qu’engendrent une telle classification.
 
Le problème des chèvres
 
L’importante problématique des chèvres en semi-liberté sur une grande partie de l’île est une autre question épineuse qu’il est important de soulever puisque celles-ci sont une menace directe sur la biodiversité de l’île par rapport à sa flore endémique, également listée dans le dossier. Là encore, la collaboration de la population est demandée afin de trouver une solution pour limiter les ravages de leur bétail.
 
“C’est une chance que la forêt humide et la forêt des fougères [nldr dans les hauteurs de l’île] soient encore intactes, il faut agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard”, rappelle Benjamin en citant également l’exemple de l’île voisine de Ua Huka qui était dans une situation similaire et qui aurait pris les devants pour limiter les dégâts en délimitant les zones autorisées pour les chèvres.
 
D'autres réunions publiques devraient être organisées d’ici la fin du mois de juin pour permettre la rencontre entre la société porte-parole de l’Unesco et la population de l’île.

En bleu foncé, les zones de Ua Pou concernées par le classement au patrimoine mondial de l'Unesco.

Les prochaines échéances du dossier d'inscription à l'Unesco ont été présentées.

Rédigé par Eve Delahaut le Jeudi 2 Juin 2022 à 17:51 | Lu 1085 fois