Marama Nui pose sa nouvelle turbine écolo


La turbine VLH de 30 tonnes a dû être soulevée par une grue 80 tonnes pour intégrer délicatement le génie civil construit pour elle. D'ici deux semaines, elle alimentera 150 foyers en électricité non polluante.
PAPENOO, le 28 aout 2017 - Ce lundi 28 aout dans la vallée de la Papenoo, Marama Nui a procédé à la pose de sa nouvelle turbine VLH, dans le cadre du projet Hydro Max. L'innovation : avec une toute petite chute de quatre mètres de haut et sans perturber l'environnement, cette technologie alimentera entre 150 et 200 foyers en électricité verte.

C'est sous un temps pluvieux que la nouvelle turbine VLH de Marama Nui a été installée ce lundi matin, sur le site de la centrale Papenoo 1. Un appareil en métal de 30 tonnes a été délicatement placé par une grue dans son berceau de béton. Un investissement à 105 millions de francs qui aura nécessité deux ans de préparations, de négociations avec le Pays et de travaux afin d'augmenter – légèrement – la capacité des ouvrages hydroélectriques de la vallée. Comme l'explique l'ingénieure en charge de ce projet, (voir interview), l'énergie propre qui sera générée ici représentera la consommation de 150 à 200 foyers polynésiens par an.

Après l'avoir descendu, il a fallut faire basculer la turbine pour la caler
Sébastien Darnon, chef de service de production hydroélectrique de l'ensemble de l'île de Tahiti, nous explique que la pose de cette turbine i"s'inscrit dans le cadre plus global [du projet Hydro Max, visant à améliorer la production des ouvrages hydroélectriques existants. La première étape a été la pose d'une nouvelle conduite forcée à Titaviri 1, pour 150 millions de francs, terminé le 30 juin. Ca a fait passer la capacité de production maximale de la centrale de 2 à 3 mégawattheures, ce qui alimente 400 foyers en hydroélectricité. Il y a donc cette turbine VLH, et l'étape suivante sera en fin d'année à la centrale Maroto pour 80 millions de francs supplémentaires. Ce ne sont pas des projets où Marama Nui va gagner beaucoup d'argent, mais ça permet de faire plus d'énergies renouvelables et de faire travailler des gens. Là sur cette turbine VLH, nous avons dépensé 50 millions de francs pour les sous-traitants locaux."]i

La vallée de la Papenoo devient donc une belle vitrine pour cette technologie française commercialisée depuis 2010 seulement. Une nouvelle technologie qui fait des émules partout dans le monde avec déjà 80 turbines installées. Mais au niveau local si ce projet et les autres initiatives de Hydro Max permettent d'augmenter la production d'énergies vertes au Fenua, c'est encore loin d'être suffisant pour atteindre l'objectif officiel du gouvernement d'arriver à 50% d'énergies renouvelables d'ici 2020…


Rébecca Wong Fat-Derval, responsable du projet

"Un petit projet peut être aussi intéressant qu'un grand barrage !"

Quel a été ton rôle dans ce projet ?
"Je me suis occupée de toute la partie design, génie civil, et là je supervise l'assemblage. Ça fait deux bonnes années que je suis sur ce projet, donc je serai satisfaite à la fin de la semaine, quand le projet sera bien posé et en route ! D'ici deux semaines il devrait injecter de l'électricité sur le réseau.
Cette turbine Very Low Head aura une puissance de 284 kilowatts installés, pour une production annuelle de 650 000 kWh, soit l'équivalent de l'alimentation de 150 à 200 fare en fonction de la pluviométrie. L'intérêt est de profiter d'infrastructures existantes. Nous avions ici un canal de fuite avec un dénivelé de 4 mètres, une petite hauteur de chute qui ne peut être exploité que par la VLH."

Cette turbine serait respectueuse de l'environnement ?
"Tout à fait, cette turbine est ichtyophile, donc elle aime les animaux. Les pales circulent très lentement, ce qui permet aux anguilles et aux poissons de passer à travers sans danger. Elle est complétement immergée, donc elle s'intègre au paysage, et elle est complètement silencieuse."

Que s'est-il passé cette semaine ?
"Donc la semaine dernière le turbinier MJ2 Technologies, qui nous a vendu cette turbine, a procédé à l'assemblage de la machine, car elle est arrivée en morceaux. Et cette semaine c'est la phase la plus délicate, qui est la mise en place de la turbine au sein de son génie civil avec la grue de 80 tonnes. Tout a été construit par des entreprises locales selon les spécificités du turbinier pour que l'assemblage soit conforme. Après, ça restera en place toute la vie ! Même si on peut la bouger pour les maintenances et réparations."

Est-ce intéressant de consacrer de l'énergie à ces petits projets au lieu d'avancer sur les grands barrages ?
"Un petit projet peut être aussi intéressant qu'un grand barrage ! En tous cas ils causent également des soucis (rire). En fait, pour des raisons pratiques comme financières, c'est bien plus facile de rajouter une turbine de ce type sur une installation existante, alors que la création d'un nouveau barrage demande de très longues années de préparation administrative, foncière, financière, etc."

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 28 Aout 2017 à 17:58 | Lu 2689 fois