Manu relâche deux pétrels de Tahiti et recueille un pétrel géant


Un pétrel retrouve la liberté
PAPEETE, le 25 août 2014 - Les pétrels sont des oiseaux vivants presque exclusivement en mer. Ils se retrouvent à terre pour se reproduire, ou quand ils sont amenés à l’association Manu après un problème en mer ou lors de leur premier envol. Deux d’entre eux ont ainsi été relâchés par l’association de protection des oiseaux ce dimanche. Il reste encore un pétrel géant, espèce très rare dans nos eaux, qui doit être soigné par les volontaires de Manu.

L’association Société Ornithologique de Polynésie SOP-Manu a rassemblé ses volontaires et adhérents ce dimanche à Mahina pour plusieurs événements. Déjà, une journée de formation du réseau de sauvetage d’oiseaux de la SOP était organisée pour les nouveaux volontaires. Ensuite, c’était l’occasion de relâcher deux pétrels de Tahiti récupérés et soignés par ce même réseau dans la semaine précédente. Enfin, les membres ont pu admirer le dernier animal amené à l’association : un pétrel géant trouvé en mer, presque à bout de forces, par un thonier.


Les pétrels de Tahiti attirés par les lumières de la ville

Le président de l’association Manu, Philippe Raust, explique que les pétrels de Tahiti, dits « noha », sont présents dans nos îles depuis des millions d’années. Ils nichent à 2000 mètres d’altitude dans les montagnes et arrivés à maturité ils s’élancent vers le ciel de nuit, sautant de leur falaise pour se diriger vers la mer où ils passeront deux à trois ans sans revenir à terre.

Le problème apporté par la civilisation est la lumière artificielle, qui attire ces oiseaux : « malheureusement ce premier voyage ne se passe pas toujours très bien. Ils sont attirés par les lumières artificielles et descendent vers le sol. Mais une fois sur le béton, ils ne peuvent plus redécoller par eux-mêmes à cause du manque d’arbres naturels où ils grimpent normalement pour reprendre de la hauteur. Si quelqu’un en recueille un, il peut le relâcher lui-même à condition qu’il ne présente aucune blessure. Il lui faut simplement venir en bord de mer, avoir un espace suffisamment dégagé devant soi avec un peu de dénivellation pour les faire repartir en leur donnant un peu d’élan avec les mains. »

Justement, la famille tahitienne ayant trouvé et recueilli un des deux pétrels relâchés ce dimanche était là pour l’occasion, et c’est la belle-sœur qui a propulsé l’oiseau dans les airs pour lui rendre sa liberté. « C’est un grand moment d’émotion, c’est vraiment un bel oiseau », déclara-t-elle.

Un pétrel géant

Le pétrel géant, lui, est plus mal en point et surtout vient de beaucoup plus loin. Né probablement sur des îles subantarctiques au sud de la Nouvelle-Zélande, arrivé à maturité il a effectué une longue migration en mer pour pêcher dans les 40èmes rugissants. Son espèce ne s’aventure presque jamais dans nos contrées. À peine un par an sont aperçus en Polynésie, et de toute l’histoire de Manu, seuls 5 ont été recueillis. Celui-là a été probablement déporté au nord par le maaramu, puis a essayé de suivre un thonier avant d’être obligé de se poser en mer, peut-être à cause d’une tempête. Le problème : une fois amerri, il ne peut plus repartir et surtout ne peut plus pêcher.

« Quand on le regarde, on s’aperçoit tout de suite que c’est un jeune, et pas un adulte. Il ne doit guère avoir plus de six mois, malgré ses 1m70 d’envergure. Mais il ne semble pas être blessé, il est juste très fatigué. Il avale presque un kilo de poisson par jour ! Quand il aura récupéré et qu’il y aura suffisamment de vent nous le relâcherons, et là il décollera et ira très loin sans se fatiguer, car ce sont d’excellents planeurs » assure Philippe Raust.

Le pétrel géant se dégourdit les ailes
Numéro d’urgence pour l’aide aux pétrels, à appeler (la journée) si vous récupérez un de ces oiseaux : 87 22 27 99

L’association Manu
La SOP-Manu compte une centaine de membres, et surtout dispose d’un réseau de 60 volontaires répartis entre Tahiti, Moorea et Raiatea pour servir de relais lorsqu’un oiseau en détresse est trouvé par le public. L’année dernière, 180 oiseaux de mer ont été soignés et relâchés.


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 25 Aout 2014 à 12:53 | Lu 1152 fois