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Manœuvres « Tafakula » à Tonga : la France inaugure sa participation


Le capitaine Mollet et son bataillon lors de l’inauguration des manœuvres Tafakula à Tonga, jeudi 11 août 2011 (Source photo : Gouvernement du royaume de Tonga).
Le capitaine Mollet et son bataillon lors de l’inauguration des manœuvres Tafakula à Tonga, jeudi 11 août 2011 (Source photo : Gouvernement du royaume de Tonga).
NUKU’ALOFA, mardi 16 août 2011 (Flash d'Océanie) – Un bataillon d’une vingtaine de soldats du Régiment d’Infanterie Marine du Pacifique (RIMAP) participe depuis la fin de la semaine dernière, pour la première fois, aux manœuvres « Tafakula », qui jusqu’ici n’impliquaient que les forces américaines aux côtés de celles du pays hôte, le royaume de Tonga et ses TDS (Tonga Defence Services), rapporte le gouvernement tongien dans un communiqué mardi.
Dès début juillet 201, les préparatifs logistiques de cette opération, qui implique au total la participation de plus d’une centaine d’hommes (dont 72 US Marines basés à Hawaii), avaient fait l’objet d’une réunion tripartite à laquelle avaient participé les États Majors des trois pays impliqués, y compris l’attaché militaire français basé en Nouvelle-Calédonie (compétent pour Fidji et Tonga).
Les manœuvres « Tafakula » ont été lancées, sur une base annuelle, en 1985, avant que les États-Unis soient invités à s’y joindre à partir de 1991.
Jeudi 11 août 2011, en guise de coup d’envoi de ces manœuvres, qui devraient durer jusqu’au 26 août 2011, une cérémonie a eu lieu au camp militaire de Taliai, QG des TDS.
Au menu : passage en revue des troupes, lever de drapeaux et hymnes nationaux des trois pays en présence.
Expliquant l’invitation lancée à la France, le Lieutenant Solomon Sevelio, qui dirige l’exercice côté tongien, a rappelé qu’au plan militaire, les relations franco-tongiennes avaient toujours été étroites et que ce genre d’exercice, tout comme d’autres tenus à travers la région, participaient d’un souhait de renforcer la notion d’ « interopérabilité » entre forces du Pacifique.
Les exercices retenus cette année reprennent une nouvelle fois des scenarii régulièrement éprouvés à l’occasion d’autres manœuvres multinationales dans la grande région, à savoir des situations insurrectionnelles ou de troubles civils nécessitant une intervention en assistance à des populations locales ou l’exfiltration de nationaux étrangers.
La variante communément ajoutée à ce scénario est celle de la conjonction d’une catastrophe naturelle venant compliquer la situation.
L’an prochain, c’est à Hawaii que devrait revenir la tâche d’accueillir la prochaine édition de Tafakula.

Signature d’un accord militaire franco-tongien début 2010

En matière de coopération militaire bilatérale, fin février 2010, la France et le royaume de Tonga ont signé un accord bilatéral dit « SOFA » (Status Of Forces Agreement) régissant le statut des troupes de chaque pays lorsqu’elles se trouvent présentes dans l’autre.
Cet accord, essentiellement juridique, formalise une coopération militaire déjà existante entre les forces françaises (et en particulier celles basées en Nouvelle-Calédonie voisine, les FANC) et tongiennes.
Il a été signé dans la capitale Nuku’alofa par le Premier ministre tongien de l’époque, Fred Sevele, et l’Ambassadeur de France non-résident à Tonga (en poste à Fidji), à l’époque Michel Monnier.
Cette signature coïncidait avec la visite à Tonga du Général de brigade Olivier Tramond, qui commandait alors les FANC (accompagné du Chef de bataillon Loïc Davaillon, attaché de défense non-résident aux îles Fidji et Tonga) et d’une escale de routine du patrouilleur Vendémiaire, basé à Nouméa et qui effectuait au même moment une mission à Tonga, Tuvalu, Wallis et Nauru.
Le Général Tramond, au cours de son séjour de deux jours à Tonga (22 et 23 février 2010) avait notamment rencontré son homologue tongien, Commandant en Chef des Tonga Defence Service (TDS), le Général de Brigade Tau'aika ‘Uta'atu.
Au menu des discussions : le point sur l’aide civilo-militaire française apportée au secours des populations du Nord de Tonga touchées par le séisme et le tsunami du 30 septembre 2009, ainsi que les dommages occasionnés par le passage du cyclone René.

Dons de camions de l’armée française à Tonga en 2009

Fin mai 2009, les forces de défense du royaume de Tonga ont pris livraison de quinze camions provenant de l’armée française.
Ces quinze camions, reconditionnés par l’armée française, avaient été embarqués sur un cargo à Toulon et ont atteint le royaume océanien courant mai 2009.
Leur valeur a été estimée à quelque huit cent mille euros.

La coopération existante en matière de défense (échanges régulier de troupes, stages d’aguerrissements, manœuvres conjointes) a aussi été évoquée entre les deux commandants, dans la perspective de l’exercice multinational « Croix du Sud », qui se tenait en 2010 en Nouvelle-Calédonie, dans le Nord de son île principale, la Grande Terre.
Les TDS y avaient contribué à hauteur d’une section de l’armée de terre et d’un patrouilleur.
Le général français, lors de sa visite au royaume, avait aussi rencontré en audience le Roi de Tonga, George Tupou V.
Après la signature de l’accord « SOFA », le chef de l’exécutif tongien avait qualifié ce nouveau pacte avec la France de « nouvelle étape dans les relations diplomatiques anciennes entre Tonga et la France ».
En substance, cet accord permet juridiquement de considérer que lorsque les troupes d’une des deux nations signataires se trouvent sur le sol de l’autre partie, elles tombent automatiquement sous la juridiction du pays hôte.
Jusqu’ici, Tonga n’avait signé de tels accords qu’avec les États-Unis et le Koweït, en raison de déploiements militaires internationaux dans ces pays.

Manœuvres conjointes

En novembre 2009, dans le cadre de cette coopération militaire franco-tongienne florissante, les forces française basées en Nouvelle-Calédonie (FANC) on participé à Tonga à des manœuvres baptisées « Ceelo 2009 ».
Ces exercices consistaient, deux semaines durant, en des simulations de scenarii d’interventions en milieu parfois hostile, et en des exercices de tirs à balles réelles.
Côté français, un bataillon de 24 soldats des FANC et côté tongien, une trentaine de soldats du Tonga Defence Services (TDS, groupe paramilitaire faisant office d’armée).
Ce genre d’exercice s’est tenu à de nombreuses reprises cinq dernières années entre les FANC et les forces armées de petits pays insulaires océaniens voisins, souvent sur le sol de la Nouvelle-Calédonie, à l’occasion de stages « commandos ».
Les pays les plus souvent concernés, ces dernières années, ont été Fidji (mais pour cet archipel la coopération militaire est de nouveau suspendue depuis le coup d’État du 5 décembre 2006), la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Tonga et Vanuatu.
À plus grande échelle, des exercices grandeur nature (dont celui baptisé « Croix du Sud », qui a lieu tous les deux ans en Nouvelle-Calédonie) se déroulent aussi régulièrement entre les forces françaises en Nouvelle-Calédonie et celles d’Australie et de Nouvelle-Zélande.
Au titre de la coopération régionale et de la notion d’ « interopérabilité », ces manœuvres suivent un scénario simulant des interventions dans des États insulaires frappés soit de catastrophes naturelles, soit de violents troubles politiques, parfois les deux combinés, avec au menu l’exfiltration de ressortissants occidentaux.
Après le tsunami qui a tué près de 190 personnes le 30 septembre dernier à Tonga et aux Samoa (occidentales et américaines), les forces australiennes, néo-zélandaises et françaises, dans le cadre d’un accord « FRANZ » signé fin 1992, ont une nouvelle fois coordonné leurs moyens pour les déployer à Tonga (les Français dans la phase d’urgence, puis les australiens et Néo-zélandais) et à Samoa (Nouvelle-Zélande et Australie).
L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont envoyé, ces dernières semaines, d’importants moyens maritimes et aériens acheminant du matériel et des équipes afin d’organiser les secours à Tonga, mais aussi à Samoa.
À Tonga, dans les jours qui ont suivi la catastrophe, ce sont des moyens militaires et civils français, déployés depuis la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, d’abord destinés à Samoa, qui ont été redirigés en dernière minute vers Tonga, sous la direction de la Nouvelle-Zélande, ce pays assurant en l’occurrence le commandement du dispositif tripartite « FRANZ ».
Cet accord « FRANZ », signé fin 1992 entre la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, prévoit une coordination des moyens de secours humanitaires des armées de ces trois puissances régionales, en cas de catastrophes naturelles frappant les pays insulaires du Pacifique.

À Vanuatu : des fusils et de l’humanitaire

Dans l’archipel de Vanuatu, le plus proche de la Nouvelle-Calédonie, les FANC poursuivent également un mouvement de rapprochement avec les Vanuatu Mobile Force (VMF) locales : en novembre 2009, ce groupe paramilitaire océanien a entamé le processus de remplacement de son arsenal, dont l’armurerie sera désormais équipée non plus des anciens SLR (7.62 mm L1A1 « Self Loading Rifle », fusils automatiques longtemps utilisés -depuis la fin des années 1950- par les forces australiennes , notamment pendant la guerre du Vietnam, donnés aux VMF par l’Australie il y a plus de vingt cinq ans, juste après l’indépendance de cet archipel), mais de FAMAS français.
Le stock de 350 de ces armes, don des FANC, a été livré à l’occasion d’une visite sur place, qui coïncidait aussi avec une session de formation de soldats ni-Vanuatu, en Nouvelle-Calédonie pour les former au maniement correct de ces nouvelles armes.
Chaque année, par ailleurs, les FANC se déplacent en situation réelle dans l’archipel voisin, pour y mener des opérations à caractère humanitaire baptisées « Castor », le plus souvent pour construire, rénover ou agrandir des établissements scolaires (écoles primaires ou secondaires) ou sanitaires (dispensaires et hôpitaux) en milieu rural, notamment sur les îles d’Espiritu Santo, de Mallicolo et de Tanna.

pad

Rédigé par PAD le Mardi 16 Août 2011 à 03:44 | Lu 1138 fois